5. MERCREDI DE LA PASSION

JÉSUS EST FLAGELLÉ

 

  1. « Alors Pilate prit Jésus et le fit flageller » (Jn 19, 1).
 Eh quoi! Tu viens de proclamer son innocence, et maintenant, ô juge inique, tu le condamnes à subir une peine si cruelle, si ignominieuse?
 Vois, ô mon âme, avec quelle promptitude les bourreaux, l'ordre injuste à peine donné, se jettent sur le divin Agneau. Ils l'entraînent dans le prétoire et l'attachent avec des cordes à la colonne.
 Ô bienheureuses cordes qui liez les mains de mon doux Rédempteur à cette colonne, liez mon misérable coeur à son divin Coeur, afin que, désormais, mon unique souci soit de chercher et de vouloir ce qu'il veut.
 2. Les bourreaux tiennent en mains leurs fouets. Au signal donné, ils commencent à frapper; sous leurs coups redoublés, la chair virginale de Jésus Christ devient bientôt toute livide, puis le Sang jaillit de tous les membres. Non seulement les instruments de supplice sont teints de ce Sang adorable, mais les mains des bourreaux; la terre elle-même en est toute baignée. Ô ciel! Telle est la violence avec laquelle ces barbares frappent leur victime, qu'on voit voler en l'air, avec le Sang divin, des lambeaux de cette chair immaculée! Des pieds à la tête, Jésus n'est plus qu'une plaie ruisselante de Sang; ces barbares vont-ils déposer leurs fouets? Non, ils ne cessent d'ajouter blessures à blessures, douleurs à douleurs.
 Pendant ce temps, que fait Jésus? Il ne parle pas, il ne se plaint pas, il endure avec une patience inaltérable cet horrible tourment, afin d'apaiser la Justice divine irritée contre nous: « Comme un agneau muet devant celui qui le tond, avait dit le prophète, il n'a pas ouvert la bouche » (Es 53, 7).
 Hâte-toi, ô mon âme, hâte-toi d'aller te laver dans ce sang divin.
 Quand je vous vois, ô mon bien-aimé Seigneur, meurtri dans tous vos membres par amour pour moi, je ne puis douter de votre amour, de votre immense amour. Chacune de vos plaies n'en est-elle pas une preuve évidente? Et votre immense amour n'a-t-il pas droit, à juste titre, à tout le mien? Et puisque vous me donnez tout votre Sang, sans vous en réserver une seule goutte, ne dois-je pas vous donner en retour mon coeur tout entier et sans réserve? Daignez l'accepter, et faites qu'il vous soit à jamais fidèle.
 3. Ô ciel! Quand Jésus Christ, par amour pour moi, n'aurait enduré qu'un seul coup de fouet, je devrais brûler d'amour pour lui, dans cette pensée: « Un Dieu consentit à se laisser battre pour moi! » Mais il ne se contenta pas de recevoir un seul coup de fouet; il voulut, en expiation de mes péchés, être frappé jusqu'à ce que toutes ses chairs fussent broyées, comme l'avait annoncé le prophète: « Il a été broyé à cause de nos iniquités » (Es 53, 5), broyé au point d'avoir, par le nombre de ses blessures, l'aspect d'un lépreux couvert de plaies des pieds à la tête: « Nous l'avons regardé comme un lépreux » (Es 53, 4).
 Recueille-toi donc, ô mon âme, réfléchis que, durant toute sa flagellation, Jésus pensait à toi, et qu'il l'offrait à Dieu le Père son cruel supplice pour t'arracher aux peines éternelles de l'enfer. Ô Dieu de charité, comment ai-je pu, par le passé, vivre si longtemps sans vous aimer? Ô plaies de Jésus, blessez-moi d'amour pour un Dieu qui m'a tant aimé.
 Ô Marie, ma Mère, je vous en supplie, obtenez qu'enfin j'aime Jésus.

 

 

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