1. Aussitôt après la proclamation de la sentence de mort, les soldats saisissent Jésus; pour la seconde fois, ils lui arrachent violemment son lambeau de pourpre; ils le revêtent de ses propres habits, afin de le conduire au Calvaire, où sont habituellement exécutés les malfaiteurs. « Ils lui ôtèrent la chlamyde, dit saint Matthieu, lui remirent ses vêtements et l'emmenèrent pour le crucifier » (Mt 27, 31). Ils prennent ensuite deux pièces de bois brut, en font à la hâte une croix, la jettent sur les épaules de Notre Seigneur et lui commandent de la porter jusqu'au lieu du supplice. Quelle barbarie! Faire porter au condamné le gibet sur lequel il doit mourir!
Ô mon Jésus, tout cela vous échoit en partage, parce que vous avez pris sur vous l'expiation de mes péchés.
2. Jésus ne repousse pas la croix; il l'embrasse, au contraire, avec amour: n'est-elle pas l'autel sur lequel il va sacrifier sa vie pour le salut des hommes? « Jésus, portant sa croix, arriva hors de la ville au lieu nommé Calvaire » (Jn 19, 17).
Regardez les condamnés sortir du palais de Pilate: au milieu d'eux s'avance Jésus, chargé de l'instrument de son supplice. Ô spectacle qui frappe de stupeur le ciel et la nature: le Fils de Dieu marcher à la mort pour ces mêmes hommes qui le font mourir! Ne l'avait-il pas lui-même annoncé par son prophète:
« Moi, j'étais comme un agneau familier, « Qu'on mène à la boucherie? » (Jr 11, 19).
Sur la route du Calvaire, l'état de Jésus était si lamentable que les femmes ne pouvaient le regarder sans fondre en larmes: « Elles pleuraient, dit saint Luc, et gémissaient sur lui » (Lc 23, 27).
Mon bien-aimé Rédempteur, par les mérites de votre douloureux voyage, donnez-moi la force de porter ma croix, avec patience. Toutes les douleurs, tous les mépris que vous me destinez, je les accepte volontiers; ne les avez-vous pas rendus dignes d'amour et remplis de douceur en les embrassant le premier pour notre salut? Donnez-moi la force de les supporter sans trouble, dans une paix parfaite.
3. Regarde passer, ô mon âme, ton Sauveur condamné comme un malfaiteur; vois comme il s'avance, le sang ruisselant de ses plaies ouvertes, – la tête couronnée d'épines, – la croix sur les épaules. Hélas! À chaque mouvement qu'il fait se renouvelle la douleur de chacune de ses blessures. La croix n'attend pas le crucifiement pour le tourmenter: dès maintenant, elle meurtrit ses épaules déchirées déjà par les fouets de la flagellation; à la façon d'un manteau, elle enfonce plus avant les épines de la couronne. Ô ciel! À chaque pas, quelles tortures! Mais n'omettons pas de considérer avec quels sentiments d'amour Jésus fait ce voyage qui le mène au Calvaire, c'est-à-dire à la mort avide de voir arriver sa proie.
Ah! Mon Jésus, vous allez mourir pour nous! Par le passé, je vous ai souvent tourné le dos, je voudrais en expirer de regret! À l'avenir, je n'aurai plus jamais le triste courage de vous abandonner; c'est ma ferme résolution, ô mon Rédempteur, mon Dieu, mon Amour, mon Tout!