Janvier - Mai - Septembre


Prologue

1 janvier - 2 mai - 1 septembre

1 Écoute, mon fils, les préceptes du Maître et prête l’oreille de ton cœur. Reçois volontiers l’enseignement d’un si bon père et mets-le en pratique, 2 afin de retourner par l’exercice de l’obéissance à celui dont t’avait éloigné la lâcheté de la désobéissance. 3 C’est à toi donc maintenant que s’adresse ma parole, à toi, qui que tu sois, qui renonces à tes volontés propres et prends les fortes et nobles armes de l’obéissance, afin de combattre pour le Seigneur Christ, notre véritable Roi.
4 Avant tout, demande-lui par une très instante prière qu’il mène à bonne fin tout bien que tu entreprennes ; 5 ainsi, après avoir daigné nous admettre au nombre de ses enfants, il n’aura pas sujet, un jour, de s’affliger de notre mauvaise conduite. 6 Car, en tout temps, il faut avoir un tel soin d’employer à son service les biens qu’il a mis en nous, que non seulement il n’ait pas lieu, comme un père offensé, de priver ses fils de leur héritage, 7 mais encore qu’il ne soit pas obligé, comme un maître redoutable et irrité de nos méfaits, de nous livrer à la punition éternelle, tels de très mauvais serviteurs qui n’auraient pas voulu le suivre jusqu’à la gloire.

2 janvier - 3 mai - 2 septembre

8 Levons-nous donc, enfin, l’Écriture nous y incite : « L’heure est venue, dit-elle, de sortir de notre sommeil ». (Rm 13, 11). 9 Ouvrons les yeux à la lumière divine. Ayons les oreilles attentives à la voix de Dieu qui nous crie chaque jour cet avertissement : 10 « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Ps 94, 8), 11 et ailleurs : « Qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises » (Ap 2, 3). 12 Et que dit-il ? « Venez, mes fils, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur. (Ps 33, 12). 13 Courez pendant que vous avez la lumière de la vie, de peur que les ténèbres de la mort ne vous saisissent ». (Jn 12, 35).

3 janvier - 4 mai - 3 septembre

14 Le Seigneur, cherchant son ouvrier dans la foule du peuple à laquelle il crie, dit encore : 15 « Quel est l’homme qui veut la vie et désire voir des jours heureux ? » (Ps 33, 13). 16 Que si, à cette demande, tu lui réponds : « C’est moi », Dieu te réplique : 17 « Si tu veux avoir la vie véritable et éternelle, interdis le mal à ta langue et à tes lèvres toute parole trompeuse ; détourne-toi du mal et fais le bien ; cherche la paix avec ardeur et persévérance. (Ps 33, 14-15). 18 Et lorsque vous agirez de la sorte, mes yeux seront sur vous et mes oreilles attentives à vos prières, et avant même que vous ne m’invoquiez, je vous dirai : ‘Me voici’ » (cf. Ps 33, 16 ; Is 58, 9).
19 Quoi de plus doux, frères très chers, que cette voix du Seigneur qui nous invite ? 20 Voyez comme le Seigneur lui-même, dans sa bonté, nous montre le chemin de la vie. 21 Ceignons donc nos reins de la foi et de la pratique des bonnes œuvres ; sous la conduite de l’Évangile, avançons dans ses chemins, afin de mériter de voir Celui qui nous a appelés dans son royaume (cf. Ép 6, 14-15 ; Lc 12, 35 ; 1 Th 2, 12).

