11. MARDI SAINT

JÉSUS SUR LA CROIX

1. Jésus sur la Croix: quelle preuve irrécusable Dieu nous donne de son amour!
 Jésus sur la croix: quelle apparition douloureuse à l'excès, mais plus encore débordante d'amour, que cette dernière apparition faite ici-bas par le Verbe incarné!
 Saint François de Paule méditait un jour le grand amour de Dieu rendu visible, palpable, pour ainsi dire, par toute la personne de Jésus crucifié – il fut ravi hors de lui-même; on l'entendit s'écrier par trois fois: « Ô Dieu charité! Ô Dieu charité! Ô Dieu charité! » (Claude du Vivier, Vie et Miracles de saint François de Paule, ch. 24; Paris 1609, 738). Que voulait-il dire par ces exclamations enflammées, sinon que jamais nous ne pourrons comprendre l'immensité de l'amour que Dieu nous a témoigné par sa mort?
 2. Mon bien-aimé Jésus, si je vous considère tel que vous apparaissez à mes yeux sur cette croix, je n'aperçois que des plaies et du sang; si je pénètre dans votre coeur, je n'y trouve que désolation et tristesse.
 Sur l'inscription de votre choix, je lis que vous êtes roi; mais quels sont les insignes de votre royauté? Je ne vois pas d'autre trône que ce gibet infâme, pas d'autre pourpre que vos blessures innombrables et sanglantes, pas d'autre couronne que ce torturant faisceau d'épines. Oui, vous êtes bien Roi, mais Roi d'amour; oui, cette croix, ces clous, cette couronne, ces plaies, que sont-ils, sinon des marques d'amour, les insignes de votre Royauté d'amour?
 3. Ce que Jésus nous demande du haut de la croix, c'est du moins notre compassion que notre amour; ou plutôt, s'il demande notre compassion, elle doit n'avoir qu'un but: nous exciter à l'aimer. Il est la Bonté infinie; à ce titre déjà, tout notre amour lui revient; mais, du haut de la croix, il réclame notre amour, – semble-t-il, – au moins par compassion.
 Ah! Mon Jésus, est-il possible de ne pas vous aimer, quand on vous reconnaît pour le Dieu que vous êtes et qu'on vous voit crucifié? Quelles flèches enflammées, quelles flèches d'amour vous lancez aux âmes du haut de votre gibet! Combien de coeurs vous avez attirés à vous par la contemplation de votre croix!
 Ô plaies de mon Jésus, recevez-moi, afin qu'en vous, comme en autant de bienheureuses fournaises d'amour, je brûle, non pas du feu de l'enfer trop mérité, mais des saintes flammes de l'amour: ne les dois-je pas à ce Dieu consumé de douleur par amour pour moi? Mon bien-aimé Rédempteur, daignez accueillir un pécheur profondément désolé de vous avoir offensé, n'aspirant plus qu'à vous aimer. Je vous aime, ô Amour infini. Mon Jésus, écoutez-moi, je vous aime, je vous aime.
 Ô Marie, Mère du bel amour, obtenez-moi un amour si brûlant, qu'il me consume pour ce Dieu mort de l'excès de son amour pour moi.

 

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