Le sacré du temps
Comment vivre une vie liturgique

Partie I

Sous l’Ancienne Loi dans l’Ancien Testament, le peuple de Dieu observait des cérémonies annuelles commémorant des événements importants de l’histoire du salut qui préfiguraient l’accomplissement de l’Ancienne Loi par le Christ. De même, la Sainte Église commémore des mystères, des événements et des personnes importants, en utilisant un cycle annuel de prières, d’Écritures, d’hymnes et de diverses disciplines spirituelles. De la même façon, chacun des 12 mois a un objectif unique, et chaque jour de la semaine a également un objectif unique. Même dans la journée, les heures du jour sont divisées en heures canoniques. Ce faisant, tout le temps est, en quelque sorte, consacré à Dieu puisque Lui seul a créé tout le temps et racheté tout le temps.
Contrairement aux religions païennes qui considèrent souvent le temps comme un cycle sans fin de mort et de renaissance, la vision chrétienne du temps est linéaire (1) Alors que Dieu seul a toujours existé et n’a pas de commencement, le temps a eu un commencement. Il y a eu un premier jour sur terre. Et il y aura un dernier jour. Il y aura un jour où le soleil se lèvera pour la dernière fois et se couchera pour la dernière fois. Le temps s’achèvera. Et Dieu Lui-même y mettra fin car le temps Lui appartient. C’est notre devoir d’honorer Dieu à temps.

La Journée Catholique

Chaque jour comprend les Heures canoniques (2) pendant lesquelles les prêtres et les religieux (et certains laïcs, volontairement) prient les prières désignées pour ces heures. Appelées l’Office Divin (3), ou Bréviaire, ces prières tout au long de la journée sont un moyen primordial par lequel l’homme sanctifie tout le temps. Lorsque les prêtres et les religieux prient pour l’Office divin, ils ne le font pas en tant qu’individus, mais plutôt au nom de l’Église entière. Ceci est également signifié par la meilleure façon de prier l’Office en communauté et dans le chant sacré. Comme le Saint Sacrifice de la Messe et les Sacrements, l’Office divin fait partie de la prière liturgique officielle de l’Église. Ainsi, lorsqu’un curé de paroisse prie l’Office, même s’il le fait seul, il prie Dieu comme ” alter-Christus ” et au nom de tous ses paroissiens (4). Il est profondément beau de considérer qu’à chaque heure des vingt-quatre heures de chaque jour, des âmes consacrées offrent cette louange céleste d’adoration, de reconnaissance, de réparation, d’action de grâce et de vénération au tout puissant Trône de Dieu. Nous parlerons beaucoup plus en détail du Bréviaire plus tard.
La journée est consacrée à Dieu par la prière de l’Angélus. Traditionnellement dit à 6 heures du matin, midi et 18 heures, l’Angélus est un moyen par lequel nous consacrons le temps à Dieu, invoquons la Sainte Mère et honorons l’Incarnation. Pour cette raison, les cloches d’église (5) sonnent souvent à midi et à 18 heures, comme un appel à la prière pour l’Angélus, mais 6 heures du matin est généralement trop tôt pour faire sonner les cloches d’église et la plupart des paroisses ne le font donc pas à ce moment. Néanmoins, 6 heures du matin est la première fois pour l’Angélus chaque jour.
Mère Teresa et d’autres moniales missionnaires ont remarqué que la vue de voir des catholiques tomber à genoux pour prier l’Angélus quand la cloche de l’Angélus sonnait provoquait de nombreuses conversions (5). Une ancienne hindoue qui s’est convertie et qui est devenue religieuse a fait remarquer que la vue de voir des catholiques s’agenouiller instantanément pour offrir ces prières – même sur le marché à midi – a eu un tel impact sur elle que cela a provoqué sa conversion. Nous pouvons avoir un impact similaire en gardant le caractère sacré du jour liturgique catholique.
L’Angélus est traditionnellement prié tous les jours de la semaine, du samedi soir précédant le dimanche de la Trinité jusqu’au samedi Saint soir inclus – il est remplacé par le Regina Cæli du dimanche matin de Pâques au samedi midi après la Pentecôte inclus. L’Angélus est récité à genoux, sauf le samedi soir et le dimanche, où l’on fait une génuflexion sur le genou droit à la mention de l’Incarnation.
Si vous ne connaissez pas l’Angélus, je vous encourage à trouver cette prière en ligne, à la sauvegarder et à la prier trois fois par jour. Même si vous n’êtes pas debout à 6 heures du matin ou si vous êtes occupé à midi ou à 18 heures précises, vous pouvez toujours dire cette prière. Dans cette situation, vous pouvez prier l’Angélus avant le petit-déjeuner, avant le déjeuner et avant le dîner… aussi prier l’offrande du matin au réveil et faire un examen de conscience du soir juste avant d’aller au lit. Si vous n’êtes pas familier avec l’une ou l’autre de ces pratiques, consultez-les également. De cette manière, nous pouvons consacrer davantage le jour et le temps à Dieu, l’Auteur du temps.