4 janvier - 5 mai - 4 septembre

22 Si nous voulons habiter dans la demeure de ce royaume, sachons qu’on n’y parvient que si l’on y court par les bonnes actions. 23 Mais interrogeons le Seigneur en lui disant avec le prophète : « Seigneur, qui habitera dans ta demeure ? Qui reposera sur ta montagne sainte ? » (Ps 14, 1) 24 Après cette demande, mes frères, écoutons la réponse du Seigneur ; il nous montre la route de cette demeure en disant : 25 « C’est celui qui marche sans tache et accomplit la justice ; 26 celui qui dit la vérité du fond de son cœur, qui n’a pas prononcé de parole trompeuse, 27 qui n’a pas fait de tort à son prochain, qui n’a pas accueilli des discours injurieux contre lui ». (Ps 14, 2-3) 28 C’est celui qui rejette loin des regards de son cœur (cf. Ps 14, 4) l’esprit malin qui le tente, et les suggestions qu’il lui souffle, les réduit à rien, saisit les premiers rejetons de la pensée diabolique et les brise contre le Christ. 29 Ce sont ceux qui, craignant le Seigneur (cf. Ps 14, 4), ne s’enorgueillissent pas de leur bonne observance, mais qui, reconnaissant que le bien qui se trouve en eux ne peut venir d’eux-mêmes mais du Seigneur, 30 glorifient le Seigneur qui agit en eux, et lui disent avec le prophète (cf. Ps 14, 4) : « Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire ». (Ps 113, 1) 31 De même l’apôtre Paul ne s’est rien attribué du succès de sa prédication, mais dit : « C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis », (1 Co 15, 10) 32 et encore : « Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur ». (2 Co 10, 17)

5 janvier - 6 mai - 5 septembre

33 Aussi le Seigneur dit dans l’Évangile : « Celui qui écoute mes paroles et les accomplit, je le comparerai à un homme sage qui a bâti sa maison sur la pierre ; 34 les fleuves ont débordé, les vents ont soufflé et se sont déchaînés sur cette maison ; mais elle n’est point tombée, parce qu’elle était fondée sur la pierre ». (Mt 7, 24-25)
35 Pour achever, le Seigneur attend de nous que nous répondions chaque jour par nos œuvres à ses saintes leçons. 36 S’il prolonge comme une trêve les jours de notre vie, c’est pour l’amendement de nos péchés, 37 selon cette parole de l’Apôtre : « Ignores-tu que la patience de Dieu te convie à la pénitence ? » (Rm 2, 4) 38 Car ce doux Seigneur affirme : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive ». (Ez 33, 11)



6 janvier - 7 mai - 6 septembre

39 Lorsque nous avons demandé au Seigneur, mes frères, qui habitera dans sa demeure, nous avons appris ce qu’il faut faire pour y demeurer. Puissions-nous accomplir ce qui est exigé de cet habitant ! 40 Il nous faut donc préparer nos cœurs et nos corps aux combats de la sainte obéissance à ses commandements.
41 Quant à ce qui manque en nous aux forces de la nature, prions le Seigneur d’ordonner à sa grâce de nous prêter son aide. 42 Et si, désireux d’éviter les peines de l’enfer, nous voulons parvenir à la vie éternelle, 43 tandis qu’il en est temps encore et que nous sommes en ce corps et que nous pouvons accomplir tout cela à la lumière de cette vie, 44 courons et faisons, dès ce moment, ce qui nous profitera pour toute l’éternité.

7 janvier - 8 mai - 7 septembre

45 C’est à cette fin que nous voulons fonder une école où l’on serve le Seigneur. 46 Dans cette institution, nous espérons ne rien établir de rude ni de pesant. 47 Si, toutefois, il s’y rencontrait quelque chose d’un peu rigoureux, qui fût imposé par l’équité pour corriger nos vices et sauvegarder la charité, 48 garde-toi bien, sous l’effet d’une crainte subite, de quitter la voie du salut dont les débuts sont toujours difficiles.
49 En effet, à mesure que l’on progresse dans la voie religieuse et dans la foi, le cœur se dilate, et l’on court dans la voie des commandements de Dieu, avec la douceur ineffable de l’amour. 50 Ne nous écartons donc jamais de son enseignement, et persévérant jusqu’à la mort dans sa doctrine au sein du monastère, participons par la patience aux souffrances du Christ pour mériter d’avoir part à son royaume. Amen.


1. Les catégories de moines

8 janvier - 9 mai - 8 septembre

1 Il est manifeste qu’il y a quatre catégories de moines.
2 La première est celle des cénobites, c’est-à-dire de ceux qui vivent en commun, dans un monastère, et combattent sous une règle et un abbé.
3 La deuxième catégorie est celle des anachorètes ou ermites. Ceux-ci n’en sont plus à la simple ferveur du début dans la vie religieuse. Formés par une longue épreuve dans le monastère, 4 ils ont appris, grâce au soutien de nombreux frères, à lutter contre le démon. 5 Bien exercés, ils passent de cette armée fraternelle au combat solitaire du désert ; et, sûrs désormais d’eux-mêmes, sans le secours d’autrui, ils peuvent soutenir, Dieu aidant, avec leur seul main et leur seul bras, la guerre contre les vices de la chair et des pensées.

