1. Notre Seigneur sait que les Juifs envoyés pour le prendre sont tout proches. Il sort de son oraison et marche à leur rencontre. Sans leur opposer la moindre résistance, il se laisse saisir et lier: « Ils s'emparèrent de Jésus et le lièrent » (Jn 18, 12).
Ô spectacle stupéfiant! Un Dieu garrotté par ses créatures, comme un vil malfaiteur!
Regarde, ô mon âme, ce que font ces valets; les uns lui tiennent les mains, les autres le lient, pendant que leurs compagnons le frappent à coups redoublés; puis, ô mon âme, tourne les yeux sur l'innocent Agneau qui se livre aux liens, aux coups, sans même ouvrir la bouche:
« Il s'offre, parce qu'il le veut, « Il n'ouvre pas la bouche, « Semblable à l'agneau qu'on mène à la tuerie, « Et à la brebis muette devant ceux qui la tondent » (Es 53, 7).
Il ne profère ni parole ni plainte; car c'est lui-même qui s'est offert à mourir pour nous; tel qu'une brebis, il n'oppose aucune résistance à ceux qui le lient et vont le conduire à la mort.
2. Chargé de liens, Jésus entre dans Jérusalem. Éveillés en sursaut par le tumulte de la troupe qui passe, les habitants courent aux fenêtres et demandent le nom du malfaiteur que la police vient d'arrêter. « C'est Jésus de Nazareth, – répondent des voix; – il a été reconnu pour un imposteur et un séducteur. »
On le conduit devant Caïphe, qui se réjouit fort de cette capture, s'empresse de l'interroger sur ses disciples et sur sa doctrine. « J'ai toujours enseigné publiquement, lui fait remarquer Notre Seigneur; ... je n'ai rien dit en secret. » Puis, désignant du regard les Juifs, ses auditeurs, qui l'entouraient: « Demandez-leur ce que j'ai dit: eux savent ce que j'ai enseigné. » À ces mots, un des valets lui donne un soufflet en s'écriant: « Est-ce ainsi que tu réponds au grand prêtre? » (Jn 18, 20-22). Ô ciel! Une réponse si humble et si douce méritait-elle pareil affront?
Ah! Mon Jésus, vous endurez tout cela pour expier mes outrages à votre divin Père!
3. Caïphe l'adjure ensuite, au nom de Dieu vivant, de dire s'il est vraiment le Fils de Dieu. – « Oui, je le suis », répond Jésus. Cette déclaration à peine entendue, le grand prêtre, au lieu de se jeter à genoux pour adorer son Dieu, déchire ses vêtements et dit aux prêtres: « Qu'avons-nous encore besoin de témoins? Vous venez d'entendre son blasphème: que vous en semble? » Tous de s'écrier d'une voix: « Il mérite la mort » (Mt 26, 65-66).
Dès lors, commencent les outrages et les tourments décrits par les évangélistes: les crachats, les soufflets, les coups de poings pleuvent sur Jésus; on lui met un bandeau sur les yeux, on lui dit en le frappant: « Devine, ô Christ, qui t'a frappé » (Mt 26, 68). « Ils se mirent, rapportent saint Marc et saint Matthieu, à lui cracher au visage, à lui donner des coups de poing, à lui poser un voile sur le visage, et ils lui disaient: Devine qui t'a frappé. Les valets eux-mêmes le souffletaient » (Mt 14, 65).
Vous voilà donc devenu, ô mon Jésus, durant toute cette nuit, le jouet de cette vile populace! Hélas! Comment les hommes peuvent-ils, – sans brûler d'amour pour vous, – vous voir accablé de tant d'humiliations par amour pour eux? Moi-même, comment ai-je pu, dans la pleine connaissance de ce que vous avez souffert pour moi, vous offenser si gravement par mes nombreux péchés? Pardonnez-moi, ô mon amour: je ne veux plus jamais vous contrister. Je vous aime, ô mon souverain Bien; je me repens souverainement de vous avoir méprisé.
Ô Marie, ma Mère, priez votre divin Fils maltraité pour mon amour, priez-le de me pardonner.