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1. Une “spirale linéaire” a également été utilisée pour décrire le concept chrétien du temps. Tout en conservant les éléments de linéarité pour s’opposer à l’erreur païenne, cette image montre comment la Providence divine utilise la typologie pour instruire l’homme et accorder la grâce. Par exemple, tout l’Ancien Testament préfigure le Christ et – depuis sa Passion, sa Mort et sa Résurrection – l’Église elle-même vit maintenant les mystères de la vie du Christ à travers les siècles. Cette image en spirale montre aussi que l’origine de tous les temps est Dieu et que le but final de tous les temps est également de revenir à Dieu au Jugement dernier.
2. Les Heures canoniques marquent les divisions de la journée en termes de périodes de prière liturgique fixe à intervalles réguliers.
3. L’office divin consiste principalement en des prières du Livre des Psaumes, mais il contient aussi des cantiques et des hymnes religieux, ainsi que des prières spéciales dites à des moments différents de l’année liturgique pour commémorer une fête ou une saison particulière. Les prières sont divisées en huit segments appelés heures. Les huit heures – Matines, Laudes, Prime, Terce, Sexte, None, Vêpres et Complies – sont souvent dites à des heures fixes de la journée, commençant à minuit (ou tôt le matin) et se terminant à 21 h (ou tard le soir).
4. C’est l’une des raisons pour lesquelles, dans l’enseignement catholique traditionnel, c’était un péché mortel pour un prêtre de négliger intentionnellement de prier une heure canonique obligatoire. La plupart des ordres monastiques prient les huit heures canoniques, mais les prêtres diocésains ne sont généralement pas obligés de les prier toutes. Dans l’histoire de l’Église, certains prêtres diocésains étaient appelés ” chanoines ” parce qu’ils étaient appelés par l’évêque à prier les heures canoniques pour tout le diocèse, habituellement dans la cathédrale.
5. Notes historiques. Des documents écrits indiquent qu’au XIIIe siècle, les Franciscains ont popularisé la pratique de faire sonner les cloches des églises le soir pour encourager les fidèles à prier l’Angélus. Saint-Bonaventure était bien connu pour promouvoir cette coutume. Pourtant, les catholiques priaient depuis longtemps à 6 heures du matin pour honorer la Résurrection du Christ, à midi pour honorer sa Passion et à 18 heures pour honorer son incarnation à l’Annonciation.
L’année 1456 marque l’une des plus grandes victoires catholiques sur les Turcs musulmans. Constantinople, la plus ancienne capitale chrétienne, venait de tomber aux mains de Mehmed le Conquérant et ses terribles armées assiégeaient maintenant Belgrade. Ce fut la dernière défense chrétienne pour une grande partie de l’Europe de l’Est. Le Pape Calixte III (1455-1458) a demandé que toutes les cloches de l’église sonnent à midi pour appeler les chrétiens à prier trois Je vous salue Marie en demandant l’intercession de la Vierge. Se battant sous l’étendard de la Croix, saint Jean Capistrano dirigea une maigre armée de paysans catholiques qui sauvèrent la ville et mirent en déroute les infidèles. En action de grâces à Notre Dame, le Pape Calixte a décrété que les cloches de l’église devraient désormais sonner à midi et que les chrétiens devraient continuer à prier trois Ave Maria à cette heure.