9 janvier - 10 mai - 9 septembre

6 La troisième catégorie de moines, fort détestable, est celle des sarabaïtes. Ils n’ont pas été éprouvés, comme l’or dans la fournaise, par une règle, maîtresse d’expérience ; mais restant mous comme le plomb, 7 ils demeurent fidèles au monde dans leur conduite, et, visiblement, mentent à Dieu par leur tonsure. 8 Ils vivent deux ou trois ensemble, ou même tout seuls, sans pasteur, renfermés dans leur propre bergerie, et non dans celle du Seigneur. La satisfaction de leurs désirs leur sert de loi : 9 ils tiennent pour saint tout ce qu’ils pensent ou préfèrent, et regardent comme illicite ce qui leur déplaît.
10 La quatrième catégorie de moines est celle des gyrovagues. Ils passent toute leur vie à courir de province en province, séjournant trois ou quatre jours dans les cellules les uns des autres. 11 Toujours en route, jamais stables, esclaves de leurs volontés propres et des plaisirs de la bouche, ils sont pires en tout que les sarabaïtes.
12 Mais mieux vaut se taire que de parler de la misérable condition de tous ces gens. 13 Laissons donc ces diverses catégories de moines ; et, avec l’aide du Seigneur, venons-en à organiser la si puissante catégorie des cénobites.


2. Les qualités que doit avoir l’abbé

10 janvier - 11 mai - 10 septembre

1 L’abbé qui est jugé digne de gouverner le monastère doit se rappeler sans cesse le titre qu’il porte et réaliser par ses actes le titre de supérieur. 2 On croit fermement, en effet, qu’il tient la place du Christ dans le monastère, puisqu’on l’appelle de son nom même, 3 selon ces paroles de l’Apôtre : « Vous avez reçu l’esprit des fils d’adoption, par lequel nous crions : Abba, c’est-à-dire Père ». (Rm 8, 15 ; Ga 4, 6)
4 L’abbé ne doit donc rien enseigner, établir ou commander qui s’écarte des préceptes du Seigneur ; 5 mais ses ordres et ses enseignements doivent se répandre dans l’esprit de ses disciples, comme un levain de la divine justice. 6 L’abbé doit se souvenir sans cesse qu’au redoutable jugement de Dieu, il devra rendre un compte exact de deux choses : de son enseignement et de l’obéissance de ses disciples. 7 Qu’il sache que l’on imputera à la faute du pasteur tout ce que le Père de famille trouvera de mécompte dans ses brebis. 8 Au contraire, c’est pour autant qu’il aura consacré toute sa sollicitude pastorale à un troupeau turbulent et indocile, et dépensé tous ses soins pour guérir leurs maladies spirituelles, 9 que lui-même sera absous au jugement du Seigneur et pourra lui dire avec le prophète : « Je n’ai point caché ta justice, dans mon cœur : je leur ai dit ta fidélité et ton salut, mais ils n’en ont fait aucun cas et ils m’ont méprisé ». (cf. Ps 39, 11 ; Is 1, 2 ; Ez 20, 27) 10 Alors, en punition, la mort frappera ces brebis qui ont été rebelles aux soins de leur pasteur.

11 janvier - 12 mai - 11 septembre

11 Celui qui accepte le nom d’abbé doit donc gouverner ses disciples par un double enseignement, 12 c’est-à-dire leur montrer tout ce qui est bon et saint par des actes plus encore que par des paroles. Aux disciples réceptifs, il enseignera par ses paroles les commandements du Seigneur ; aux cœurs durs et aux simples, il les fera voir par son exemple.
13 C’est aussi par ses actes qu’il apprendra à ses disciples à éviter ce qu’il leur aura dénoncé comme contraire à la loi divine, de peur qu’après avoir prêché aux autres, il ne soit lui-même réprouvé (cf. 1 Co 9, 27) 14 et que Dieu ne lui dise un jour à cause de ses péchés : « Pourquoi proclames-tu mes lois et déclares-tu mon alliance par ta bouche, alors que tu hais la discipline et que tu as rejeté mes paroles ? » (Ps 49, 16-17) 15 et encore : « Toi qui voyais un fétu dans l’œil de ton frère, tu n’as pas vu la poutre dans le tien ». (Mt 7, 3)

