Dialogues du Pape saint Grégoire le Grand

Vie et miracles du saint Abbé Benoît / 11

XI - Un moine enfant tombe d'un mur et se relève aussitôt, indemne.

 1. Autre fait du même genre: un jour que les frères surélevaient quelque peu un mur parce qu'il le fallait ainsi pour répondre aux exigences, l'homme de Dieu prolongeait la prière à laquelle il se livrait entre les murs de sa cellule. L'antique ennemi lui apparut alors, l'insulte à la bouche, lui signifiant qu'il allait voir les frères au travail, ce dont l'homme de Dieu s'empressa de les informer au plus vite en leur faisant dire par un messager: "Frères! Agissez avec la plus grande prudence parce que l'esprit malin est en train de venir vers vous à cette heure même!" Celui qui transmettait cet ordre avait à peine achevé de parler que l'esprit malin renversa le mur qu'on construisait et dans sa chute, il écrasa un moine, un jeune garçon, fils d'un magistrat, qui fut enseveli sous les décombres. Tous en furent attristés et profondément affligés, non pas à cause de la ruine du mur mais à cause de l'écrasement de ce frère. Leur premier souci fut d'avertir au plus vite le vénérable Père Benoît, lui annonçant la nouvelle avec grande douleur.

2. Alors le Père ordonna qu'on lui apporte le corps de l'enfant mis en pièces. Et ils ne purent le porter qu'en le mettant dans un sac parce que l'avalanche de pierres lui avait écrasé non seulement les membres mais aussi les os. L'homme de Dieu ordonna aussitôt qu'on le mette sur la natte de sa cellule là où il avait coutume de prier puis ayant mis les frères dehors, il s'enferma dans sa cellule. Alors il se plongea dans la prière avec plus d'insistance que d'habitude. Et merveille! A l'heure même, sain et sauf, aussi vaillant qu'avant l'accident, il envoya ce moine reprendre son travail pour que lui aussi achève de construire le mur avec les frères, lui dont le meurtre aurait permis à l'antique ennemi d'insulter Benoît du moins comme il le croyait.

 

Vie de saint Benoît de Monte Oliveto Maggiore

Benoît brise un verre de vin empoisonné en faisant le signe de croix.

Comme la plupart des autres scènes, celle-ci décrit trois phases du même épisode, divisant la fresque en trois bandes verticales. Dans la première section, à gauche, le réfectoire où les moines, qui commencent à se repentir d'avoir choisi le rigoureux saint Benoît comme abbé, lui ont présenté un verre de vin empoisonné. En récitant le bénédicité au-dessus du breuvage, Saint Benoît fait éclater le verre, au grand dam des moines. Dans la seconde section, au centre, par la porte du couloir qui mène aux cuisines et sur le seuil de laquelle un chat blanc observe la scène, on voit deux moines qui choisissent les plantes qui vont être utilisées pour empoisonner leur abbé. Un troisième se tient sur le seuil de la cuisine, prêt à préparer le breuvage. Dans la troisième section, saint Bernard, nu-pieds, reprend son bâton de marche et quitte le monastère par la droite. La composition est rythmée par les colonnes qui séparent les différents espaces. Bien que déséquilibrée par la scène du réfectoire où se pressent six personnages, le tableau est ingénieusement balancé par la seule présence du chat blanc, qui fixe et répartit de regard du spectateur et autour duquel s'articulent les trois phases de l'action, dont la répartition dans l'espace ne respecte aucune chronologie. Contrairement aux scènes précédentes, les visages ne font pas l'objet ici d'un traitement particulier et constituent plutôt des types. Saint Benoît, quant à lui, ne ressemble en rien au personnage des épisodes précédents.

Source: wikipedia

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