Pourquoi l’humilité est nécessaire même sur le plan naturel
Lors d’un repas du sabbat dans la maison d’un pharisien, le Christ explique pourquoi toute personne ayant un peu de respect de soi doit s’efforcer d’être humble, sinon elle a l’air complètement stupide.
P. Henry James Coleridge S.J.
Notes de l’éditeur
Dans cette partie, le P. Coleridge nous dit...
Il nous montre aussi un côté presque ludique de Notre-Seigneur, et suggère ce que le détail de cet extrait de l’Évangile révèle sur la source de saint Luc.
Notre Seigneur dans la maison du pharisien
Parabole aux invités
« De nouveau, il raconta aussi une parabole à ceux qui étaient invités, indiquant comment ils choisissaient les premières places à table, leur disant : Quand tu seras invité à une noce, ne t’assieds pas d’abord, de peur qu’il n’y en ait un de plus honorable que toi, et que celui qui t’a invité et lui ne vienne te dire : Donne à cet homme la place, et alors tu commences avec honte à prendre la place la plus basse. Mais quand tu es invité, va t’asseoir à la dernière place, afin que, lorsque celui qui t’invite, vienne te dire : Ami, monte plus haut. »
« Alors tu auras de la gloire devant ceux qui sont à table avec toi. Parce que quiconque s’élève lui-même sera humilié, et celui qui s’abaisse sera élevé. »
Il semblerait que l’occasion était une occasion où il y avait un certain nombre d’invités, principalement, nous pouvons le supposer, des pharisiens comme l’hôte. Il leur était laissé de choisir eux-mêmes leurs places à table, et Notre-Seigneur les observait à mesure qu’ils entrent, prenant ce qui semblait être les meilleures places. La parabole, telle que la cite saint Luc, était une douce réprimande de cette manière d’agir, à cause de sa folie. Il montrait une certaine dose d’orgueil et d’égoïsme, et était un indice des qualités intérieures du cœur qui pouvaient exposer les hommes à de grands dangers.
Car on pourrait considérer que cela montrerait que de telles personnes se mettraient en avant pour l’honneur et la distinction dans d’autres affaires plus importantes, en ambitionnant et en saisissant des positions pour lesquelles elles étaient inaptes, et dans lesquelles elles pourraient se faire beaucoup de mal à elles-mêmes et aux autres, et encourir ainsi une grande honte. Ce que notre Seigneur fait remarquer, c’est que c’est la règle providentielle du gouvernement ordinaire des affaires humaines que ceux qui s’élèvent eux-mêmes soient humiliés et que ceux qui s’abaissent soient exaltés.
Cette règle, il l’illustre par ce qui peut arriver à l’occasion d’un grand banquet, tel qu’un festin de noces, où l’hôte ne laisserait pas les places de la table non attribuées, de sorte que si les meilleures places étaient occupées au hasard par les premiers venus, ceux qui s’étaient ainsi assis les premiers pourraient avoir à subir l’humiliation publique d’être envoyés jusqu’à la dernière place de la table. Ce n’était pas une fête de noces, mais le mauvais désir de l’auto-exaltation s’est manifesté dans la conduite de ceux à qui notre Seigneur a parlé, les réprimandant indirectement pour leur démonstration d’égoïsme, et mettant son enseignement sur le terrain d’une simple impolitique, ce qui rendait la réprimande moins sévère.
Telle fut l’aumône spirituelle que Notre-Seigneur donna alors à ces invités, contenant une doctrine beaucoup plus profonde et plus importante qu’ils ne le soupçonnaient. Car c’est vraiment la voie de Dieu, dans sa Providence, d’humilier constamment ceux qui s’élèvent eux-mêmes, et d’exalter ceux qui s’humilient, frappant ceux qui se vantent et s’enorgueillissent, même lorsqu’ils ont des raisons de croire en la stabilité de leur position.
C’est ainsi que les hommes prudents et réfléchis s’alarment à la fois pour leurs amis, quand ils voient en eux quelque chose d’orgueil et d’arrogance, parce qu’ils s’attendent à ce que la Providence les humilie aux yeux du monde. Car c’est une partie de la règle de Dieu de garder les hommes en vie face au danger de l’auto-exaltation, et la manière dont cet objectif divin est accompli varie en effet de temps en temps, et pourtant l’objectif est inévitablement atteint.
C’est ainsi que Dieu n’a pas frappé le méchant roi Hérode, dont nous lisons dans les Actes, bien qu’il ait tué un apôtre et en ait emprisonné un autre dans l’intention de le faire mourir, jusqu’à ce qu’il ait écouté avec complaisance les paroles de ses flatteurs, qui disaient : « C’est la voix d’un Dieu et non d’un homme. » Toute l’histoire est pleine d’exemples de la même règle, ce qui était reconnu même par les païens, comme nous le voyons chez des poètes comme Eschyle.
Mais notre Seigneur avait dans son esprit un sens plus profond pour sa parabole. Car il pensait au royaume spirituel de Dieu, dans lequel cette loi de l’exaltation de ceux qui s’humilient et de l’humiliation de ceux qui s’élèvent est invariable, dans lequel les plus hautes grâces sont gagnées à la condition de l’abaissement de soi-même, et les plus grandes chutes et ruines assurées par l’exaltation et l’orgueil.