12 janvier - 13 mai - 12 septembre

16 Que l’abbé ne fasse donc point acception des personnes dans le monastère. 17 Qu’il n’aime point l’un plus que l’autre, si ce n’est celui qu’il trouvera plus avancé dans les bonnes actions et l’obéissance. 18 L’homme libre ne sera pas préféré à celui qui sera venu de l’esclavage, à moins qu’il n’y ait à cela une autre cause raisonnable. 19 Si l’abbé juge, pour un juste motif, pouvoir faire cette distinction, qu’il en use ainsi à l’égard de chacun, de quelque condition qu’il soit ; hormis le cas susdit, que chacun garde sa place ! 20 Car, libres ou esclaves, nous sommes tous un dans le Christ (cf. Ga 3, 28 ; Ép 6, 8 ; Romains 2, 11), et nous portons tous les mêmes armes, au service d’un même Seigneur. Auprès de Dieu, en effet, il n’y a pas acception de personnes. (cf. Colossiens 3, 25) 21 La seule chose qui nous distingue à ses yeux, c’est le fait d’être plus riche que d’autres en bonnes œuvres et en humilité. 22 L’abbé témoignera donc à tous une égale charité ; et il n’y aura pour tous qu’une même discipline, appliquée selon les mérites de chacun.

13 janvier - 14 mai - 13 septembre

23 Dans son enseignement, l’abbé doit toujours suivre le modèle que lui donne l’Apôtre quand il dit : « Reprends, supplie, menace ». (2 Tm 4, 2) 24 Ainsi doit-il varier sa manière selon les circonstances, mêlant douceurs et menaces, montrant tantôt la sévérité d’un maître, tantôt la tendresse d’un père. 25 Ainsi, encore, reprendra-t-il plus durement les indociles et les turbulents ; il suppliera de progresser ceux qui sont obéissants, doux et patients ; quant aux négligents et aux rebelles, nous l’avertissons de les menacer et de les corriger.
26 Qu’il ne ferme pas les yeux sur les péchés des délinquants. Mais qu’il les retranche autant qu’il le pourra, jusque dans les racines, aussitôt qu’il les verra naître, se souvenant du malheur d’Héli, grand-prêtre de Silo. 27 Pour ce qui est des âmes plus délicates et intelligentes, il lui suffira de les reprendre une fois ou deux par des admonitions ; 28 tandis qu’il doit punir par des verges et autres châtiments corporels les méchants, les opiniâtres, les superbes et les désobéissants, et cela dès qu’ils commenceront à mal faire, sachant qu’il est écrit : « L’insensé ne se corrige point par des paroles » ; (Pr 29, 19) 29 et encore : « Frappe des verges ton fils et tu délivreras son âme de la mort ». (Pr 23, 14)

14 janvier - 15 mai - 14 septembre

30 L’abbé doit toujours se rappeler ce qu’il est, se rappeler le titre qu’il porte ; savoir qu’il est exigé davantage à qui a été confié davantage. 31 Qu’il considère combien difficile et laborieuse est la charge qu’il a reçue de conduire les âmes et de s’accommoder aux caractères d’un grand nombre. Tel a besoin d’être conduit par les caresses, tel autre par les remontrances, tel encore par la persuasion. 32 L’abbé doit donc se conformer et s’adapter aux dispositions et à l’intelligence de chacun, en sorte qu’il puisse, non seulement préserver de tout dommage le troupeau qui lui est confié, mais encore se réjouir de l’accroissement de ce bon troupeau. 33 Avant tout qu’il se garde de négliger ou de compter pour peu le salut des âmes qui lui sont confiées, sans donner plus de soin aux choses passagères, terrestres et caduques. 34 Qu’il pense sans cesse que ce sont des âmes qu’il a reçues à conduire et qu’il devra en rendre compte.

