Hans Memling, quand les anges

musiciens entourent le Christ


Matthias Grünewald, La Tentation de saint Antoine,
Retable d'Issenheim, Colmar, Musée d'Unterlinden

[LES ANGES] Au croisement du Moyen-Âge et de la Renaissance, en 1489, Hans Memling peint la cohorte céleste louant, en musique, son créateur. Notre chroniqueuse s’attarde aujourd'hui sur ces anges musiciens, visibles aujourd’hui au Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers, en Belgique.

« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. » (Matthieu 25,31) Quelle oeuvre illustre le mieux ce passage de l’Évangile de Matthieu du Christ entouré d’anges chantant la gloire de l’Éternel ? Sans aucun doute le Retable de Santa María la Real de Nájera, du peintre flamand Hans Memling. Commande espagnole au XVe siècle, destinée à l’église du monastère Santa María la Real de Nájera, situé dans la province de la Rioja, ancien panthéon des rois de Navarre, cette huile sur bois de grande taille (1,64 m x 6, 72 m) est remarquable en ce qu’elle peint la cohorte céleste louant, en musique, son créateur. Ce triptyque nous invite à nous mêler à ces voix.

Le réalisme des instruments

Seize anges musiciens entourent le Christ. Six chanteurs l’encadrent, sur le panneau central, et portent des livres de chant. Dix instrumentistes, cinq sur chaque panneau latéral, jouent d’instruments typiques de ce quinzième siècle finissant, ancêtres de ceux que nous connaissons. Le réalisme de la représentation de ces instruments est tel que le tableau a pu servir à leur reconstitution contemporaine. À côté du trombone, de la harpe ou du cor, certains, moins connus aujourd’hui, se nomment trompette marine, psaltérion ou chalemie…

Dix instrumentistes jouent, autour de leur créateur.

Entourés de nuages sombres, les anges sont alignés sur un fond d’or. À droite, les ailes et vêtements sont plus colorés qu’à gauche, où les couleurs blanches, noires, grises et beiges s’accordent en une subtile harmonie.

Entourant Jésus, les anges sont alignés sur un fond d’or.

Les anges louent leur créateur

Le Christ est représenté bénissant. Il baisse les yeux vers Marie, ce que nous ne pouvons qu’imaginer, car la partie placée à l’origine sous ce triptyque, qui évoquait l’Assomption de la Vierge, a disparu.

Sa couronne comme le globe de cristal de roche, surmontés tous les deux d’une croix, signifient sa royauté « sur la terre comme au ciel ». Les trois pierres précieuses de la fibule, fermoir d’un manteau rouge richement brodé d’or, rappellent le mystère de la Sainte Trinité. S’ils nous réjouissent par leur beauté et ce que nous nous représentons de leur céleste orchestre, les anges n’existent pas pour eux-mêmes : créatures, c’est leur créateur qu’ils louent de leurs voix et leurs instruments. 

   Source - Aleteia - Sophie Roubertie