CHEMIN DE CROIX



II. — JÉSUS EST CHARGÉ DE SA CROIX


   « Pilate leur livra Jésus pour être crucifié, et ils l'emmenèrent portant sa croix »: Bajulans sibi crucem (Joan. XIX, 17). Jésusavait fait un acte d'obéissance; il s'était livré aux volontés de son Père, et maintenant, le Père lui montre ce que l'obéissance lui impose: c'est la croix. Il l'accepte comme venant des mains de son Père, avec tout ce qu'elle comporte de douleurs et d'ignominies. En cet instant, Jésus acceptait le surcroît de souffrances qu'apportait ce lourd fardeau à ses épaules meurtries, les tortures indicibles dont ses membres sacrés seraient affligés au moment de la crucifixion; il acceptait les amers sarcasmes, les haineux blasphèmes, dont ses pires ennemis, en apparence triomphants, allaient l'accabler aussitôt qu'ils le verraient suspendu au gibet in­fâme; il acceptait l'agonie de trois heures, l'abandon de son Père... Nous n'approfondirons jamais l'abîme d'af­flictions auxquelles notre divin Sauveur a consenti en recevant la croix. — En ce moment aussi, le Christ Jésus, qui nous représentait tous, et qui allait mourir pour nous, acceptait la croix pour tous ses membres, pour chacun de nous: Vere languores nostros ipse tulit, et dolores nostros ipse portavit (Isa. LIII, 4). Il a uni alors aux siennes toutes les souffrances de son corps mystique; il leur a fait puiser dans cette union leur valeur et leur prix.
   Acceptons donc notre croix en union avec lui, comme lui, pour être de dignes disciples de ce chef divin; ac­ceptons-la sans raisonner, sans murmurer; si lourde qu'ait été pour Jésus la croix que le Père lui imposait, a-t-elle diminué son amour, sa confiance envers son Père? Bien au contraire. « Je boirai le calice d'amer­tume que mon Père me présente »: Calicem quem dedit mihi Pater, non bibam ilium? (Joan. XVIII, II).Qu'il en soit ainsi de nous. « Si quelqu'un veut être mon disciple, qu'il prenne sa croix et me suive ». Ne soyons pas de ceux que S. Paul appelle « ennemis de la croix de Jésus » (Philipp. III, 18). Prenons plutôt notre croix, celle que Dieu nous impose; dans l'acceptation généreuse de cette croix, nous trou­verons la paix: rien ne pacifie tant l'âme qui souffre, que cet abandon entier au bon plaisir de Dieu.

   Mon Jésus, j'accepte toutes les croix, toutes les contradictions, toutes les adversités que le Père m'a desti­nées; que l'onction de votre grâce me donne la force de porter ces croix avec le même abandon que vous nous avez montré en recevant la vôtre pour nous. « Que je ne cherche ma gloire qu'en la participation à vos souffrances! » (Gal. VI, 14).