Art

XIVe siècle

Tapisserie de l'Apocalypse

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13.08.2016

 

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LA TENTURE DE L'APOCALYPSE de Rodolphe Viémont

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La tenture de l'Apocalypse (ou les tapisseries de l'Apocalypse, ou encore l'Apocalypse d'Angers) est une représentation de l'Apocalypse de Jean réalisée à la fin du xive siècle sur commande du duc Louis Ier d'Anjou. Cette œuvre est le plus important ensemble de tapisseries médiévales subsistant au monde. L'ensemble, composé de six pièces successives découpées chacune en quatorze tableaux, est exécuté d'après des cartons de Hennequin de Bruges et témoigne du prestige de son commanditaire. La tenture est léguée à la cathédrale d'Angers au xve siècle par le roi René.

Après une longue période de négligence et de dégradations, elle est partiellement recomposée à partir du milieu du xixe siècle, puis conservée et exposée dans le musée de la Tapisserie de l'Apocalypse. Celui-ci est situé, sur le site du château d'Angers, dans une très longue galerie construite à cet effet et inaugurée en 1954.

Quatrième trompette : l'Aigle de malheur.

Cette monumentale tenture à usage princier est commandée entre 1373 et 1377 par le duc Louis Ier d'Anjou au marchand lissier Nicolas Bataille, qui est le lissier le plus renommé de l'époque. Elle est vraisemblablement fabriquée à Paris, par Robert Poinçon, dans les ateliers de Nicolas Bataille d'après les cartons de Hennequin de Bruges (connu également sous le nom de Jean de Bruges ou Jean Bondol), peintre attitré du roi de France Charles V. On date son achèvement aux alentours de 13802, voire 1382. Les inventaires successifs de la bibliothèque de Charles V sont utiles en la matière, puisqu'il est établi en 1380 que son manuscrit de l'Apocalypse a été « baillé à Mons. d'Anjou pour faire son beau tappis » ; or ce manuscrit est encore présent dans l'inventaire de 1373, ce qui exclut que sa confection ait pu commencer avant cette date.

Le sujet de la tenture s'inspire en effet de manuscrits à miniatures illustrant le texte de l'Apocalypse de Jean. Outre le manuscrit cité appartenant à Charles V, les autres sources d'inspiration possibles pour la création de Hennequin sont nombreuses. Les chercheurs proposent différents manuscrits illustrés, et en particulier une Apocalypse du xiie siècle, exécutée au monastère de Bethléem près de Cambrai (manuscrit n°482 de la bibliothèque de Cambrai) ; le manuscrit n° 38 de la bibliothèque de Metz, celui du séminaire de Namur, 688 et 14 410 du fonds latin de la bibliothèque Nationale (Apocalypse provenant de l'abbaye Saint-Victor de Paris), etc. Il est néanmoins difficile d'identifier un seul manuscrit qui puisse être considéré comme source d'inspiration principale pour Hennequin.

La Bête de la mer

La tenture est utilisée pour des occasions solennelles. En 1400, elle est ainsi employée comme décor pour l'archevêché d'Arles à l'occasion du mariage du duc Louis II.

Elle est ensuite donnée par le roi René à la cathédrale d'Angers au xve siècle, par une clause spéciale de son testament qui est exécuté par Louis XI en 1461. Elle fait alors partie du trésor de la cathédrale où elle est conservée dans des coffres, roulée sur elle-même. Elle est exposée dans la nef ou le transept lors de grandes fêtes religieuses (Pâques, Pentecôte, Toussaint, Noël) et de la Saint Maurice (fête patronale).

À la fin du xviiie et au début du xixe siècle, la tenture subit d'importants dommages. Décrochée en 1767 car jugée nuisible pour les chants au sein de l'église, elle est mise en vente par le chapitre de la cathédrale en 1782 mais ne trouve pas d'acheteur5. Pendant la période révolutionnaire, elle est utilisée pour servir de couvertures ou encore de protection pour les orangers en hiver ; même après la Révolution, ce sont encore des usages « vulgaires » qui lui sont réservés : doublures de rideaux, garnitures d'écuries, etc.

La chute de Babylone

Au milieu du xixe siècle, sa valeur est à nouveau reconnue à la suite du rachat effectué en 1843 par l'évêque Mgr Angebault auprès de l’administration des Douanes, pour la somme de 300 francs. Léguée à la cathédrale, elle est mise à l'abri puis restaurée à partir de 1849, notamment grâce à l'aide du chanoine Joubert, responsable du trésor de la cathédrale5. Cette première restauration s'achève en 1863. Louis de Farcy entreprend une restauration plus drastique en 1870, faisant tisser complètement des scènes manquantes.

La loi de séparation des Églises et de l'État de 1905 fait obligation aux biens du clergé d'être mis à la disposition de l'État et du public, si bien que la tenture devient propriété publique tout en demeurant affectée au culte. En 1910, l'Administration des Beaux-Arts se fait attribuer l'ancien palais épiscopal transformé en musée de la tapisserie, où elle est conservée la majeure partie de l'année. L'évêque d'Angers Mgr Chappoulie signe en 1952 une convention prévoyant une présentation définitive et permanente de la tenture dans le château d'Angers.

La Nouvelle Jérusalem

De 1953 à 1954, l'architecte en chef des Monuments historiques Bernard Vitry construit une galerie en équerre à l'emplacement des anciens bâtiments qui ferment la cour seigneuriale du château d'Angers. Les baies sont occultées par des rideaux en 1975 car la galerie présente de larges fenêtres vitrées à meneaux qui laissent pénétrer la lumière du soleil et de la lune, ce qui dégrade énormément les couleurs. En 1982 est décidé le réaménagement de la galerie pour exposer la tenture dans un lieu sombre éclairé par des lumières tamisées. L'intervention est réalisée de janvier à juillet 1996 : les scènes sont accrochées à deux hauteurs, tendues sur des velcros, sur les murs teintés d'un bleu sombre. Chaque scène est cernée d'un filet blanc évoquant la surface des pièces d'origine.

Aujourd'hui la tenture est conservée à une température constante (19 °C), avec un éclairage limité à 40 lux et un degré d'hygrométrie maîtrisé, pour mieux en assurer la conservation.

L'œuvre actuellement visible est amputée : sur les cent-quarante mètres de sa longueur d'origine, seuls une centaine sont aujourd'hui exposés. Sur les quatre-vingt-dix tableaux originels, soixante-huit sont restés intacts et sept subsistent partiellement. C'est au cours de sa conservation dans les coffres du trésor de la cathédrale que la dernière partie de la tapisserie (les ensembles 5 et 6) souffre le plus.

Source : fr.wikipedia.org

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