15 janvier - 16 mai - 15 septembre

35 Et, de peur qu’il ne se préoccupe à l’excès de la modicité des ressources du monastère, il se rappellera qu’il est écrit : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice : le reste vous sera donné par surcroît » ; (Mt 6, 33) 36 et encore : « Rien ne manque à ceux qui le craignent ». (Ps 33, 10)
37 Qu’il sache donc bien que ce sont des âmes qu’il a reçues à conduire ; qu’il soit prêt à en rendre compte. 38 Quel que soit le nombre des frères placés sous sa garde, qu’il sache avec certitude qu’au jour du jugement il devra rendre compte au Seigneur de toutes ces âmes, et de plus, sans nul doute, de la sienne propre. 39 Vivant ainsi dans la crainte constante de cet examen qui attend le pasteur au sujet de ses brebis, c’est le souci même des comptes dus pour autrui qui le rendra attentif sur lui-même, 40 et, en corrigeant les autres par ses avis, il se corrigera de ses propres défauts.


3. L’appel des frères en conseil

16 janvier - 17 mai - 16 septembre

1 Toutes les fois qu’il y aura dans le monastère quelque affaire importante à décider, l’abbé convoquera toute la communauté et exposera lui-même ce dont il s’agit. 2 Après avoir recueilli l’avis des frères, il délibérera à part soi et fera ensuite ce qu’il aura jugé le plus utile. 3 Ce qui nous fait dire qu’il faut consulter tous les frères, c’est que souvent Dieu révèle à un plus jeune ce qui est meilleur. 4 Les frères donneront leur avis en toute humilité et soumission. Ils n’auront donc pas la hardiesse de soutenir effrontément leur manière de voir, 5 mais il dépendra de l’abbé de décider ce qui vaut le mieux ; et tous alors devront lui obéir. 6 Cependant, comme il convient aux disciples d’obéir au maître, ainsi revient-il au maître de tout organiser avec prévoyance et équité.

17 janvier - 18 mai - 17 septembre

7 En toutes choses, donc, tous suivront cette maîtresse qu’est la Règle, et personne ne se permettra de s’en écarter à la légère. 8 Que nul dans le monastère ne suive la volonté de son propre cœur ; 9 que nul n’ait la hardiesse de contester avec son abbé insolemment, ou hors du monastère.
10 Si quelqu’un avait cette hardiesse il serait soumis à la correction régulière. 11 L’abbé, toutefois, doit faire toutes choses dans la crainte de Dieu et selon la Règle, persuadé que, sans doute aucun, il aura à rendre compte de toutes ses décisions à Dieu, ce juge souverainement équitable.
12 Pour les affaires moins importantes qui intéressent le bien du monastère, l’abbé prendra seulement le conseil des anciens, 13 selon ce qui est écrit : « Fais tout avec conseil, et, après coup, tu ne t’en repentiras pas ». (Si 32, 24)


4. Les instruments des bonnes œuvres

18 janvier - 19 mai - 18 septembre

1 Avant tout, aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force (Mc 12, 30 ; Lc 10, 27).
2 Ensuite, le prochain comme soi-même (Mc 12, 31 ; Lc 10, 27).
3 Ensuite, ne point tuer (cf. Mt 19, 18-19 ; Lc 18, 20).
4 Ne point commettre d’adultère (cf. Mt 19, 18-19 ; Lc 18, 20).
5 Ne point voler. (cf. Mt 19, 18-19 ; Lc 18, 20).
6 Ne point convoiter (Rm 13, 9 ; Ex 20, 17 ; cf. Mt 19, 18-19 ; Lc 18, 20).
7 Ne point porter faux témoignage (Mc 10, 19 ; cf. Mt 19, 18-19 ; Lc 18, 20).
8 Honorer tous les hommes (1 P 2, 17).
9 Ne point faire à autrui ce qu’on ne veut pas qu’on nous fasse (Mt 7, 12 ; Tb 4, 16).
10 Se renoncer à soi-même pour suivre le Christ (Mt 16, 24 ; Lc 9, 23).
11 Châtier son corps (1 Co 9, 27).
12 Ne pas embrasser les délices.
13 Aimer le jeûne.
14 Soulager les pauvres.
15 Vêtir qui est nu (Mt 25, 36).
16 Visiter les malades (Mt 25, 36).
17 Ensevelir les morts.
18 Secourir qui est dans la tribulation.
19 Consoler les affligés.
20 Rompre avec les affaires du monde.
21 Ne rien préférer à l’amour du Christ.

