1. La nuit écoulée, on amène de bonne heure Jésus à Pilate, pour le faire condamner à mort. Le gouverneur romain est vite convaincu de l'innocence de Jésus; aussi ne craint-il pas de dire aux Juifs: « Je ne vois aucune raison de condamner cet homme » (Lc 23, 14). Mais, les Juifs s'obstinent à réclamer une sentence de mort. Que fait alors Pilate? Il décide de s'en remettre au jugement d'Hérode. Celui-ci n'a qu'un désir: voir opérer l'un de ces prodiges dont il a si souvent entendu parler. Il interroge le divin Accusé, il multiplie les questions. En vain; Jésus ne daigne pas lui répondre une seule fois. Infortunée l'âme à laquelle Dieu ne parle plus!
Mon bien-aimé Rédempteur, combien de fois n'ai-je pas mérité ce terrible châtiment, par mes innombrables résistances à vos miséricordieux appels! Oui, trop souvent, j'ai mérité votre silence définitif et votre abandon irrémédiable! Mais, ô mon Jésus, vous ne m'avez pas encore délaissé; daignez donc me parler. « Parlez, Seigneur; car votre serviteur écoute » (1 S 3, 10). Dites-moi ce que vous voulez de moi: pour vous faire plaisir je suis prêt à tout entreprendre.
2. Profondément déçu par le silence de Jésus, Hérode s'irrite et le chasse de son palais, mais seulement après l'avoir, lui et ses courtisans, accablé de moqueries; même, pour marquer davantage son mépris, il l'avait fait revêtir de l'habit blanc des fous. C'est dans cet accoutrement qu'il le renvoie à Pilate: « Après l'avoir revêtu d'une robe éclatante, il le renvoya à Pilate » (Lc 23, 11). Ainsi le Fils de Dieu parcourt-il les rues de Jérusalem, portant par-dessus ses vêtements le costume des insensés.
Ô mon Sauveur méprisé, il ne vous manquait plus, – après avoir reçu tant d'insultes – que l'humiliation d'être traité comme un insensé! Si le monde traite ainsi la Sagesse éternelle, ne faut-il pas proclamer bienheureuse l'âme qui n'a cure des applaudissements du monde et ne veut connaître que Jésus crucifié, en aimant les souffrances et les mépris? « Non, dit-elle avec l'Apôtre, je n'ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus Christ et Jésus Christ crucifié » (1 Co 2, 2).
3. Le peuple juif avait le droit de demander au Gouverneur romain, chaque année, à la fête de Pâques, la délivrance d'un condamné. Pilate donne au peuple le choix entre Barabbas et Jésus: « Qui voulez-vous que je vous relâche: Barabbas ou Jésus? » (Mt 27, 17). Barabbas, qui est-il? Un scélérat, un meurtrier, un voleur, haï de tout le monde; Jésus est parfaitement innocent. Mais les Juifs de vociférer: « Vive Barabbas! Mort à Jésus! »
Ah! Mon Jésus, tel est le langage que j'ai tenu moi-même chaque fois que j'ai décidé de vous offenser pour me satisfaire moi-même. Alors j'ai donné délibérément la préférence à mon amour propre, et, pour ne pas lui refuser la pâture qu'il réclamait, j'ai eu la hardiesse de vous perdre, Vous, le Bien infini. Maintenant, je vous aime plus que tous les biens, plus que ma vie. Ayez pitié de moi, ô Dieu de miséricorde.
Ô Marie, soyez mon Avocate auprès de Jésus.