Saint Turibio de Mogrovejo

Archevêque de Lima
(✝ 1606)

23 mars

Né en 1538 en Espagne dans la province de Léon, Turibio est nommé, bien que laïc, président du tribunal de l’inquisition à Grenade par le roi Philippe II en 1572.

Huit ans plus tard, toujours laïc, il est nommé archevêque de Lima, capitale de la colonie espagnole du Pérou. Il reçoit la prêtrise et s’embarque pour son diocèse. Celui-ci est immense et son clergé peu nombreux et de piètre qualité, la population misérable et exploitée par les colons. Turibio parcourt inlassablement son diocèse prenant contact avec tous, et soulageant de son mieux les indiens ; il s’attache à la réforme du clergé, fonde des séminaires, réunit des synodes. Il est mort en 1606.
(extrait de Théo)

Le contexte du travail catéchétique de Saint Turibio

Le 16ème siècle est une époque où les dirigeants de l’Europe vont à la conquête du monde. Pouvoir temporel et religion sont étroitement liés ; aussi cette conquête s’appuie-t-elle sur la religion et le clergé. L’Espagne envoie Turibio au Pérou et à la même époque le Portugal envoie François Xavier en Inde.

Nous avons peu d’écrits provenant de Turibio ; par contre, François Xavier a écrit de nombreuses lettres notamment aux grands de ce monde. Il leur fait de vifs reproches sur la manière dont ils établissent leur puissance sur les pays conquis.

« Votre Altesse n’exerce pas uniquement sa puissance dans l’Inde pour y accroître la foi du Christ : elle exerce aussi sa puissance pour saisir et pour posséder les richesses temporelles de l’Inde. » (lettre écrite à Cochin le 26 janvier 1549 à l’attention de Jean III, roi du Portugal ; correspondance 1535-1552, lettres et documents, Desclée de Brouwer)

« Que notre Seigneur fasse sentir à Votre Altesse, à l’intérieur de son âme, sa très sainte volonté et qu’il lui donne sa grâce pour l’accomplir, de la façon dont Votre Altesse se réjouira de l’avoir faite à l’heure de sa mort quand Votre Altesse sera en train de rendre compte à Dieu de toute sa vie passée. » (lettre écrite à Ternate en août – septembre 1546 à l’attention de Jean III, roi du Portugal, correspondance 1535-1552, lettres et documents, Desclée de Brouwer)

On peut imaginer sans peine que le contexte indien peint par François Xavier est le même au Pérou. C’est donc dans ces circonstances que Turibe agit ; il ne craint pas d’aller contre la manière de faire du roi Philippe II. Il souhaite éduquer les esprits pour que les hommes prennent conscience de leur dignité et ainsi les rendre à leur liberté.

La sensibilité spirituelle de Saint Turibio

« Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
Ton serviteur, le fils de ta servante,
Moi, dont tu brisas les chaînes ? »
(Psaume 115, 16)

Saint Turibio se veut avant tout serviteur de l’Eglise fondée et établie par les apôtres ; il marche à la suite de Pierre et Paul. Il se met au service des plus pauvres.

Il partage sans le savoir avec François Xavier cette idée : « Réjouissez-vous d’entendre dire et de savoir que Dieu a, en créant, fait toutes les choses pour le service des hommes. » (cf. lettre écrite à Ternate, août -– septembre 1546).

Dieu a créé la terre et tout ce qu’elle renferme pour chacun d’entre nous. Il donne à l’homme tout ce qu’il lui faut pour qu’il respire, mange et boive, œuvre avec ses mains et son intelligence et qu’il transmette la vie de mille manières. Dieu est le premier serviteur de l’homme. Avec Turibio, nous devrions trouver de la joie à être serviteur comme Dieu l’est pour nous.

Et moi, puis-je nommer les lieux et les situations où je me sens « au service », où je mets ma personne, mes qualités et mes compétences, à disposition des autres ?

Quels sont les fruits que je peux percevoir pour moi et pour les autres ?

Comment me font-ils grandir ?