19 janvier - 20 mai - 19 septembre

22 Ne point se mettre en colère.
23 Ne point se réserver un temps pour la vengeance.
24 Ne pas nourrir de fausseté dans son cœur.
25 Ne point donner une fausse paix.
26 Ne jamais perdre la charité.
27 Ne point jurer, de peur de se parjurer (Mt 5, 33).
28 Dire la vérité de cœur comme de bouche.
29 Ne point rendre le mal pour le mal (1 P 3, 9).
30 Ne pas faire d’injustice, mais supporter patiemment celles qu’on nous fait.
31 Aimer ses ennemis (Mt 5, 44 ; Lc 6, 27).
32 Ne pas maudire ceux qui nous maudissent mais plutôt les bénir (Lc 6, 28 ; 1 Co 4, 12).
33 Souffrir persécution pour la justice.
34 N’être point orgueilleux.
35 Ni adonné au vin (Tt 1, 7).
36 Ni grand mangeur.
37 Ni endormi.
38 Ni paresseux (Rm 12, 11).
39 Ni murmurateur (Nb 24, 27).
40 Ni détracteur.
41 Mettre en Dieu son espérance.
42 Si l’on voit en soi quelque bien, l’attribuer à Dieu et non à soi-même. 43 Se reconnaître, au contraire, toujours auteur du mal qui est en soi et se l’imputer.

20 janvier - 21 mai - 20 septembre

44 Craindre le jour du jugement.
45 Redouter l’enfer.
46 Désirer la vie éternelle de toute l’ardeur de l’esprit.
47 Avoir chaque jour la menace de la mort devant les yeux.
48 Veiller à toute heure sur les actions de sa vie.
49 Tenir pour certain qu’en tout lieu Dieu nous regarde.
50 Briser contre le Christ les pensées mauvaises, sitôt qu’elles naissent dans le cœur, et les découvrir à un père spirituel.
51 Garder sa langue de tout propos mauvais ou pernicieux.
52 Ne pas aimer à beaucoup parler.
53 Ne pas dire de paroles vaines ou qui portent à rire.
54 Ne point aimer le rire lourd ou bruyant.
55 Entendre volontiers les saintes lectures.
56 S’appliquer fréquemment à la prière.
57 Confesser chaque jour à Dieu dans la prière avec larmes et gémissements ses fautes passées, 58 et, de plus, se corriger de ses fautes.
59 Ne pas accomplir les désirs de la chair (Ga 5, 16).
60 Haïr sa volonté propre.
61 Obéir en tout aux ordres de l’abbé, même si, à Dieu ne plaise, il agit autrement ; se souvenant du précepte du Seigneur : « Faites ce qu’ils disent, mais ce qu’ils font, ne le faites pas ». (Mt 23, 3)
62 Ne pas vouloir être appelé saint avant de l’être, mais le devenir d’abord, alors on le sera appelé avec plus de vérité.

21 janvier - 22 mai - 21 septembre

63 Accomplir, tous les jours, par ses œuvres les préceptes de Dieu.
64 Aimer la chasteté (Judith 15, 11).
65 Ne haïr personne.
66 Ne pas avoir de jalousie.
67 Ne pas agir par envie.
68 Ne pas aimer à contester.
69 Fuir l’élevèrent.
70 Vénérer les anciens.
71 Aimer les plus jeunes.
72 Par amour du Christ, prier pour ses ennemis.
73 Se réconcilier avant le coucher du soleil, avec qui on est en discorde.
74 Et ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu.
75 Voilà quels sont les instruments de l’art spirituel.
76 Si, jour et nuit, sans relâche, nous nous en servons, quand, au jour du jugement, nous les remettrons, le Seigneur nous donnera la récompense qu’il a promise lui-même :
77 « Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1 Co 2, 9).
78 Or l’atelier où nous devons travailler diligemment avec tous ces instruments, c’est le cloître du monastère avec la stabilité dans la communauté.


