LES VISIONS DE LA BIENHEUREUSE
CATHERINE DE MILAN

 


12 - L'entrée du Christ à Jérusalem le dimanche des Rameaux


 

La nuit précédant le dimanche des Rameaux, un ange du Seigneur emmena la bienheureuse Véronique dans la ville de Jérusalem dans une vision. Là, elle a vu le Christ assis sur un âne. Elle remarqua que les robes de ses disciples avaient été disposées sur le dos de l'animal, à la manière d'une selle. L'âne sur lequel montait Notre-Seigneur était entouré d'une suite considérable de disciples, dont la Sainte Vierge, sainte Marthe et sainte Marie-Madeleine, et beaucoup d'autres femmes fidèles. Une foule immense, composée non seulement de toute la population de la ville, mais aussi de nombreuses personnes d'autres pays, était rassemblée. Tous attendaient avec impatience l'entrée triomphale du Messie tant attendu, le Roi des rois prédit, venant dans la ville du temple, humble et monté sur un âne.

Mais Jésus lui-même montrait un aspect de profonde mélancolie, et des larmes coulaient doucement sur son visage. Hélas ! Dire. « Jérusalem, Jérusalem, si tu savais ce que je sais, toi aussi tu pleurerais. » La Très Sainte Mère du Christ pleurait aussi, son propre cœur étant touché d'une sympathie maternelle en voyant son Fils bien-aimé pleurer ainsi. Toutes les femmes qui accompagnaient le Christ, marchant en procession autour de l'âne qu'il montait, pleuraient et se lamentaient aussi, et surtout Marie-Madeleine, dont les larmes coulaient plus librement et plus abondamment que quiconque, en dehors de la Sainte Vierge elle-même.

L'ange qui accompagnait la bienheureuse Véronique lui fit alors remarquer que la grande foule ne manifestait pas tous les mêmes sentiments. Bien que tous aient été remplis d'intérêt à l'idée de voir l'entrée du Seigneur à Jérusalem, il y en avait qui se réjouissaient d'une jubilation exultante. Il s'agissait principalement d'étrangers, tels que les Grecs et les Romains, les Samaritains et les Galiléens. Mais il y en avait d'autres qui regardaient avec amertume et ressentiment, y compris les anciens juifs, les pharisiens, les sadducéens et les hérodiens.

Elle remarqua que c'étaient des garçons hébreux qui portaient des branches de divers arbres, y compris des oliviers et des palmiers, et jetaient leurs vêtements sur le sol devant le Seigneur. Ils s'écrièrent dans une joyeuse acclamation : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Véronique a témoigné que les branches des palmiers et des oliviers qu'on portait se courbaient spontanément au passage du Christ, comme en signe de vénération. Cependant, les branches des roseaux, contrairement aux autres branches, refusaient de le faire. Véronique remarqua aussi que la grande multitude de garçons qui agitaient des branches avaient tous à peu près le même âge, et il lui fut révélé qu'ils avaient tous douze ans. L'ange expliqua secrètement à Véronique la signification symbolique de tout cela.

Quand le Sauveur est arrivé sur la place devant le temple, il est descendu de son âne, assisté de ses disciples. Puis, se déplaçant vers un endroit élevé à l'intérieur du temple, il s'adressa à la foule avec des paroles ferventes de sagesse et d'espoir. À la fin de son discours, Jésus semblait fatigué et transpirait abondamment.

Immédiatement, Marthe, toujours diligente et attentive, comprit que le Christ n'avait pas consommé de nourriture ce jour-là, et que personne ne l'avait encore invité à prendre soin et repos chez eux. L'Esprit sembla la pousser avec force, et elle se précipita au milieu de la foule et invita le Seigneur, avec ses disciples les plus proches, à venir dans sa maison. Le Sauveur a accepté cette invitation avec grâce et reconnaissance. Marthe se précipita alors chez elle pour préparer un repas, ce qu'elle fit avec l'aide de sa servante, Marcella.

Entre-temps, l'ange du Seigneur qui était le compagnon de la bienheureuse Véronique lui a dit qu'elle devait revenir à ses sens normaux à ce moment-là. Et ainsi, sa vision s'est arrêtée. C'était alors le milieu de la journée du dimanche des Rameaux. On chanta la prière de midi, puis Véronique, avec les autres sœurs de son couvent, entra ensemble dans la salle à manger. Jusque-là, personne n'avait rien mangé, en raison des exigences de jeûne de ce jour-là. Véronique mangea légèrement, puis retourna dans sa chambre pour prier en privé.

De nouveau, elle fut prise dans une transe mystique, et sa vision continua. Cette fois, l'ange du Seigneur la conduisit à la maison de Marthe. Là, elle voit le Sauveur assis avec ses disciples. Le Seigneur bénissait la nourriture qui avait été placée devant eux. Sa Sainte Mère était également présente. Elle était assise à sa droite, suivie de Marie, la mère de Jacques, de Salomé et d'un certain nombre d'autres femmes pieuses. À sa gauche était assis l'apôtre saint Jean. Pendant ce temps, Marie-Madeleine était à ses pieds, écoutant attentivement ses paroles et contemplant son visage divin avec une contemplation ravie.

Véronique atteste que la nourriture servie était extrêmement fine et variée. Néanmoins, elle remarqua que la viande et les produits laitiers étaient totalement absents, conformément à la pratique de l'Église catholique pendant le Carême.

Marthe s'adressa à Jésus en disant : « Seigneur, ne te soucies-tu pas que ma sœur m'ait laissée pour faire tout mon service moi-même ? S'il te plaît, dis-lui de m'aider ! À cela, le Christ a répondu avec un visage heureux : « Marthe, Marthe, tu es inquiète et tu te préoccupes de beaucoup de choses ! Mais Marie a choisi la meilleure part, et on ne la lui enlèvera pas. »

Marthe a accueilli ces paroles du Seigneur avec beaucoup de bonheur et de sérénité, et elle s'est réjouie que sa sœur Marie ait reçu de Dieu ce don privilégié de la contemplation.

Quand le Christ eut terminé son repas, toutes les personnes présentes rendirent grâces à Dieu, sous la conduite du Sauveur. Le Sauveur s'adressa alors à Véronique et l'exhorta à raconter à ses consœurs tout ce dont elle avait été témoin dans cette vision. Elle remarqua aussi que ce n'était qu'après que Jésus eut terminé son repas que les autres disciples commencèrent à manger, à la seule exception de Jean, le disciple bien-aimé, qui avait mangé avec le Seigneur.

À SUIVRE ...