Pourquoi le Christ dit-il que le Saint-Esprit
'rendra témoignage de moi' ?

 

P. Henry James Coleridge S.J.

Le Christ n’a pas répondu à la haine par la vengeance, mais en envoyant l’Esprit de Vérité, afin que les Apôtres puissent témoigner de sa mission divine.

P. Henry James Coleridge S.J.

Notes de l’éditeur 

Dans cette partie,le P. Coleridge nous dit... 

  • Comment le Christ promet un double témoignage : celui de l’Esprit Saint et celui des Apôtres eux-mêmes. 
  • Que ce témoignage découle de l’amour, et non de la vengeance, même après sa passion et le rejet d’Israël. 
  • Pourquoi la venue de l’Esprit est présentée comme le fruit de la Passion et un moyen de miséricorde permanente. 

Il nous montre que le témoignage de l’Église n’est pas seulement humain ou divin, mais les deux, inséparable et perpétuel. 

 


 

La promesse du Paraclet 

 

« Mais quand viendra le Paraclet, que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi, et vous rendrez témoignage, parce que vous avez été avec moi dès le commencement. » 

Comme le discours de Notre-Seigneur après ces paroles revient sur le sujet des mauvais traitements infligés aux Apôtres par les Juifs, il semble parfois difficile de comprendre comment cette clause se rattache à ce qui la précède et à ce qui la suit. 

Car le Seigneur, après quelques paroles sur les souffrances des Apôtres, semble revenir à la Mission du Paraclet. La connexion semble être quelque chose de ce genre. On aurait pu penser qu’après les plaintes contre les Juifs pour leur haine sans cause contre lui, Notre-Seigneur les aurait laissés, pour ainsi dire, à eux-mêmes, sauf peut-être pour parler des grands jugements qu’ils devaient s’attirer eux-mêmes. 

Pas pour se venger 

Comme on l’a dit, il y a beaucoup de versets dans le Psaume qu’il a cités qui auraient pu servir à une déclaration forte sur ce point. 

Mais nous savons que dans le Cœur de notre Seigneur béni il y avait des pensées non pas de vengeance mais de miséricorde, s’élevant de plus en plus haut à mesure que les flots de leur ingratitude et de leur méchanceté montaient de plus en plus. Il comptait avec amour toutes les souffrances de la journée qui devait se lever dans quelques heures, souffrances qui devaient être intensifiées par l’ingratitude et la haine dont il avait parlé. 

Mais de tout cela, il ne dit pas un mot aux apôtres maintenant. Toute la malignité déployée dans la Passion n’a fait que tirer de Lui de plus grandes manifestations de l’amour le plus tendre. Au lieu de laisser les Juifs à eux-mêmes, ou d’envoyer immédiatement les armées qui devaient extirper leur nom parmi les nations, il offrit tout ce qu’il souffrait pour leur rédemption, et pria pour eux sur la croix. 

Puis Il a envoyé le Saint-Esprit, le Paraclet promis, aux Apôtres et à l’Église, pour eux, et par le témoignage du Paraclet à Lui, auquel devait se joindre, comme Il le dit, le témoignage des Apôtres eux-mêmes, Il leur a donné une occasion nouvelle et très fructueuse d’apprendre Qui Il était vraiment, et d’avoir leur part dans le salut qui avait été opéré pour le monde entier sur la Croix. C’est donc ce qu’il dit d’abord, comme pour montrer combien peu leur ingratitude lui avait fait oublier qu’ils étaient de sa propre famille. 

Notre Seigneur passe donc, comme nous le voyons, sous silence tout ce qui doit se passer entre la persécution et le rejet de lui-même, même les outrages amers de la Passion et la mission du Paraclet, et continue à parler tranquillement de ce qu’il devait faire pour la délivrance du peuple ingrat après que sa méchanceté suprême ait été accomplie. 

 

Il rendra témoignage 

« Mais quand viendra le Paraclet que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi, et vous aussi vous rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi dès le commencement. » 

Il leur a déjà parlé du Paraclet, qu’Il avait appelé un autre Paraclet, qui est un consolateur et un fortifiant comme lui, et qui devait prendre sa place. Puis Il avait dit qu’Il demanderait au Père, qui, à sa prière, leur enverrait un autre Paraclet, car Il était Lui-même le Don du Père pour eux. Et il ajouta ensuite que cet autre Paraclet devait demeurer avec eux pour toujours, et suppléer ainsi à son propre retrait visible. 

