Les troubles du spectre de l’autisme (TSA), plus communément appelé « autisme », touchent des millions de personnes dans le monde. Ces troubles neurologiques affectent principalement les capacités d’interaction sociale et de communication avec autrui. Des comportement compulsifs et répétitifs peuvent également être des symptômes révélateurs.
Les individus atteints d’autisme ont longtemps été marginalisés. Leur excentricité dérangeait la bienséance, et nombre d’entre eux ont été persécutés et enfermés dans des hôpitaux psychiatriques.
Mais les personnes atteintes d’autisme peuvent toujours se tourner vers Dieu, et puiser la force de surmonter ces obstacles dans la foi.
L’autisme est toujours extrêmement difficile à diagnostiquer. Cela est d’autant plus complexe dans le cas des saints car leur mode de vie est encore assez mystérieux. Mais pour ceux dont nous allons parler ci-dessous, le diagnostic de l’autisme aurait très probablement été positif s’ils avaient été examinés à notre époque.
Frère Junipero Serra fut l’un des premiers disciples de saint François d’Assise. Apprécié pour sa dévotion et son humilité, il éprouvait toutefois des difficultés à bien se comporter en société.
Un jour, alors qu’il rendait visite à un moine malade, frère Junipero demanda s’il pouvait lui être utile. Le moine déclara que manger des pieds de cochon le réconforterait beaucoup. Frère Junipero, soucieux d’apporter son aide au moine mal en point, prit un couteau dans la cuisine et partit dans la forêt. Il tomba sur un troupeau de cochons, coupa le pied de l’un d’entre eux et retourna hâtivement chez le moine pour le cuisiner, laissant le reste de l’animal dans la forêt. Caché derrière un arbre, l’homme chargé de surveiller les cochons assista à la scène et s’empressa de tout raconter à son maître.
Lorsque saint François fut informé, il réprimanda frère Junipero, qui ne comprit pas du tout pourquoi le propriétaire des cochons était contrarié. Dans son esprit, son geste était charitable et il n’y avait absolument rien de mal à couper le pied d’un cochon pour venir en aide à quelqu’un. L’humilité et l’honnêteté du frère Junipero parvinrent à calmer la colère du maître.
D’autres histoires similaires illustrent la difficulté du frère Junipero à se conformer aux règles sociales, et laissent penser qu’il ait pu être atteint d’autisme. Mais ses difficultés ne l’empêchèrent jamais d’être apprécié de saint Francois d’Assise, qui répétait d’ailleurs souvent : « Si seulement je pouvais avoir toute une forêt de Juniperos comme lui ».
Léonie était une enfant difficile, peu séduisante et à la santé fragile. Sa mère, sainte Zélie Martin, écrit dans une lettre à sa belle soeur : « Cette pauvre enfant m’inquiète. Elle n’écoute rien, et semble être mentalement attardée ».
Le comportement perturbateur de Léonie lui valut d’être renvoyée de l’école à plusieurs reprises. Zélie ne parvenait pas à la discipliner, et ce n’est qu’à la suite de plusieurs tentatives que sa belle-sœur comprit comment appréhender la petite fille. Dans une lettre adressée à Zélie, elle lui dit : « Je suis ravie des progrès de Léonie. Malgré son obstination et son mauvais caractère, c’est une enfant loyale, qui n’a pas peur d’affronter les difficultés. Elle a une volonté de fer, et est prête à tout pour atteindre son objectif ».
Léonie dut faire face à ces difficultés tout au long de sa vie. Mais grâce à sa persévérance et à au soutien de Sœur Thérèse, elle parvint à mener une vie normale et appris même la première partie des « petite voix » de la sainteté. En l’honneur de ses nombreux combats, la « Ligue Léonie pour l’aide aux personnes autistes » l’a choisie comme sainte patronne.
Joseph fut incompris et ridiculisé par son entourage tout au long de sa vie. On se moquait de ses visions fréquentes et de ses soudains éclats de colère. De plus, Joseph était très distrait, maladroit, et sensible à son environnement. Lorsque la sonnerie de l’école retentissait, il arrivait souvent que Joseph sursaute brusquement et laisse tomber tous ses livres.
Joseph avait toujours la bouche entrouverte, ce qui lui valu le surnom de « bouche ouverte ». Il ne lisait pas très bien, et avait beaucoup de mal à se concentrer. Il lui arrivait également d’oublier de manger son déjeuner. Mais Joseph n’était pas gêné par son absence de progrès en matière d’éducation. Malgré ses difficultés, il souhaitait entrer dans un monastère. Joseph pensait qu’en tant que franciscain, il pourrait au moins mendier son pain.
Cette expérience ne fut pas une réussite non plus. La communauté franciscaine ne le comprenait pas, et sa maladresse constante rendaient les choses très difficiles. Il se fit renvoyer du monastère, mais n’ayant nulle part où aller, il implora les Franciscains de le garder et de l’employer en tant que domestique. Les Franciscains acceptèrent. Il fut alors enrôlé dans le Tiers-Ordre, et fut chargé de s’occuper de la mule du monastère.
Joseph ne ménagea pas ses efforts, et finit par gagner la reconnaissance de la communauté. Il fut ordonné prêtre et est aujourd’hui connu pour sa capacité à léviter tout en disant la messe (il fallait même l’attacher à une corde pour ne pas qu’il se cogne au plafond de l’église !).
En dépit de son manque d’instruction, de sa maladresse, et de ses difficultés à accomplir des tâches simples, Joseph était plébiscité pour sa piété, son honnêteté et son humilité.
Source Aleteia