5. L’obéissance

22 janvier - 23 mai - 22 septembre

1 Le premier degré d’humilité est l’obéissance sans délai. 2 Elle convient à ceux qui n’ont rien de plus cher que le Christ. 3 Mus par le service sacré dont ils ont fait profession, ou par la crainte de l’enfer, et par le désir de la gloire de la vie éternelle, 4 dès que le supérieur a commandé quelque chose, ils ne peuvent souffrir d’en différer l’exécution, tout comme si Dieu lui-même en avait donné l’ordre. 5 C’est d’eux que le Seigneur dit : « Dès que son oreille a entendu, il m’a obéi ». (Ps 17, 45) 6 Et il dit encore à ceux qui enseignent : « Qui vous écoute, m’écoute ». (Lc 10, 16) 7 Ceux qui sont dans ces dispositions, renonçant aussitôt à leurs propres intérêts et à leur propre volonté, 8 quittent ce qu’ils avaient en mains et laissent inachevé ce qu’ils faisaient. Ils suivent d’un pied si prompt l’ordre donné que, 9 dans l’empressement qu’inspire la crainte de Dieu, il n’y a pas d’intervalle entre la parole du supérieur et l’action du disciple, toutes deux s’accomplissant au même moment. 10 Ainsi agissent ceux qui aspirent ardemment à la vie éternelle. 11 C’est pour cela qu’ils entrent dans la voie étroite dont parle le Seigneur, lorsqu’il dit : « Etroite est la voie qui conduit à la vie ». (Mt 7, 14) 12 Aussi, ne vivant plus à leur gré et n’obéissant plus à leurs désirs ni à leurs inclinations, ils marchent au jugement et au commandement d’autrui, et désirent se soumettre à un abbé en vivant dans un monastère. 13 Assurément les hommes de cette trempe imitent le Seigneur qui dit dans cette sentence : « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé ». (Jn 6, 38)

23 janvier - 24 mai - 23 septembre

14 Mais cette obéissance ne sera bien reçue de Dieu et agréable aux hommes, que si l’ordre est exécuté sans trouble, sans retard, sans tiédeur, sans murmure, sans parole de résistance. 15 Car l’obéissance rendue au supérieur, c’est à Dieu qu’on la rend, puisqu’il a dit : « Qui vous écoute, m’écoute ». (Lc 10, 16)
16 Et c’est de bon cœur que les disciples doivent obéir parce que « Dieu aime celui qui donne joyeusement ». (2 Co 9, 7) 17 Si, au contraire, le disciple obéit, mais s’il le fait de mauvais gré, s’il murmure non seulement de bouche mais encore dans son cœur, 18 même s’il exécute l’ordre reçu, cet acte ne sera pas agréé de Dieu, qui voit le murmure dans sa conscience. 19 Bien loin d’en être récompensé, il encourt la peine des murmurateurs, s’il ne se corrige et ne fait satisfaction.


6. La retenue dans le langage

24 janvier - 25 mai - 24 septembre

1 Faisons ce que dit le prophète : « J’ai résolu de surveiller toutes mes voies, pour ne pas pécher par ma langue ; j’ai placé une garde à ma bouche, je me suis tu et humilié, et je me suis abstenu même de parler de choses bonnes ». (Ps 38, 2-3) 2 Le prophète nous montre par-là que, si l’on doit quelquefois s’interdire de bons discours par amour du silence, à plus forte raison faut-il retrancher les paroles mauvaises pour éviter la peine dûe au péché. 3 C’est pourquoi, étant donnée l’importance du silence, on n’accordera que rarement aux disciples, fussent-ils parfaits, la permission de parler même de choses bonnes, saintes et édifiantes. 4 Il est écrit, en effet : « Tu n’éviteras pas le péché en parlant beaucoup ; » (Pr 10, 19) 5 et ailleurs : « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue ». (Pr 18, 21) 6 De fait, s’il appartient au maître de parler et d’enseigner, il convient au disciple de se taire et d’écouter.
7 En conséquence, s’il faut demander quelque chose au supérieur, on le fera en toute humilité, soumission et respect. 8 Quant aux bouffonneries, aux paroles oiseuses et qui portent à rire, nous les bannissons pour jamais et en tout lieu, et nous ne permettons pas au disciple d’ouvrir la bouche pour de tels propos.


