Quelles sont les forces qui poussent à la persécution de l’Église ?
Le P. Coleridge énumère cinq sources qui donnent lieu à la persécution de l’Église. En voici quatre.
P. Henry James Coleridge S.J.
La haine du monde
Raisons de la haine de l’Église
Un grand commentateur catholique de l’Évangile de saint Jean, à qui ces pages sont peut-être plus dues qu’à tout autre écrivain, a tracé dans une de ses annotations ce qu’il considère comme les principales causes auxquelles on peut attribuer les persécutions qui ont été subies par l’Église.
Ce sont des causes dont nous pouvons facilement voir qu’elles résident dans la nature des choses et dans l’état du monde, et par conséquent on ne peut pas s’attendre à ce qu’elles ne soient jamais tout à fait inactives ou inopérantes.
La première d’entre elles, il le trouve dans l’activité incessante ou infatigable des ennemis spirituels de Dieu et de l’homme, travaillant par et sur leurs instruments parmi les hommes eux-mêmes, autrefois dirigeants, qu’ils excitent à la persécution ou à la haine de la vérité ou de la vertu, ou à d’autres qu’ils excitent de diverses manières à tout ce qui peut leur sembler susceptible de déshonorer Dieu et d’entraver le salut des hommes.
Saint Paul en parle très sérieusement dans le célèbre passage à la fin de l'épître aux Éphésiens, où il s'adresse plus particulièrement aux prêtres, les exhortant à se fortifier dans le Seigneur et dans la puissance de son pouvoir. Ce langage prouve à lui seul combien il pensait aux adversaires avec lesquels les ministres chrétiens devaient lutter.
« Car notre lutte n’est pas contre la chair et le sang, mais contre les principautés et les puissances, contre les princes du monde de ces ténèbres, contre les esprits de méchanceté dans les hauts lieux. »
Et dans d’autres passages, il montre qu’il a continuellement à l’esprit l’action du diable qui s’oppose, par tous les moyens en son pouvoir, à l’œuvre miséricordieuse de rédemption confiée à l’Église. On ne peut pas dire des démons que, en un sens, ils n’ont pas connu le Père et le Fils, bien qu’il semble probable que leur chute du ciel a été provoquée par suite de leur refus de reconnaître la majesté suprême du Fils éternel, habitant parmi les hommes dans l’Incarnation.
La malice des démons
Les Pères se font l’écho de la pensée de saint Paul, et attribuent constamment la persécution de l’Église à la malice du diable. C’est la politique de Satan de se cacher dans sa guerre contre l’Église, non seulement en utilisant des instruments humains pour l’asservir ou pour entraver ses opérations bienfaisantes, mais en veillant à ce que les opérations de sa malice apparaissent comme les effets naturels de la politique humaine.
D’autre part, c’est le véritable instinct des saints de Dieu de discerner, dans ce qui semble être une opposition purement humaine, l’astuce et la tromperie de l’ennemi de Dieu. Nous sommes parfois frappés par l’habileté et la ruse avec lesquelles l’opposition à un plan de bien s’élève soudainement, et de manière inattendue, surtout parmi les hommes de bien. Mais peu d’entre nous sont aussi vigilants et prudents que nous devrions l’être contre les puissances du mal, et nous laissons passer de nombreuses occasions de nous prémunir contre leurs stratagèmes, et nous leur permettons si souvent de réussir dans leurs tentatives ad minorem Dei gloriam.
Car la prévention d’un grand mal n’implique pas toujours la prévention d’un moindre mal, et les ennemis de tout bien se contentent de petits gains, quand ils ne peuvent obtenir de plus grands succès, tandis que nous aurions pu, par plus de prière et de vigilance, les empêcher d’en avoir du tout.
Le cardinal Toletus mentionne quatre autres causes qu’il attribue aux persécutions des apôtres et de leurs disciples.
Nous avons déjà dit quelque chose des faits historiques, surtout dans les persécutions antérieures. Mais il est bon de voir si nous pouvons retracer l’influence de la cause générale que Notre-Seigneur lui-même donne comme racine et principe de toutes les raisons de la persécution, c’est-à-dire l’ignorance de Dieu et de lui-même en tant qu’envoyé par Dieu.