CHEMIN DE CROIX



VI. — UNE FEMME ESSUIE LE VISAGE DE JÉSUS


   La tradition rapporte qu'une femme, prise de compassion, s'approcha de Jésus et lui tendit un linge pour essuyer sa face adorable.
Isaïe avait prédit de Jésus souffrant qu' « il n'aurait plus ni forme ni beauté, qu'il serait rendu méconnais­sable »: Non est species ei, neque decor, nec reputa­vimus eum (Isa. LIII, 1-2). L'Évangile nous dit que les soldats lui don­naient d'insolents soufflets, qu'ils lui crachaient à la face; le couronnement d'épines avait fait découler le sang sur sa figure sacrée. Le Christ Jésus a voulu souf­frir tout cela pour expier nos péchés; « il a voulu nous guérir par les meurtrissures » qu'a subies sa face di­vine: Livore ejus sanati sumus.
   Étant notre frère aîné, il nous a rendu, en se substituant à nous dans sa passion, la grâce qui fait de nous les enfants de son Père. « Nous devons lui être semblables, puisque telle est la forme même de notre prédestination »: Conformes fieri inzaginis Filii sui (Rom. VIII, 29). Comment cela? Tout défiguré qu'il est par nos péchés, le Christ dans sa passion demeure le Fils bien-aimé, objet de toutes les complaisances de son Père. Nous lui sommes semblables en cela, si nous gardons en nous la grâce sanctifiante qui est le principe de notre simili­tude divine. Nous lui sommes semblables encore en pratiquant les vertus qu'il manifeste durant sa passion, en partageant l'amour qu'il porte à son Père et aux âmes, sa patience, sa force, sa mansuétude, sa douceur.

   Ô Père céleste, en retour des meurtrissures que votre Fils Jésus a voulu souffrir pour nous, glorifiez-le, élevez-le, donnez-lui cette splendeur qu'il a méritée lors­que sa face adorable a été défigurée pour notre salut.