Saint Basile le Grand

Docteur de l'Église

2 JANVIER

Basile naquit à Césarée, l'an 329, d'une famille où la sainteté était héréditaire ; son père et sa mère, deux de ses frères, une de ses sœurs, sont placés au rang des saints. Un seul défaut paraissait dans cet enfant de prédilection, sa faible santé ; elle se rétablit pourtant, grâce aux prières de ses parents.

Doué d'un heureux génie, Basile s'éleva vite au niveau des grands hommes : « Il était, dit son ami Grégoire de Nazianze, au-dessus de son âge par son instruction, au-dessus de son instruction par sa vertu ; il était rhéteur avant d'avoir étudié l'art des rhéteurs, philosophe avant d'avoir étudié la philosophie, prêtre avant d'avoir reçu le sacerdoce. » Ses aptitudes universelles, sa rare modestie, ses vertus éminentes, lui conciliaient l'estime et l'admiration de tous.

À vingt-trois ans, il parut à Athènes et se lia avec Grégoire de Nazianze, au point que tous les deux ne faisaient qu'un cœur et qu'une âme. De retour en son pays, les applaudissements qu'il reçut l'exposèrent à une tentation de vaine gloire dont il fut si effrayé, qu'il embrassa l'état monastique pour y vivre dans l'oubli du monde et la pénitence ; il fonda plusieurs monastères, écrivit des ouvrages ascétiques très estimés et traça des règles de vie religieuse demeurées célèbres.

Un très léger repas par jour, un sommeil très court, de longues veilles, un vêtement léger par les temps les plus froids, tel était l'ordinaire de ce saint austère, « dont la pâleur, dit saint Grégoire, annonçait un mort plutôt qu'un vivant. » Basile eut à souffrir d'infirmités continuelles ; dans le temps de sa meilleure santé, dit-il lui-même, il était plus faible que ne sont les malades abandonnés des médecins.

Le zèle contre l'hérésie d'Arius le fit un jour sortir de sa retraite, et bientôt il courbait la tête sous le fardeau de l'épiscopat. Ni les intrigues, ni les menaces n'eurent jamais prise sur cette grande âme. Un préfet le mande un jour et lui enjoint d'obéir à un prince arien, sous peine de confiscation de ses biens, de l'exil, des tourments, et de mort : « Faites-moi d'autres menaces, dit Basile, car il n'y a rien là que je puisse craindre ; le premier coup suffira pour achever mes peines ; la mort m'unira à mon Dieu. » L'empereur dut s'avouer vaincu.

Le saint pontife mourut en 379 à cinquante ans, ne laissant pas de quoi se faire élever un tombeau de pierre.

HOMÉLIE DE S. GRÉGOIRE DE NAZIANZE POUR LA MORT DE S. BASILE

Nous étions ensemble à Athènes. Comme le courant d’un fleuve, à partir d’une source unique, se divise en plusieurs bras, Basile et moi, nous nous étions séparés pour aller chercher le savoir dans des régions différentes. Mais nous nous sommes retrouvés comme à la suite d’un rendez-vous, alors que c’était Dieu qui nous menait. ~

Non seulement je portais personnellement à mon grand Basile beaucoup de respect parce que je voyais en lui une conduite sérieuse et une parole avisée, mais j’essayais aussi d’inspirer le même sentiment aux autres, qui n’avaient pas eu l’occasion de le connaître. Car pour beaucoup il était déjà digne de vénération, parce que sa réputation l’avait devancé.

Le résultat de cela ? C’est qu’il fut à peu près le seul, de tous ceux qui venaient étudier à Athènes, qui échappa à la loi commune en jouissant d’une estime supérieure à celle qui revient à un nouveau venu. Ce fut le début de notre amitié ; de là est née l’étincelle qui nous a unis ; c’est ainsi que nous avons reçu la blessure de notre amitié mutuelle. ~

Au bout d’un certain temps, nous nous étions avoué notre passion commune pour la philosophie : nous n’avions d’ardeur que pour elle. Alors nous fûmes tout l’un pour l’autre, ayant même toit, même table, même vie, même horizon, unissant chaque jour notre commun désir avec plus de chaleur et plus de force. ~

Nous étions conduits par les mêmes espérances envers la richesse la plus enviée : la science. Mais il n’y avait entre nous aucune envie, nous ne cherchions que l’émulation. Il y avait lutte entre nous deux, non pas à qui obtiendrait la première place, mais comment chacun la céderait à l’autre. Car chacun considérait l’éloge obtenu par l’autre comme étant le sien.

On aurait cru que nous avions à nous deux une seule âme, responsable de deux corps. Et s’il ne faut pas croire ceux qui prétendent que tout est dans tout, il faut nous croire quand nous disons que nous étions l’un dans l’autre et l’un auprès de l’autre.

Nous n’avions tous deux qu’une seule affaire : la vertu, et notre vie était dirigée vers les espérances futures, pour nous préparer à quitter ce monde en y renonçant déjà. C’est dans cette perspective que nous organisions toute notre vie et notre manière de faire. Nous nous laissions conduire par la loi de Dieu, en nous stimulant mutuellement à l’amour de la vertu. Et si ce n’est pas trop me vanter que de le dire, chacun de nous était pour l’autre une règle et un modèle permettant de distinguer le bien et le mal. ~

Chacun porte un surnom qui lui vient de ses parents ou de son propre fonds, d’après ses goûts particuliers ou ses occupations. Mais pour nous, la grande affaire et le grand nom, c’était d’être chrétiens et d’en porter le nom.