Conseils à l’hôte
Ayant ainsi nourri les âmes des invités, Notre-Seigneur ajouta un conseil spécial à l’hôte qui les recevait. Il ne lui reprocha pas de se divertir, mais, de la même manière douce et presque enjouée, il suggéra une règle de conduite divine qui lui serait certainement d’un immense bienfait. Cela élèverait sa pensée vers les intérêts célestes, qu’il n’avait peut-être jamais songé à faire avancer dans la voie suggérée maintenant par Notre-Seigneur. Cela lui ferait envisager l’emploi de tous les moyens qu’il pourrait posséder d’une manière qui serait un plus grand exercice de charité, et qui s’assurerait ainsi une récompense dans l’autre monde plutôt que dans celui-ci.
« Et il dit aussi à celui qui l’avait invité : Quand tu feras un dîner ou un souper, n’appelle ni tes amis, ni tes parents, ni tes voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent de nouveau et qu’on ne te rende justice. Mais quand tu feras un festin, appelle les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles, et tu seras béni, parce qu’ils n’ont pas de quoi te rendre réparation, car on te rendra la récompense à la résurrection des justes. »
Divertir les pauvres
Ce qu’il ne s’agit pas, ce n’est pas qu’il ne doit pas y avoir de divertissements entre amis de même fortune, parents, voisins et autres. Car ceux-ci ont leur part dans les arrangements de la société en tant que telle, et sont bons pour la culture et l’accroissement des charités mutuelles et des offices amicaux. Mais cela signifie qu’il est de loin préférable que l’argent soit dépensé en charité pour ceux qui sont dans le besoin ou dans la misère, et qui n’ont pas de moyens terrestres ou d’occasions de rendre la bonté.
Même dans la société, il ne serait pas bon de divertir les autres pour être divertis et festoyer en retour. Car tous ces divertissements doivent avoir un motif plus élevé que l’égoïsme. Mais même les gens de bien dans le monde considèrent rarement quelle occasion de grâce et même de prudence leur est ouverte s’ils veulent utiliser leurs richesses dans la voie de la charité.
Nous parlerons bientôt de l’intendant qui fut félicité par son seigneur pour avoir fait un usage habile, bien qu’injuste, de ses occasions de se faire des amis, et notre Seigneur, lorsqu’il donna cette parabole, dit à ses disciples de se faire amis du mammon de l’iniquité. Ce qu’il recommande maintenant à son hôte est pratiquement le même, de considérer les emplois les plus ordinaires du temps ou de l’utilisation bienveillante des richesses comme des occasions qui peuvent être tournées au profit de son âme, de comprendre l’immense champ qui lui est ouvert dans la Providence de Dieu par l’existence de toutes parts de ses côtés de tant de formes différentes de misère humaine. un champ par le travail duquel il pourrait si facilement s’assurer des trésors et des secours d’une richesse et d’une efficacité incalculables.
Heureux ceux qui ont à leur disposition les biens de ce monde et qui comprennent, comme le dit saint David, les pauvres et les nécessiteux. Bienheureux encore ceux qui, riches ou pauvres, apprennent à travailler dans toutes les actions de leur vie pour obtenir quelque chose pour le Royaume des cieux, et pour faire quelque chose qui puisse être récompensé par la résurrection des justes.
Il semblerait presque que saint Luc ait pu recueillir un récit complet de ce qui s’est passé ce sabbat, soit du pharisien qui divertissait notre Seigneur, soit de quelqu’un de la compagnie présente. Il nous a déjà parlé du miracle sur l’hydropique, de la question de notre Seigneur aux pharisiens, de la guérison du pauvre souffrant devant lui, et de ses paroles expliquant la doctrine du sabbat. Il a ajouté ce que notre Seigneur a dit aux invités, et l’instruction qu’il a donnée à l’hôte. Il se peut que cet homme soit devenu disciple par la suite, et qu’il ait pris plaisir à raconter à l’évangéliste tous les incidents de cette journée remarquable.
Il y a de petites touches dans l’histoire qui nous font penser qu’elle a pu être racontée à l’origine par un témoin oculaire, et l’insertion de l’instruction donnée à l’hôte rend probable qu’elle venait de lui. En tout cas, saint Luc a plus à raconter. Il est très probable que le divertissement se déroula joyeusement et joyeusement, comme il était naturel après l’accomplissement d’un si beau miracle. Notre Seigneur a dû être le centre de tous les regards partout où Il était, et Son discours gracieux et doux a dû répandre une douce atmosphère de pensées paisibles et saintes tout autour.
Et il semble donc que les invités eux-mêmes aient été amenés à parler des choses de Dieu. Cela donna à Notre-Seigneur l’occasion d’ajouter un autre chef d’instruction, dans lequel il put jeter une note d’avertissement, étant déjà maître de son auditoire et sûr de sa bonne volonté.
Exclamation de l’invité
« Quand l’un de ceux qui étaient à table avec lui eut entendu ces choses, il lui dit : Heureux celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu. »
Cette remarque était évidemment suggérée par les paroles de Notre-Seigneur sur la récompense à la résurrection des justes. C’est comme s’il avait dit : Oui, en effet, être admis à la fête puis être fait serait une bénédiction qui vaut la peine de travailler et de dépenser.
Et alors notre Seigneur a pu aller plus loin dans la doctrine qu’il enseignait, et ajouter à ce qui avait été dit dans l’avertissement miséricordieux mais sévère contenu dans la parabole de la grande Cène. Il semblait leur dire que c’était vraiment une chose bénie de manger du pain dans le Royaume de Dieu, et qu’il ne manquerait pas d’invitation à cette bénédiction de la part de Dieu.
Mais il y aurait encore beaucoup de gens exclus de cette bénédiction par leur propre acte, qui seraient invités et qui refuseraient. Ici encore, la faute en revient à la paresse, à la stupidité, à l’insouciance des hommes. Ils seront tellement absorbés par les affaires mondaines et temporelles qu’ils n’auront aucune attention à donner à l’appel de Dieu.