CHEMIN DE CROIX



1 — JÉSUS EST CONDAMNÉ À MORT PAR PILATE


   « Jésus est debout devant le gouverneur romain »: Stetit ante praesidem (Matth. XXVII, II). Il est debout, parce que, second Adam, il est le chef de toute la race qu'il va racheter par son immolation. Le premier Adam avait, « par son péché, mérité la mort »: Stipendia enim peccati mors (Rom. VI, 23). Jésus, innocent, mais chargé des péchés du monde, doit les expier par son sacrifice sanglant. Les princes des prêtres, les pharisiens, son propre peuple « l'entourent comme des taureaux furieux » (Ps. XXI, 13). Nos péchés crient par leurs clameurs et exigent tumultueusement la mort du juste: Toile, toile, crucifige eum (Joan. XIX, 5)!   Le lâche gouverneur romain « leur livre la victime pour qu'elle soit attachée à la croix »: Tradidit eis ilium ut crucifigeretur (Ibid. 16).
   Que fait Jésus? S'il est debout parce qu'il est notre chef; si, comme dit S. Paul, « il rend témoignages » (I Tim. VI, 13) de la vérité de sa doctrine, de la divinité de sa personne et de sa mission, il s'abaisse cependant intérieurement devant l'arrêt prononcé par Pilate; il lui reconnaît un pouvoir authentique: Non haberes potestatem adversum me ullam, nisi tibi daturn esset desuper (Joan. XIX, II). Dans cette puissance terrestre, indigne mais légitime, Jésus voit la majesté de son Père. Et que fait-il? « Il se livre plus qu'il n'est livré »: Tradebat judicanti se injuste (I Petr. II, 23). Ils'humilie en obéissant jusqu'à la mort; il accepte volontairement pour nous, afin de nous rendre la vie, la sentence de condamnation: Oblatus est quia ipse voluit (Isa. LIII, 7). « De même que la désobéissance d'un seul homme, Adam, a entraîné la perte d'un grand nombre, ainsi l'obéissance d'un seul, le Christ Jésus, les rétablira dans la justice » (Rom. V, 19).
   Nous devons nous unir à Jésus dans son obéissance, accepter tout ce que notre Père des cieux nous imposera par qui que ce soit, un Hérode ou un Pilate, du moment que leur autorité est légitime. — Acceptons aussi, dès maintenant, la mort, en expiation de nos péchés, avec toutes les circonstances dont il plaira à la Providence de l'entourer; acceptons-la comme un hommage rendu à la justice et à la sainteté divines outragées par nos fautes; unie à celle de Jésus, elle deviendra « précieuse aux yeux du Seigneurs » (Ps. CXV, 15).
Mon divin Maître, je m'unis à votre coeur sacré dans sa soumission parfaite et son abandon entier aux volon­tés du Père. Que la vertu de votre grâce produise en mon âme cet esprit de soumission qui me livre sans réserve et sans murmure au bon plaisir d'en haut, à tout ce qu'il vous plaira de m'envoyer à l'heure où je devrai quitter ce monde.