LES VISIONS DE LA BIENHEUREUSE
CATHERINE DE MILAN

 


14 - La Cène


 

Après que la bienheureuse Véronique eut été témoin dans sa vision de ce dernier repas de Jésus et de Marie, et des événements qui l'avaient suivi, elle fut ensuite transportée par son ange compagnon à Jérusalem, au moment et au lieu de la dernière Cène du Seigneur avec ses disciples. Jésus était maintenant à Jérusalem, bien que ce ne fût qu'un instant auparavant (dans sa vision, du moins) que Véronique l'avait vu quitter la maison de sainte Marthe et de sainte Marie-Madeleine.

Véronique a d'abord vu le Christ s'adresser à ses disciples, leur disant : « Allez et organisez tout, afin que nous célébrions ensemble le repas pascal. En entrant dans la ville, vous rencontrerez un certain homme portant une jarre d'eau. Suivez-le dans n'importe quelle maison où il entre. Alors dis au maître de cette maison que le Maître lui a dit : 'Où est la chambre où je pourrai manger la Pâque avec mes disciplines ?' Il vous montrera ensuite une grande chambre haute. Préparez-y tout ce qui est nécessaire.

Véronique a attesté qu'elle a alors vu tout cela se produire, remarquant que la jarre d'eau que l'homme portait était d'une beauté exceptionnelle. Elle a vu les disciples tout préparer dans la chambre haute, puis le Christ les rejoindre pour consommer la Pâque. Tous les disciples avaient des regards de tristesse en entendant le Sauveur leur parler de beaucoup de choses nouvelles et déroutantes. Et bien qu'ils aient écouté attentivement, ils ne pouvaient pas comprendre grand-chose de ce qu'Il leur avait dit.

Après la fin du repas de la Pâque, Jésus se leva de table. Enlevant ses vêtements, il se revêtit de lin blanc. Versant de l'eau dans un bassin, il commença à laver les pieds de ses disciples, en les essuyant avec le linge dont il s'était revêtu.

Mais lorsqu'il fut arrivé auprès de Simon Pierre, Pierre lui dit : « Seigneur, vas-tu me laver les pieds ? » Et la conversation qui s'ensuivit fut exactement celle qui est racontée par l'évangéliste saint Jean.21 Après avoir lavé les pieds de chacun d'eux, Jésus baisa tendrement et humblement leurs pieds.

La bienheureuse Véronique a décrit la chambre haute dans laquelle s'est déroulée la dernière Cène comme étant extraordinairement belle et ornée. La table était rectangulaire et légèrement surélevée par rapport au sol. C'est sur le côté gauche de la chambre haute que se trouvaient le bassin et le linge avec lesquels le Sauveur a lavé les pieds de ses disciples.

Après que le lavement des pieds fut terminé, Jésus se revêtit de nouveau de ses vêtements réguliers. Puis il reprit sa place à la table où les disciples étaient assis. Il prit du pain, le bénit, le rompit et le donna à ses disciples en disant : « Prenez ceci, vous tous, et mangez-en. Ceci est mon corps. Puis, de la même manière, Il prit le calice en disant : Prenez ceci, vous tous, et buvez-en. Car ceci est le calice de mon sang, le sang de l'alliance nouvelle et éternelle ! »

Alors le Christ dit aux disciples rassemblés : « Amen, amen, je vous dis que l'un de vous me livrera ! » En entendant cela, les disciples échangèrent des regards les uns avec les autres d'une manière confuse et préoccupée. En effet, ils étaient tous stupéfaits, et beaucoup d'entre eux se mirent à verser des larmes en apprenant cet acte imminent de trahison perfide, que l'un des leurs devait commettre. La bienheureuse Véronique attesta qu'elle pouvait entendre chaque mot que le Sauveur prononçait à ce moment-là, ainsi que ce que les différents disciples disaient entre eux.

Après que Jésus eut fini de leur parler des mystères du Royaume de Dieu, chacun de ses disciples s'approcha de lui et l'embrassa. Avec ses disciples, le Christ est sorti de la chambre haute et est sorti dans la nuit.

La bienheureuse Véronique raconte comment l'ange du Seigneur qui l'accompagnait et la guidait l'a ensuite conduite dehors, suivant les traces du Sauveur. Jésus et ses disciples traversèrent le Cédron et arrivèrent à un endroit où il y avait un jardin et entrèrent dedans. Véronique y vit le Christ à genoux, dans une prière fervente, et aussi un ange du Seigneur qui révélait à Jésus une vision de la souffrance qui l'attendait.

Après que le Christ eut prié intensément environ trois fois, Judas arriva sur les lieux, accompagné d'une cohorte de gardes du temple. Jésus s'est levé promptement et sans crainte à leur rencontre. « Qui cherchez-vous ? » demanda-t-il à la foule armée. Ils répondirent : « Jésus le Nazaréen. » Notre Seigneur a répondu simplement : « Je suis Lui. » Ce dialogue a été répété trois fois.

C'est après cela que la cohorte arrêta le Christ, avec le tribun romain et les serviteurs des autorités du temple. Ils l'attachèrent avec une corde et l'emmenèrent.

Véronique atteste que cette arrestation du Seigneur fut en fait une terrible épreuve. Car les serviteurs du temple, les autorités se rassemblaient autour de lui, tournant comme des loups voraces autour d'un agneau innocent, affamé de sang. Jésus tomba à terre et ils le frappèrent à plusieurs reprises au visage avec leurs poings. Puis ils mirent une grande chaîne de fer autour de son cou, l'entraînant par là. Pendant tout ce temps, la foule méchante et diabolique l'insultait d'une haine diabolique. Ils le frappèrent aussi avec la poignée de leurs épées et lui lancèrent des pierres.

Cela a continué jusqu'à ce qu'ils atteignent la rivière Kidron. Là, ils le jetèrent dans les eaux tourbillonnantes, sans toutefois le libérer de la longue chaîne qui était attachée à son cou. Pendant tout ce temps, ils criaient avec des blasphèmes atroces et haineux, se moquant et insultant celui qu'ils savaient être le Fils de Dieu.

À SUIVRE ...