On disait alors que le Paraclet avait été donné à la prière de Notre-Seigneur, car c’étaient les mérites des souffrances de l’humanité sacrée qui donnaient de l’efficacité à cette prière et gagnaient ce grand bienfait. Mais comme Notre-Seigneur est Un avec le Père dans la possession de la Nature et de la Substance divines, Il dit ici qu’Il enverra le Paraclet, qui procède du Père et de Lui par une seule Spiration, et qui est dit être envoyé par le Père et le Fils dont Il procède, pour produire les effets qui résultent de Sa présence avec les créatures. 

Il dit qu’il enverra le Saint-Esprit du Père vers eux, car il a déjà dit que le Père donnerait ou enverrait le Paraclet, et qu’il pourrait n’y avoir aucune diversité apparente dans les déclarations, comme s’il avait dit qu’il l’enverrait sans parler du Père. 

Car le Fils envoie le Paraclet d’auprès du Père, parce qu’il tient du Père l’essence divine en raison de laquelle il peut l’envoyer. On dit que le Père envoie le Paraclet de lui-même, parce qu’il ne procède lui-même d’aucune autre personne divine. Le Fils l’envoie avec le Père, et par une seule et même Mission, parce qu’il procède du Père, de qui il tient l’essence divine. 

 

L’Esprit de Vérité 

Notre Seigneur parle ensuite du Paraclet promis comme de l’Esprit de Vérité. Il est l’Esprit de Vérité à plus d’un titre. Il ne peut pas ignorer une vérité ou enseigner autre chose que la vérité parfaite, car il connaît Dieu et tout ce que Dieu sait, ayant toute l’essence divine qui lui est communiquée par le Père, de qui, avec et par le Fils, il procède. Le sujet de ce discours est le témoignage que le Saint-Esprit doit rendre, et c’est pourquoi nous pouvons appeler cela le sens principal des paroles sur l’Esprit de Vérité. Il est aussi l’Esprit de Vérité, en ce sens que Son office est de mettre au clair les figures obscures et les promesses de l’Ancienne Loi. 

Notre Seigneur dit qu’Il procède du Père, sans ajouter qu’Il procède du Fils, afin d’éviter de répéter Ses propres paroles. Car il a déjà dit qu’il leur enverra le Paraclet de la part du Père, et quand on dit qu’une personne divine est envoyée par une autre, cela signifie que celui qui est envoyé procède de celui qui envoie. La vérité de la procession de l’Esprit Saint à partir du Fils avait donc été suffisamment énoncée, mais il était nécessaire d’affirmer celle de sa procession à partir du Père, de peur qu’elle ne paraisse laissée de côté, et qu’il n’y eût dans les siècles ultérieurs des hérétiques qui l’appelleraient l’Esprit du Fils et non celui du Père. 

 

Comment il a témoigné à Notre-Seigneur 

« Il rendra témoignage de moi. » 

Notre Seigneur parle ici de la mission du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte, qui, comme il le leur dit bientôt, devait être le fruit et la récompense de son propre départ. Par son départ, il semble signifier la passion et la mort elles-mêmes qu’il devait subir, puis l’Ascension et le fait de s’asseoir à la droite du Père, qui étaient l’exaltation ineffable qui devait être acquise par sa passion et sa mort. 

La mission de l’Esprit Saint devait être à la fois extérieure et visible, et aussi intérieure et invisible, se manifestant par les effets merveilleux qu’elle produisait dans le cœur et dans la vie des hommes. On l’a vu extérieurement dans les flammes de feu qui se sont posées sur les apôtres et sur d’autres personnes à l’arrivée du Paraclet, et dans d’autres manifestations surnaturelles du même genre, et elle était aussi intérieure, prouvée par les grâces spirituelles qui ont coulé si abondamment sur les enfants de l’Église. 

