6. JEUDI DE LA PASSION

JÉSUS EST COURONNÉ D'ÉPINES ET TRAITÉ COMME UN ROI DE THÉÂTRE

 

 1. De la salle où Jésus avait été flagellé, les soldats passèrent dans celle du Tribunal. Une seconde fois, ils dépouillent Jésus de ses vêtements; pour attirer sur lui les moqueries de la foule, et le traiter en roi de théâtre, que font-ils? En guise de pourpre royale, ils lui jettent sur les épaules un vieux manteau de couleur rouge; pour sceptre, ils lui mettent à la main un roseau; pour couronne, ils disposent à la façon d'un casque autour de sa tête sacrée un faisceau d'épines. « L'ayant dépouillé, ils jetèrent sur lui un manteau d'écarlate. Ils tressèrent une couronne d'épines, qu'ils posèrent sur sa tête, et lui mirent un roseau dans la main droite » (Mt 27, 28-29). De toute la force de leurs mains, ils pressent les épines; mais la pointe ne s'enfonce pas aussi profondément qu'ils le voudraient: ils saisirent le roseau et s'en servent comme d'un marteau pour faire pénétrer plus avant les terribles épines. « Tout en lui crachant au visage, disent encore les évangélistes, ils prenaient le roseau et frappaient à coups redoublés la tête de Jésus » (Mt 27, 30).
 C'est donc ainsi, ingrates épines, que vous avez l'audace de transpercer votre Créateur! Mais de quelles épines s'agit-il? Ah! Il s'agit d'autres épines mille fois plus cruelles que celles de la couronne! C'est vous, ô mes mauvaises pensées, ô mes pensées criminelles, qui transperçâtes la tête de mon Rédempteur!
 Mon Jésus, je hais et je déteste plus que la mort ces pensées perverses si souvent consenties, hélas! – pensées qui vous ont tant contristé, tant torturé, vous, ô mon Dieu, la Bonté même! Vous me faites connaître l'infinité de votre amour: je ne veux plus aimer que vous seul, ô mon Jésus!
 2. Ô Dieu! Quel spectacle! De la tête transpercée de Jésus le sang coule en abondance sur son beau visage et sur sa poitrine, et vous, mon bien-aimé Sauveur, vous ne laissez pas même échapper une plainte contre tant d'injustes cruautés! Vous êtes en toute vérité le Roi du ciel et de la terre; mais maintenant vous êtes réduit, ô mon Jésus, à jouer le rôle de roi de mépris et de douleur, devenu la fable de tout Jérusalem. Vous vous êtes fait un devoir de réaliser la prophétie de Jérémie:
 « Il présentera sa joue à celui qui le frappe, « Il sera rassasié d'opprobres » (Lm 3, 30).
 Ô Jésus, mon Amour, autrefois je vous ai méprisé: maintenant je vous préfère à tout, je vous aime de tout mon coeur, et je désire mourir pour votre amour.
 3. Ô mon Jésus, ils sont vraiment insatiables de tourments et de moqueries, ces hommes pour qui vous souffrez! Car, après vous avoir déjà tant torturé, après vous avoir habillé comme un roi de théâtre, ils viennent se prosterner devant vous, et, d'un ton railleur, vous dire: « Salut, roi des Juifs! » Ensuite, avec de grands éclats de rire et des paroles outrageantes, ils vous donnent des soufflets qui redoublent les lancinantes douleurs de la tête déjà transpercée par les épines: « Fléchissant le genou devant lui, ils lui disaient par dérision: Salut, roi des Juifs! Ils lui donnaient aussi des soufflets » (Mt 27, 29).
 Toi, du moins, ô mon âme, va reconnaître Jésus pour ce qu'il est, pour le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Tu le vois maintenant devenu roi de douleur par amour pour toi: hâte-toi de le remercier et de l'aimer.
 Je vous en supplie, ô mon Jésus, oubliez toutes les amertumes dont je vous ai abreuvé. Car, enfin, je vous aime plus que moi-même. Vous seul méritez tout mon amour: c'est donc vous seul que je veux aimer. Je redoute ma faiblesse: mais j'attends de vous la force d'être fidèle.
 Cette même force, ô Marie, je l'attends de vos prières.

 

 

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