Nos propos sur l’Angélus veulent être seulement une simple mais vive exhortation à conserver l’habitude de le réciter, lorsque et là où c’est possible. Cette prière n’a pas besoin d’être rénovée : sa structure simple, son caractère biblique, son origine historique qui la relie à la demande de sauvegarde dans la paix, son rythme quasi liturgique qui sanctifie divers moments de la journée, son ouverture au mystère pascal qui nous amène, tout en commémorant l’Incarnation du Fils de Dieu, à demander d’être conduits «par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection», font que, à des siècles de distance, elle conserve inaltérée sa valeur et intacte sa fraîcheur. Il est vrai que certains usages traditionnellement liés à la récitation de l’Angélus ont disparu ou peuvent difficilement subsister dans la vie moderne ; mais il s’agit d’éléments marginaux : la valeur de la contemplation du mystère de l’Incarnation du Verbe, de la salutation à la Vierge et du recours à sa miséricordieuse intercession reste inchangée ; et, malgré les conditions nouvelles des temps, ces moments caractéristiques de la journée – matin, midi et soir – qui délimitent les périodes d’activité et constituent une invite à s’arrêter pour prier, demeurent inchangés pour la majeure partie des hommes.
EXHORTATION APOSTOLIQUE
MARIALIS CULTUS
DE SA SAINTETÉ LE PAPE
PAUL VI
SUR LE CULTE DE LA VIERGE MARIE
V/. L’Ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie,
R/. Et elle conçu du saint-Esprit.
Je vous salue Marie ...
V/. Voici la servante du Seigneur,
R/. qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie ...
V/. Et le Verbe s’est fait chair,
R/. et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie ...
V/. Priez pour nous, sainte mère de Dieu,
R/. Afin que nous soyons rendu dignes des promesses de notre Seigneur Jésus-Christ.
PRIONS : Que ta grâce Seigneur notre Père se répande en nos cœurs : par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’incarnation de ton Fils bien-aimé, conduis-nous par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par Jésus-Christ.
La prière de l’Angélus remonte au Moyen-Âge. Elle tire son origine du culte de Marie, Mère de Jésus qui date du début même du christianisme. La place réduite et discrète que la Vierge Marie occupe dans les Évangiles de Matthieu, Luc et Jean et dans les Actes des Apôtres, s’explique, selon les termes du pape Jean-Paul II, “par le fait que la perspective des évangélistes est entièrement christologique et ne s’intéresse à la Mère que par rapport à l’annonce joyeuse du Fils.”
L’Angélus s’avère être d’abord une prière du soir. Il semble que cette dévotion ait été plus spécifiquement dans la pratique de communautés religieuses, principalement chez les Anglo-Saxons, de faire suivre l’office des Complies (la dernière prière chantée de la journée) de la récitation de trois Ave signalée par le tintement à trois reprises d’une cloche. Cette pratique des 10ème-11ème siècles aurait ensuite été étendue pour que les fidèles chrétiens en bénéficient.
La pratique de l’Angélus du soir se diffuse dans la chrétienté occidentale aux 13ème et 14ème siècles. En 1314, le pape Clément V (premier pape d’Avignon), séjournant à Carpentras où était sa curie, demande que l’on y sonne la cloche des Ave Maria après le chant des complies. Son successeur, Jean XXII, approuve, par acte du 13 octobre 1318, la pratique de l’Angélus du soir, il l’introduit en Avignon et indulgencie les fidèles qui, entendant la cloche, réciteront à genoux trois Ave Maria.” Par la suite, il introduira cette pratique, avec indulgence, à Rome. Dans divers lieux où la dévotion s’est mise en place, des cloches spécialement destinées à l’Angélus, sont fondues.
A partir du 14ème siècle, l’Angélus se récite aussi le matin à l’heure de prime (au lever du soleil). De nombreuses localités adoptent très vite cette dévotion populaire en l’accompagnant du tintement de la cloche. Selon l’époque, le contenu de la prière aura une coloration différente. Ainsi, dans la seconde moitié du 14ème siècle, période où la piété contemple davantage le Christ souffrant et la compassion de sa mère, le concile de Lavaur (Tarn) prescrit de réciter chaque matin cinq Pater en mémoire des cinq plaies du Christ et sept Ave pour commémorer les sept douleurs de Marie.
Au milieu du 15ème siècle, l’Angélus de midi viendra compléter la pratique de cette dévotion quotidienne. En effet, en 1456, le pape Callixte III ordonne une croisade de prières de toute la chrétienté pour conjurer le danger turc. Il demande de faite tinter les cloches par trois fois tous les jours entre None et Vêpres, c’est-à-dire dans l’après-midi, et de réciter au signal trois Pater et trois Ave. De l’après-midi, la sonnerie passera aisément à midi, horaire plus pratique. En 1472, le fait est accompli et le roi Louis XI peut ordonner que dans tout son Royaume l’Angélus soit sonné à midi et que la prière des Ave Maria soit offerte pour obtenir la paix. Trois ans plus tard, le pape Sixte IV indulgenciera cette pratique de l’Angélus de midi, qui se généralise alors en Occident.