Toutes ces choses ont été autant de témoignages de Notre-Seigneur, et surtout de la grande vérité de tout, la vérité de Sa Mission en tant que Messie, Fils de Dieu. Il ne décrit pas ces multiples rubriques sous lesquelles pourrait se résumer ce témoignage divin de la vérité de sa mission, car il parle ici de façon très concise, et sur un sujet dont les Apôtres et l'Église après eux devaient posséder d'abondantes preuves. 

Il en est de même pour les Apôtres 

Il ajoute cependant qu’il devait y avoir un autre témoignage pour lui que celui de l’Esprit Saint, le témoignage des apôtres eux-mêmes. 

« Et toi aussi, tu rendras témoignage, parce que tu es avec moi dès le commencement. » 

De même que le témoignage de Notre-Seigneur lui-même, comme il le dit dans le passage récemment cité, était un témoignage, et que le témoignage du Père à lui par les miracles en était un autre, de même le témoignage des apôtres et de l’Église visible doit être distingué dans tous les siècles de celui du Saint-Esprit, bien qu’il ne puisse y avoir de doute que ce témoignage est inspiré et guidé par lui. 

C’est ainsi que, dans son discours devant le Sanhédrin, après le premier miracle apostolique, la guérison de l’homme impotent à la Belle Porte, saint Pierre, après avoir parlé de la Résurrection de Notre-Seigneur, de son Ascension et de Sa Séance à la droite du Père, dit : « Nous sommes témoins de ces choses, et du Saint-Esprit, que Dieu a donné à tous ceux qui lui obéissent, » signifiant en partie le témoignage invisible du Saint-Esprit et en partie ses manifestations visibles. 

Ils ont rendu témoignage, parce que, ayant été avec lui dès le commencement, leur témoignage de sa résurrection était le meilleur qu’il était possible de concevoir. Nous trouvons cette condition d’avoir « accompagné avec nous tout le temps où le Seigneur Jésus est entré et sorti parmi nous, depuis le baptême de Jean jusqu’au jour où il a été enlevé du milieu de nous », assignée par saint Pierre comme la qualification de celui des fidèles qui devait être élu à la place de Judas comme témoin de la Résurrection.1 

Dans son discours du jour de la Pentecôte, saint Pierre explique d’abord à la foule que les prodiges qu’ils ont vus étaient le témoignage visible de l’Esprit Saint, selon la prophétie de Joël, qu’il cite longuement, et il ajoute le témoignage personnel du groupe apostolique au fait de la résurrection de notre Seigneur. 

 

Le double témoignage dans le Nouveau Testament 

La même insistance sur le double témoignage se retrouve dans tout le Nouveau Testament, le témoignage du Saint-Esprit et des témoins humains, dont le témoignage est continu à plus d’un titre. Les Saintes Écritures du Nouveau Testament sont le témoignage de leurs auteurs humains, aussi bien que de leur auteur divin, comme le dit saint Jean, dans le début de son épître, dont il a été question plus d’une fois ici. 

Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, de la Parole de vie, car la Vie a été manifestée, et nous l’avons vue, nous rendons témoignage, et nous vous annonçons la Vie éternelle qui était avec le Père, et il nous est apparu, ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous, et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ.

Et outre le témoignage humain de l’Écriture, et de la tradition, qui est humaine et divine comme l’Écriture, et la Parole non écrite de Dieu, il y a ici préfiguré par notre Seigneur le témoignage officiel perpétuel de l’Église jusqu’à la fin des temps, comme une partie régulière de la dispensation qu’Il devait introduire. 

C’est ainsi que notre Seigneur béni résume, en ces quelques mots, toute l’histoire de l’avenir, comme on peut le dire, jusqu’à sa seconde venue, l’Église le représentant et portant son nom, commissionnée de son message et assurée par sa puissance, le monde traitant l’Église comme il l’avait traité, et pour la même raison, son ignorance de Dieu et de son Fils incarné envoyé sur la terre pour racheter l’humanité, l’Église s’est distinguée par ses notes d’unité et de charité, dans lesquelles se résume deux caractéristiques de tout son système : l’Esprit Saint demeurant en elle et avec elle, et témoignant en elle et à travers elle de la vérité de sa mission et de l’autorité divine de son royaume.