Sainte Urszula Ledóchowska

(dans le siècle Julie Ledóchowska)
Vierge et fondatrice des :
« Ursulines du Cœur de Jésus Agonisant ».

29 mai

« Pourvu que je sache aimer ! me laisser brûler, consumer par l’amour » ainsi écrit Julie Ledóchowska, âgée de 24 ans, novice dans le couvent des Ursulines à Cracovie, à la veille de ses vœux religieux. Le jour de sa profession elle prend le nom de Marie Ursule de Jésus et ces paroles deviennent la trame de toute sa vie.

Julie Ledóchowska, naît le 17 avril 1865 à Loosdorf (Autriche) d’une mère de nationalité suisse, descendante d’une ancienne famille chevaleresque, les Salis. Le père est issu d’une très ancienne famille polonaise, qui a donné naissance à des hommes d’état, des militaires et des ecclésiastiques liés à l’histoire de l’Europe et de l’Église. Julie et sa nombreuse fratrie grandissent, entourés de l’amour de leurs parents à la fois tendre et exigeant. Les trois aînés choisissent la voie de la vie consacrée. Marie Thérèse, béatifiée en 1975, fonde la « Sodalité de Saint Pierre Claver » et le frère cadet Vladimir, devient supérieur général de la Compagnie de Jésus.

Mère Ursule vit 21 ans dans le couvent de Cracovie. Son entourage est sensible à son amour de Dieu, son talent d’éducatrice, son attention aux besoins des jeunes filles en cette époque de changements sociaux, politiques et d’évolution des mœurs. C’est alors que les femmes accèdent à l’Université Jagellon. Mère Ursule ouvre le premier internat d’étudiantes en Pologne donnant aux jeunes filles un lieu de vie sûr, ainsi qu’une formation religieuse.

Avec la bénédiction de saint Pie X (Giuseppe Melchiorre Sarto, 1903-1914) elle est envoyée en compagnie d’une autre sœur à Saint Petersburg au cœur de la Russie hostile à l’Église catholique. Habillée en civil, la vie religieuse étant interdite en Russie, elle poursuit son travail éducatif, toujours attentive à la vie des jeunes. En quittant Cracovie Mère Ursule ne sait pas que l’Esprit Saint la conduit sur un chemin qu’elle ignore. A Saint Petersburg, la communauté grandissante est érigée en maison autonome. Les sœurs vivent leur vie religieuse dans la clandestinité. En dépit d’une surveillance policière permanente, elles sont engagées dans un travail d’éducation, de formation religieuse, dans un souci de rapprochement entre Polonais et Russes.

En 1914 la première guerre mondiale éclate. Mère Ursule expulsée de la Russie, s’exile à Stockholm. Lors de son périple scandinave, Suède, Danemark, Norvège, outre son travail éducatif, Mère Ursule s’engage dans la vie de l’église locale, l’aide aux victimes de la guerre et l’œcuménisme.

La communauté de Mère Ursule devient un lieu de soutien pour les personnes de différentes orientations politiques et religieuses. Son patriotisme fervent va de pair avec une ouverture à la différence et à la diversité. Interrogée sur son orientation politique, elle répond sans hésitation : « ma politique c’est l’amour ».

En 1920 Mère Ursule rentre en Pologne avec les sœurs et un groupe important d’orphelins, leurs parents étaient des émigrés polonais. Le couvent autonome est transformé par le Saint Siège en Congrégation apostolique : « Ursulines du Cœur de Jésus Agonisant ».

La spiritualité de la Congrégation est centrée sur la contemplation de l’amour rédempteur du Christ. Les sœurs participent à sa mission de salut par l’éducation, l’enseignement et le service des personnes souffrantes, délaissées, marginalisées, en quête du sens de la vie.

Mère Ursule forme les sœurs à l’amour inconditionnel de Dieu. « Elles aimeront en Dieu chaque personne et toute créature ». La sérénité, le sourire, l’humilité et la capacité de vivre la vie quotidienne ordinaire sont pour elle un chemin privilégié de sainteté. C’est un témoignage particulièrement crédible d’union au Christ, un moyen d’évangélisation et d’éducation. Elle-même en est un exemple.

Le développement de la Congrégation est rapide. Plusieurs communautés de sœurs sont fondées en Pologne, et aux confins du pays, à l’est, région pauvre habitée par une population de nationalité et de religions diverses. En 1928 la maison généralice est fondée à Rome ainsi qu’un internat. Son but est de donner la possibilité aux jeunes filles peu fortunées de connaître les richesses spirituelles et culturelles de l’Église et de l’Europe. Les sœurs s’engagent aussi auprès des pauvres d’une banlieue de Rome.

En 1930, les sœurs accompagnent des jeunes filles en recherche de travail en France. Partout où cela est possible, Mère Ursule crée des lieux d’éducation et d’enseignement. Elle envoie les sœurs dans la catéchèse et dans des quartiers pauvres. Elle crée des éditions pour les enfants et les jeunes, écrit des articles et des livres. Elle initie et soutient différents mouvements : le Mouvement Eucharistique des enfants et d’autres pour les jeunes et les femmes. Mère Ursule participe activement à la vie de l’Église et de son pays dont elle reçoit de hautes distinctions. Quand sa vie laborieuse et difficile s’éteint, le 29 mai 1939 à Rome, les gens s’exclament : « une sainte est morte »

Urszula Ledóchowska a été béatifiée le 20 juin 1983, à Poznań en Pologne, et canonisée le 18 mai 2003 à Rome, par le même pape : Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005).

Avec Urszula ont été canonisés 3 autres bienheureux : le compatriote Józef Sebastian Pelczar, Evêque de Przemysl, fondateur de la Congrégation des Servantes du Sacré-Cœur de Jésus; deux italiennes: Maria De Mattias, vierge, fondatrice de la Congrégation des Sœurs adoratrices du Sang du Christ; Virginia Centurione Bracelli, laïque, fondatrice des Sœurs de Notre-Dame du Refuge sur le Mont Calvaire et des Sœurs Filles de Notre-Dame au Mont Calvaire.