Qu'est-ce que « l’appétit de destruction »
qui pousse les faux prophètes ?

 

Le Christ prédit la malice de ces prêtres qui le trahiraient à ce moment-là et pour les siècles à venir.

P. Henry James Coleridge S.J.

[Après avoir mis en garde ses disciples contre les faux prophètes qui apparaissent déguisés en brebis, mais qui sont intérieurement des loups voraces, notre Seigneur semble maintenant avoir en vue ces mêmes ennemis, les principaux d’entre eux les scribes et les pharisiens, qui commençaient déjà à s’opposer à lui sous le couvert du zèle.]

Caractère prophétique de ses paroles

Ces hommes semblent donc avoir été en premier lieu présents à l’esprit de notre Seigneur lorsqu’il a prononcé ces paroles célèbres sur les loups vêtus de brebis. Mais il a déjà été dit que c’est la coutume de notre Seigneur, dans des discours comme celui-ci devant nous, qui devaient durer de toujours et servir les besoins de toutes les générations dans l’Église catholique, de regarder bien au-delà de l’occasion immédiate dont il parlait, et d’embrasser dans sa vision l’histoire future et les épreuves de ses enfants jusqu’à la fin du monde. Et certainement là aussi, nous pourrions bien revendiquer pour les paroles que nous commentons le caractère d’une dénonciation prophétique, la prédiction d’un état de choses que la prévoyance humaine n’aurait jamais pu deviner.

On aurait pu penser, en effet, que les grands prêtres eux-mêmes, et les chefs du peuple sacré, auraient été les premiers à être émus par la merveilleuse force des divers chefs de preuves qui témoignaient de la mission divine de notre Seigneur, par la beauté de son enseignement, par la majesté et la douceur céleste de son caractère. par l’accomplissement des prophéties et des types en sa personne, par la splendeur de ses miracles, la manière dont il a satisfait dans sa doctrine tous les désirs, les besoins et les questions de l’âme humaine.

Notre Seigneur a exprimé son étonnement devant l’aveuglement des docteurs d’Israël dans son discours à Nicodème, et il se peut bien que l’un des problèmes de l’histoire soit que les dirigeants ecclésiastiques n’aient pas immédiatement cherché une place dans son royaume – ou du moins, cela pourrait bien sembler un tel problème, si nous ne savions pas comment le cœur humain est endurci par l’ambition et aveuglé par la jalousie. et combien il est difficile, plus que toutes les autres difficultés, de tourner le cœur de prêtres de vie impure, ou pleins d’orgueil et d’ambition, en qui la vraie religion intérieure s’est éteinte depuis longtemps.

Mais en admettant qu’on eût pu s’attendre à ce que notre Seigneur fût reçu immédiatement par les prêtres de Jérusalem, et que leur persécution contre lui eût été prédite, quel esprit, si versé qu’il fût dans la malignité dont notre nature est capable, n’aurait jamais pu voir la dépravation, la méchanceté, la ruse, la perversité et l’ingéniosité qui ont été déployées dans l’histoire ultérieure de l’Église par les faux docteurs auxquels ses paroles sont censées s’appliquer !

Excommunication de l’aveugle-né

C’est pourquoi les paroles du Seigneur dont nous parlons ici sont pleines de prophéties, dont nous avons l’accomplissement de son vivant, dans la tentative de séduction de ses disciples en Galilée, dont nous avons parlé. Il semble qu’il se réfère à des tentatives du même genre dans la dernière année de son enseignement, dans le discours qu’il prononça après avoir accompli à Jérusalem son grand miracle sur l’aveugle-né.

Cet homme avait été excommunié par les dirigeants juifs pour avoir cru en notre Seigneur, et c’est ainsi que les représentants officiels de Dieu dans la nation sainte s’étaient mis en opposition directe avec Celui qui était présent parmi eux, le vrai berger de la bergerie, à séparer de Celui dont était la plus vraie, la seule vraie, excommunication.

Ce fait doit être gardé à l’esprit en lisant le discours de notre Seigneur dans le dixième chapitre de saint Jean, où notre Seigneur déclare qu’il est lui-même la porte de la bergerie, et que tous ceux qui n’y sont pas entrés par lui étaient des voleurs et des brigands. Ainsi, ses ennemis avaient prétendu avoir l’autorité d’exclure ses disciples de la bergerie, alors que ce n’était que par lui que quiconque pouvait y entrer, et encore moins y exercer une autorité ou une juridiction. Dans la suite du même discours, il utilise les autres images des mercenaires et du loup, et de la rapacité des faux enseignants, pour voler, pour tuer et pour détruire, pour attraper les brebis et les disperser.1

Cet appétit de destruction, qui est caractéristique d’un maître du mensonge, est noté par notre Seigneur dans le passage du Sermon sur la montagne que nous commentons par l’épithète de « ravissement », qu’il applique aux loups déguisés en brebis. Nous aurons l’occasion plus loin d’en parler plus amplement.

Les faux docteurs à l’époque des apôtres

L’Église était à peine fondée que le mal sur lequel Notre-Seigneur met le doigt ici est devenu manifeste. Dès le début, il y a eu des tentatives pour usurper l’autorité des Apôtres et de ceux qu’ils déléguaient, et pour égarer les fidèles par de fausses doctrines. La lettre envoyée par les apôtres après le premier concile de Jérusalem aux convertis païens commence par se plaindre que « certains sortants de chez nous vous ont troublés par des paroles, détournant vos esprits, à qui nous n’avons donné aucun commandement ».

Nous avons ici le double mal, la prise en charge de l’autorité et la propagation de fausses doctrines. À mesure que nous avançons dans l’histoire des Actes, nous trouvons des exemples continus de l’immense activité avec laquelle les docteurs du mensonge ont assailli le progrès de l’Évangile de toutes parts. Ils occupent une grande place dans l’histoire et dans les épîtres, place qu’ils ont depuis occupée dans les annales de l’Église.

Ils attaquèrent non seulement saint Paul, qui était, bien sûr, l’objet d’une animosité particulière envers les Juifs et le parti judaïsant parmi les chrétiens, mais aussi les autres apôtres.