La vertu la plus nécessaire au salut
Le P. Cajetan Mary da Bergamo, OFM était un frère franciscain qui s’est fait connaître au XVIIIe siècle comme un théologien qui a produit des volumes d’écrits sur des sujets religieux. Il est surtout connu pour son livre L'humilité du cœur.
Le Christ nous demande spécifiquement d’imiter son Cœur dans son humilité et sa douceur. Ce n’est pas un hasard, car l’humilité est la reine des vertus et elle est absolument nécessaire pour notre acceptation de l’amour, des grâces et du salut de Dieu.
L’humilité ultime
L’humilité est une vertu qui appartient essentiellement au Christ, non seulement comme homme, mais surtout comme Dieu, parce qu’avec Dieu, être bon, saint et miséricordieux n’est pas vertu, mais nature ; Et l’humilité n’est qu’une vertu. Dieu ne peut pas s’élever au-dessus de ce qu’il est dans son être le plus élevé, ni augmenter sa grandeur vaste et infinie ; mais il peut s’humilier, comme il l’a fait pour s’humilier et s’abaisser. « Il s’est humilié, il s’est anéanti » (Ph 2, 7.8), se révélant à nous, par son humilité, comme le Seigneur de toutes les vertus, le vainqueur du monde, de la mort, de l’enfer et du péché.
Il n’y a pas de meilleur exemple d’humilité que celui du Fils unique de Dieu lorsque « le Verbe s’est fait chair ». Rien ne pourrait être plus sublime que les paroles de l’Évangile de saint Jean : « Au commencement était le Verbe ». Et il n’y a pas d’abaissement plus profond que celui qui suit : « Et le Verbe s’est fait chair. » Par cette union du Créateur avec la créature, le Plus haut a été uni au plus bas. Jésus-Christ a résumé toute sa doctrine céleste dans l’humilité, et avant de l’enseigner, c’était sa volonté de la pratiquer parfaitement lui-même. Comme le dit saint Augustin : « Il n’a pas voulu enseigner ce qu’il n’était pas lui-même, il n’a pas voulu commander ce qu’il n’a pas pratiqué lui-même. »
Nous devons vraiment l’imiter
Mais dans quel but a-t-il fait tout cela, si ce n’est pour que tous ses disciples apprennent l’humilité par l’exemple pratique ? Il est notre Maître, et nous sommes ses disciples ; mais quel profit tirons-nous de ses enseignements, qui sont pratiques et non théoriques ?
Comme il serait honteux pour quiconque, après avoir étudié pendant de longues années dans une école d’art ou de science, sous l’enseignement d’excellents maîtres, s’il restait encore absolument ignorant ! Ma honte est vraiment grande, parce que j’ai vécu tant d’années à l’école de Jésus-Christ, et pourtant je n’ai rien appris de cette sainte humilité qu’il cherchait si ardemment à m’enseigner. « Aie pitié de moi selon ta parole. Tu es bon, et dans ta bonté tu m’enseignes tes justifications. Donne-moi de l’intelligence, et j’apprendrai tes commandements. (Psaumes 118:58, 68, 73).
L’humilité est nécessaire au salut
Il y a une sorte d’humilité qui est du conseil et de la perfection, comme celle qui désire et cherche le mépris des autres ; mais il y a aussi une humilité qui est une nécessité et un précepte, sans laquelle, dit le Christ, nous ne pouvons pas entrer dans le royaume des cieux : « Tu n’entreras pas dans le royaume des cieux ». (Matthieu 18:3). Et cela consiste à ne pas s’estimer soi-même et à ne pas vouloir être estimé par les autres au-dessus de ce que l’on est réellement.
Personne ne peut nier cette vérité, que l’humilité est essentielle à tous ceux qui souhaitent être sauvés. « Nul n’atteint le royaume des cieux que par l’humilité », dit saint Augustin.
Comment pouvons-nous savoir si nous possédons l’humilité ?
Mais en pratique, je me demande quelle est cette humilité si nécessaire ? Quand on nous dit que la foi et l’espérance sont nécessaires, on nous l’explique aussi dans ce que nous devons croire et espérer. De même, quand on dit que l’humilité est nécessaire, en quoi doit consister sa pratique, sinon dans l’opinion la plus basse de nous-mêmes ?
C’est dans ce sens moral que l’humilité du cœur a été expliquée par les Pères de l’Église. Mais puis-je dire avec vérité que je possède cette humilité, que je reconnais comme nécessaire et obligatoire ? Quel soin ou quelle sollicitude est-ce que je manifeste pour l’acquérir ? Quand une vertu est de précepte [c’est-à-dire commandée], sa pratique l’est aussi, comme l’enseigne saint Thomas. C’est pourquoi, comme il y a une humilité qui est un précepte, " elle a sa règle dans l’esprit, c’est-à-dire qu’on ne doit pas s’estimer au-dessus de ce qu’on est réellement « .
Comment et quand est-ce que je pratique ses actes, en reconnaissant et en confessant mon indignité devant Dieu ? Voici la prière fréquente de saint Augustin : « Puissé-je te connaître ; puissé-je me connaître moi-même ! Et par cette prière, il demandait l’humilité, qui n’est autre chose qu’une vraie connaissance de Dieu et de soi-même. Confesser que Dieu est ce qu’Il est, le Tout-Puissant, « Grand est le Seigneur, et il est extrêmement digne de louange » (Psaumes 47:1), et déclarer que nous ne sommes que néant devant Lui : « Ma substance n’est rien devant Toi. » (Psaume 38:6) – c’est être humble.