LES VISIONS DE LA BIENHEUREUSE
CATHERINE DE MILAN
5 La purification de la Sainte Vierge
En la solennité de la Purification de la Sainte Vierge, la bienheureuse Véronique fut prise dans l'extase mystique à deux reprises : la première la nuit avant le lever du soleil, et la seconde lors de la célébration de la Sainte Messe de la fête, après avoir reçu le Très Saint Sacrement.
Dans la première de ces extases, Véronique contempla des merveilles et des gloires célestes qui dépassaient de loin le pouvoir des mots humains de décrire ou de dépeindre. En réponse à un ordre du Dieu immortel, elle garda le silence à ce sujet, refusant d'essayer d'exprimer ce qui était inexprimable avec des mots humains.
La seconde des extases mystiques qu'elle éprouva ce jour-là devait durer plus de trois heures. Au cours de cette seconde vision, elle vit qu'elle était conduite dans l'ancien temple de Jérusalem par un ange. Ce temple était d'une beauté et d'une grandeur presque miraculeuses. Il y avait là un certain homme, très âgé, vêtu de robes d'une teinte sombre. Ensuite, elle vit sainte Marie et saint Joseph, ainsi que l'enfant Jésus, que sa Mère portait dans ses bras. Joseph portait avec lui une paire de tourterelles et deux jeunes pigeons, qu'ils déposèrent sur l'autel.
Ensuite, ils s'approchèrent du vieil homme pour lui présenter l'Enfant Divin. En voyant le saint enfant, le vieil homme fit trois fois s'agenouiller en adoration, puis prit l'enfant Jésus dans ses bras. Des larmes coulaient abondamment de ses yeux fatigués et son visage rayonnait d'une joie rayonnante lorsqu'il embrassait le Sauveur avec un amour et une dévotion infinis. Puis, levant les yeux au ciel, il s'écria : « Maintenant, ô Seigneur, tu peux renvoyer ton serviteur en paix, car mes yeux ont vu ton salut ! » À ce moment-là, l'ange parla à Véronique et lui dit que c'était Siméon, le prophète.
Siméon tint l'enfant Jésus dans ses bras pendant une longue période de temps, et il semblait très difficile pour Siméon d'être séparé de lui lorsqu'il rendait le saint enfant à sa mère. Il regarda le visage de Jésus, et il sembla à Véronique que le petit bébé lui communiquait des mystères profonds et la vérité céleste, par les sons et les gestes qu'il faisait. Lorsqu'il rendit enfin Jésus à la Sainte Vierge, il lui dit : « Hélas, une épée de douleur passera dans ton cœur à cause de cet enfant ! »
Une très vieille femme, que Véronique reconnut pour être Anne, se tenait également dans le temple. Soudain, poussée d'un esprit de prophétie, elle rendit louange et gloire à Dieu et prédit beaucoup de choses merveilleuses et touchantes concernant l'enfant Jésus.
Mais les paroles de Siméon, sur l'épée de la douleur qui devait passer dans son cœur, touchèrent évidemment Marie très profondément, car son visage était ombragé d'un regard de profonde mélancolie. Jésus lui-même, en apercevant la tristesse de sa Mère bien-aimée, parut soudain aussi attristé. Et à ce moment-là, son visage s'est transformé, car bien qu'il n'ait été qu'un enfant, son expression et son visage ont changé pour devenir ceux d'un homme d'ancienneté, comme quelqu'un qui avait existé pendant d'innombrables siècles et qui avait perçu et compris la nature humaine jusqu'au plus profond d'elle-même. Et chaque fois que Véronique revoyait le visage de Jésus, elle se rendait compte qu'il y avait toujours un regard de compassion infinie et de gravité profonde, jaillissant de sa conscience profonde et complète des souffrances des autres.
À ce moment-là, la vision de Véronique a pris fin et elle est revenue à une conscience normale.
À SUIVRE ...