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   « Comme ils sortaient, ils rencontrèrent un homme de  Cyrène nommé Simon qu'ils réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus » (Matth. XXVII, 32 Marc. XV,  21). — Jésus est épuisé; bien qu'il  soit le Tout-Puissant, il veut que sa sainte humanité, chargée de tous les  péchés du monde, éprouve le poids de la justice et de l'expiation. Mais il veut que nous l'aidions à  porter sa croix. Simon nous représente tous, et c'est à nous tous que le Christ  demande de partager ses souffrances: on n'est son disciple qu'à cette  condition. « Si quelqu'un veut marcher sur mes traces, qu'il prenne sa croix et  qu'il me suive. » Le Père a décidé qu'une part de douleurs serait laissée au  corps mystique de son Fils, qu'une portion de l'expiation serait subie par ses  membres: Adimpleo ea quae desunt passionum Christi in carne mea pro corpore  ejus, quod est Ecclesia (Col. I, 24). Jésus le veut  aussi, et c'est pour signifier ce décret divin qu'il a accepté l'aide du  Cyrénéen.
     Mais en même temps, il nous a mérité en ce moment la  grâce de la force pour soutenir généreusement les épreuves: il a mis dans sa  croix l'onction qui rend la nôtre tolérable; car en portant notre croix, c'est  bien la sienne que nous acceptons. Il unit nos souffrances à sa douleur, et il  leur confère, par cette union, une valeur inestimable, source de grands  mérites. « Comme ma divinité a attiré à soi, disait Notre-Seigneur à sainte  Mechtilde, les souffrances de mon humanité et les a faites siennes (c'est la  dot de l'épouse), ainsi je transporterai tes peines dans ma divinité, je les  unirai à ma passion, et je te ferai participer à cette gloire que mon Père a  conférée à ma sainte humanité pour toutes ses souffrances » (Le livre de la grâce  spéciale, IIe  partie, chap. XXXVI).
     C'est ce que S. Paul nous fait entendre dans sa lettre  aux Hébreux afin de nous encourager à tout supporter pour l'amour du Christ: «  Courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, les yeux fixés  sur Jésus, le guide et le consommateur de la foi; au lieu de la joie qui lui  était offerte, méprisant l'ignominie, il a souffert la croix, et, depuis lors,  il a mérité d'être assis à la droite du trône de Dieu. — Considérez celui qui a  supporté contre sa personne une  si grande contradiction de la part des pécheurs afin de ne pas vous laisser  abattre par le découragement » (Hebr. XII, 1-3).
Mon Jésus, j'accepte de votre main les parcelles que vous détachez pour moi de votre croix; j'accepte toutes les contrariétés, les contradictions, les peines, les douleurs que vous permettez ou qu'il vous plaît de m'envoyer; je les accepte comme part d'expiation; unissez ce peu que je fais à vos souffrances indicibles, car c'est d'elles que les miennes tireront tout leur mérite.
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