LES VISIONS DE LA BIENHEUREUSE
CATHERINE DE MILAN

 


13 - La Cène Finale - Ensemble de Jésus et de Marie


 

La nuit de la Cène du Seigneur, la bienheureuse Véronique fut prise dans une transe mystique et conduite par un ange à Béthanie, dans la maison de Marthe et de Marie-Madeleine. Là, elle vit une table dans une chambre haute, où étaient assis le Christ et la Sainte Vierge. Personne d'autre n'était présent, de sorte qu'ils pouvaient parler entre eux en toute intimité. Le divin Fils et la Sainte Mère parlèrent librement de la passion que le Christ allait subir. Jésus exhorta Marie à endurer avec patience toutes les grandes souffrances de l'âme et du cœur qu'il savait lui être réservées. Il l'a également avertie de ne pas tomber en proie au désespoir face à sa mort imminente.

« Car il est nécessaire que je sorte maintenant à Jérusalem, dit Jésus, pour y prendre mon dernier repas avec mes disciples, et pour y subir la mort sur la croix. »

En entendant ces paroles fatales, la Mère miséricordieuse poussa de profonds soupirs du fond de son cœur, et des larmes brûlantes jaillirent de ses yeux. Elle exhorta son fils à ne pas entreprendre ce voyage à Jérusalem. Mais le Christ lui exposa les anciens oracles des prophètes qui prédisaient l'inévitabilité et la nécessité du Messie unique de Dieu, et son devoir d'obéissance à la volonté du Père éternel. Il expliqua que c'était pour accomplir ce destin qu'Il était venu dans le monde, afin de sauver la race humaine du péché et de la damnation éternelle.

La bienheureuse Véronique a vu la sainte Mère de Dieu entendre attentivement ces paroles et les méditer profondément. Pourtant, bien que la Sainte Vierge comprenne toutes ces choses, l'anxiété maternelle et la compassion qu'elle ressentait semblaient la submerger, et elle s'effondra presque à terre. Mais le Christ était là pour la relever avec douceur et amour.

La Mère et le Fils passèrent toute la nuit en colloque privé, échangeant des paroles d'amour infini et de sagesse divine. Ils étaient si absorbés par leur conversation qu'aucun d'eux ne consomma de nourriture. À la fin de cet échange nocturne, Véronique vit Jésus et Marie se lever de table. Jésus s'agenouilla alors avec révérence devant Marie et lui demanda sa bénédiction maternelle pour l'épreuve qui l'attendait. Alors la Sainte Vierge s'agenouilla devant son Fils et lui demanda sa bénédiction, car elle savait que son Fils était vraiment Dieu lui-même. Avec des larmes d'amour, ils ont échangé des bénédictions de cette manière.

Après cela, Marie, avec un amour maternel naturel, l'exhorta à rester plus longtemps avec elle. « Mon fils, ne te sépare pas de moi ! » s'exclama-t-elle, sa voix retentissant d'une passion si douloureuse que tout le monde dans la maison pouvait l'entendre clairement. Marie-Madeleine s'y précipita aussitôt, enflammée du feu de l'amour, et demanda anxieusement à la Mère du Christ quelle était la cause de son exclamation plaintive et des larmes qu'elle versait en si grande profusion. La Sainte Vierge répondit : « Demandez cela à mon Fils ! Car il a résolu d'aller à Jérusalem, où il est certain qu'il subira les plus grandes souffrances et une mort terrible.

En entendant ces paroles, Marie-Madeleine se jeta aux pieds de Jésus. Avec des larmes de tendresse d'amour, elle l'implore : « Mon Maître, n'allez pas à Jérusalem, je vous en supplie ! Car tu connais bien tous les plans méchants et diaboliques que les autorités du temple ont ourdis contre toi. »

Mais à cela, le Christ a répondu avec fermeté : « Ne me demandez pas une chose pareille ! Car c'est le plan divin que je me rende dans la Ville Sainte en ce moment, et c'est là que je suis destiné à subir beaucoup de souffrances et la mort. »

La bienheureuse Véronique observa que Jésus resta un peu plus longtemps en présence des deux femmes, puis il s'en alla tranquillement. À ce moment-là, sa Mère s'adressa à Marie-Madeleine en disant : « Ô Marie-Madeleine, suis mon Fils ! Hâtez-vous de le suivre, et en mon propre nom, suppliez-le de revenir à moi ! » Et Marie-Madeleine fit exactement ce que la sainte Mère de Dieu lui avait ordonné, et ne tarda pas à transmettre à Jésus ces paroles de supplication maternelle. Mais Il ordonna à ce très dévoué de ses disciples de retourner rapidement auprès de sa Mère et de l'assurer solennellement que très bientôt il reviendrait en effet joyeux en sa présence dans un proche avenir, mais seulement après avoir accompli sa destinée divinement prédestinée de souffrir, de mourir et de ressusciter du tombeau, pour le salut de toute l'humanité.

Marie-Madeleine retourna auprès de la Vierge Marie et lui raconta tout ce que son Fils avait dit. La bienheureuse Véronique a témoigné qu'elle a été témoin de larmes et de lamentations d'une douleur et d'une angoisse presque indescriptibles qui devaient alors sortir de la part de la Mère du Christ et de sainte Marie-Madeleine. Bien qu'ils eussent tous deux une foi absolue dans la promesse des gloires de la résurrection, ils étaient cependant horrifiés à la pensée des agonies et de la honte que Jésus, qu'ils aimaient tous les deux tendrement, allait subir. Et donc, ils ont donné libre cours à tout le chagrin amer qu'ils partageaient à ce moment-là.

Véronique a également eu une vision du visage du Christ à ce moment-là. Elle remarqua qu'il était soudain imprégné d'une pâleur mortelle et qu'il avait une expression de crainte et de pressentiment humains authentiques qu'il n'avait jamais montrés devant ses disciples ou le public. En effet, il sembla presque devenir, l'espace d'un instant, le visage d'une toute autre personne...

À SUIVRE ...