CHEMIN DE CROIX



VIII. — JÉSUS PARLE AUX FEMMES DE JÉRUSALEM


   « Jésus était suivi d'une grande foule de peuple et de femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. Se tournant vers elles, Jésus dit: Filles de Jé­rusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants, car des jours viendront où l'on dira: Bienheureuses celles qui furent stériles... Et les hommes crieront aux montagnes: tombez sur nous... Car si le bois vert est ainsi traité, que fera-t-on du bois sec ? » (Luc. XXIII, 27-31).
   Jésus connaît les exigences ineffables de la justice et de la sainteté de son Père. Il rappelle aux filles de Jérusalem que cette justice et cette sainteté sont des perfec­tions adorables de l'Être divin. Lui, il est un « pontife saint, innocent, pur, séparé des pécheurs » (Hebr. VII, 26); il ne fait que se substituer à eux; et pourtant, voyez de quelles atteintes rigoureuses la divine justice le frappe. Si cette justice réclame de lui une expiation si étendue, quelle sera la force de ses coups contre les coupables qui auront obstinément refusé jusqu'au dernier jour d'unir leur part d'expiation aux souffrances du Christ? Horrendum est incidere in manus Dei viventis (Ibid. X, 31). Ce jour-là, la confusion de l'orgueil humain sera si profonde, le supplice de ceux qui n'auront pas voulu de Dieu si ter­rible que ces malheureux, rejetés loin de Dieu pour toujours, grinceront des dents de désespoir; ils deman­deront « aux collines de les couvrir », comme si elles pouvaient les dérober aux traits enflammés d'une justice dont ils reconnaissent avec évidence l'entière équité...
   Implorons la miséricorde de Jésus pour le jour redoutable où il viendra non plus en victime ployant sous le poids de nos péchés, mais en juge souverain « à qui le Père a remis toute puissance » (Cf. Matth. XXVIII, 18).

   Ô mon Jésus, faites-moi miséricorde! Ô vous, qui êtes la vigne, donnez-moi de demeurer uni à vous par la grâce et mes bonnes oeuvres, afin que je porte des fruits dignes de vous; que je ne devienne pas, par mes péchés, « une branche morte, bonne à être retran­chée et jetée au feu » (Cf. Joan .XV, 6).