Au début du 16ème siècle, l’unité des trois Angélus quotidiens est acquise avec l’addition des trois versets, de leurs réponds et de l’oraison qui conclut l’Angélus. Ainsi établi, il est officiellement reconnu dans l’Église catholique par son insertion dans le Petit Office de la Sainte Vierge édité à Rome en 1570 (sous Pie V). Le pape Benoit XIV, réglementera en 1724 la récitation pratique de l’Angélus, précisant qu’on le récite à genoux, sauf le dimanche où on le dit debout, en l’honneur de la Résurrection, définissant aussi les indulgences attachées à la récitation de la prière, qu’il remplace, pendant le Temps pascal, par la récitation du Regina Caeli, toujours en usage. À la fin du 19e siècle, Léon XIII reprécisera les conditions et l’intérêt spirituel de cette prière que les papes ont pris l’habitude de réciter publiquement avec les Romains et les pèlerins rassemblés sur la place Saint-Pierre le dimanche et le mercredi, jour d’audience pontificale. Ils n’omettent pas de la faire partager par les foules qu’ils rassemblent lors de leurs voyages apostoliques. “C’est un usage qui remonte à l’Antiquité de convoquer le peuple chrétien à l’assemblée liturgique et de l’avertir des événements de la communauté locale par un signal sonore.[...] Pour les croyants, la voix des cloches est un appel que Dieu leur adresse pour se rassembler autour de Lui et aussi un rappel de sa présence invisible au milieu d’eux. Elle souligne l’importance du temps qui passe, invitant chacun à vivre “l'aujourd’hui de Dieu » (Livre des bénédictions).
L’Église catholique, aux différents niveaux de sa hiérarchie, invite les fidèles à donner à la récitation de l’Angélus toute sa valeur :
On trouve un exemple ancien de cette invitation dans le manuel de piété chrétienne intitulé “Conduite chrétienne pour les personnes engagées dans le monde à l’usage du diocèse de Meaux ” édité en 1823 : “Dire l’Angélus aux heures marquées avec attention et révérence, dans l’esprit de l’Église, esprit de reconnaissance pour le bienfait de l’Incarnation” ... “adorer humblement le Verbe incarné...”, et lui témoigner “notre reconnaissance pour son immense charité, notre fidèle attachement et dévouement à son service et à son amour
Le Directoire sur la piété populaire et la liturgie de 2001, n°195
(de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements)
En méditant la traditionnelle prière de l’Angelus Domini trois fois par jour, à l’aube, le midi et au crépuscule, les fidèles font mémoire du message de Dieu, transmis à la Vierge Marie par l’archange saint Gabriel. L’Angélus se réfère donc à l’événement central du salut: selon le dessein du Père, le Verbe de Dieu, par l’action de l’Esprit Saint, s’est fait homme dans le sein de la Vierge Marie.
La prière de l’Angélus est profondément enracinée dans la piété du peuple chrétien, et son usage est encouragé par l’exemple que donnent les Pontifes Romains eux-mêmes. Si dans certains endroits, les transformations des conditions de vie ne favorisent pas le maintien ou la diffusion de la prière de l’Angélus, en de nombreux autres lieux, les empêchements sont de mineure importance; ainsi, aucun moyen ne doit être négligé pour maintenir bien vivante cette pieuse coutume, et pour encourager sa diffusion; on peut donc au moins suggérer la prière de trois Ave Maria. La prière de l’Angélus par "sa structure simple, son caractère biblique [...], son rythme quasi liturgique, qui sanctifie divers moments de la journée, son ouverture au mystère pascal [...], font que, à des siècles de distance, elle conserve inaltérée sa valeur et intacte sa fraîcheur".
"Il est donc souhaitable que, en quelques occasions, surtout dans les communautés religieuses, dans les sanctuaires dédiés à la bienheureuse Vierge Marie, au cours de certaines rencontres, l’Angelus Domini [...] soit solennisé, par exemple, par le chant des Ave Maria, et par la proclamation de l’évangile de l’Annonciation", ainsi que la sonnerie des cloches.
L’Exhortation apostolique du Pape Paul VI sur la Culte de la Vierge Marie, n°41 :
Nos propos sur l'Angélus veulent être seulement une simple mais vive exhortation à conserver l'habitude de le réciter, lorsque et là où c'est possible. Cette prière n'a pas besoin d'être rénovée : sa structure simple, son caractère biblique, son origine historique qui la relie à la demande de sauvegarde dans la paix, son rythme quasi liturgique qui sanctifie divers moments de la journée, son ouverture au mystère pascal qui nous amène, tout en commémorant l'Incarnation du Fils de Dieu, à demander d'être conduits « par sa passion et par sa croix jusqu'à la gloire de la résurrection » (109), font que, à des siècles de distance, elle conserve inaltérée sa valeur et intacte sa fraîcheur. Il est vrai que certains usages traditionnellement liés à la récitation de l'Angélus ont disparu ou peuvent difficilement subsister dans la vie moderne; mais il s'agit d'éléments marginaux : la valeur de la contemplation du mystère de l'Incarnation du Verbe, de la salutation à la Vierge et du recours à sa miséricordieuse intercession reste inchangée ; et, malgré les conditions nouvelles des temps, ces moments caractéristiques de la journée — matin, midi et soir — qui délimitent les périodes d'activité et constituent une invite à s'arrêter pour prier, demeurent inchangés pour la majeure partie des hommes.
Le Pape Benoît XVI :
Avec cette prière de l'Angélus, nous nous remémorons le « oui » sans condition de Marie à la volonté de Dieu. Par l'obéissance dans la foi de la Vierge, le Fils est venu dans le monde pour nous apporter le pardon, le salut et la vie en abondance. En se faisant homme comme nous en tout excepté le péché, le Christ nous a révélé la dignité et la valeur de chacun des membres de la famille humaine. Il est mort pour nos péchés, pour nous rassembler tous dans la famille de Dieu.