7. L’humilité

25 janvier - 26 mai - 25 septembre

1 La divine Écriture, mes frères, nous crie : « Quiconque s’élève sera humilié, et qui s’humilie sera élevé ». (Lc 14, 11 ; Lc 18, 14 ; Matthieu 23, 12) 2 En parlant ainsi, elle nous montre que tout élèvement est une espèce d’orgueil ; 3 et c’est ce dont le Prophète déclare se garder, lorsqu’il dit : « Seigneur, mon cœur ne s’est point élevé et mes yeux ne se sont point levés : je n’ai point marché dans les grandeurs ni dans des merveilles au-dessus de moi ». (Ps 130, 1-2) 4 Mais que m’arriverait-il « si je n’avais pas eu d’humbles sentiments, si j’avais élevé mon âme ? Tu me traiterais comme l’enfant qu’on enlève du sein de sa mère ». (Ps 130, 1-2)
5 Si donc, mes frères, nous voulons atteindre au sommet de l’humilité parfaite, et parvenir rapidement à cette hauteur céleste, à laquelle on monte par l’humilité dans la vie présente, 6 il nous faut monter et dresser par nos actions cette échelle qui apparut en songe à Jacob. Il y voyait des anges descendre et monter. 7 Cette descente et cette montée assurément ne signifient pas autre chose pour nous sinon que l’on descend par l’élèvement et que l’on monte par l’humilité. 8 L’échelle en question, c’est notre vie en ce monde, que le Seigneur dresse vers le Ciel, si notre cœur s’humilie. 9 Les côtés de cette échelle figurent notre corps et notre âme ; sur ces côtés, l’appel divin a disposé divers degrés d’humilité et de perfection à gravir.

26 janvier - 27 mai - 26 septembre

10 Voici donc le premier degré d’humilité : se remettant toujours devant les yeux la crainte de Dieu, il consiste à fuir toute négligence et à se rappeler sans cesse tout ce que Dieu a commandé. 11 On repassera constamment dans son esprit, d’une part, comment la géhenne brûle, pour leurs péchés, ceux qui méprisent Dieu, et comment, d’autre part, la vie éternelle récompense ceux qui le craignent.

27 janvier - 28 mai - 27 septembre

12 Se gardant, à toute heure, des péchés et des vices des pensées, de la langue, des mains et de la volonté propre, ainsi que des désirs de la chair, 13 l’homme estimera que Dieu, du haut du ciel, le regarde à tout moment, qu’en tout lieu le regard de la divinité voit ses actes et que les anges les lui rapportent à tout moment.
14 Le Prophète nous le révèle, lorsqu’il affirme que Dieu est toujours présent à nos pensées : « Dieu scrute les cœurs et les reins » ; (Ps 7, 10) 15 et de même : « Le Seigneur connaît les pensées des hommes », (Ps 93, 11) 16 et encore : « Tu as compris de loin mes pensées », (Ps 138, 3) 17 et : « La pensée de l’homme te sera découverte ». (Ps 75, 11) 18 Aussi, pour être vigilant sur ses pensées perverses, le vrai moine répètera toujours dans son cœur : « Je serai sans tache devant lui, si je me tiens en garde contre mon iniquité ». (Ps 17, 24)

28 janvier - 29 mai - 28 septembre

19 Quant à notre volonté propre, il nous est défendu de la faire par ces termes de l’Écriture : « Renonce à tes volontés », (Si 18, 30) 20 et, de plus, nous demandons à Dieu dans l’oraison dominicale que sa volonté se fasse en nous. (cf. Mt 6, 10) 21 C’est donc avec raison qu’on nous enseigne de ne pas faire notre volonté. Par-là, nous prenons garde à ce que dit l’Écriture : « Il y a des voies qui semblent droites aux hommes et dont le terme aboutit au fond de l’enfer » ; (Pr 16, 25) 22 par là encore nous nous préservons de ce qui est dit des négligents : « Ils se sont corrompus et se sont rendus abominables par leurs passions » (Ps 13, 1).
23 Quant aux désirs de la chair, croyons aussi fermement que Dieu nous est toujours présent, suivant la parole du Prophète au Seigneur : « Tous mes désirs sont devant toi ». (Ps 37, 10)

29 janvier - 30 mai - 29 septembre

24 Il faut par conséquent se garder du désir mauvais, parce que la mort est placée à l’entrée même du plaisir. 25 C’est pourquoi l’Écriture nous donne ce commandement : « Tu ne suivras pas tes convoitises » (Si 18, 30).
26 Si, donc, « les yeux du Seigneur considèrent les bons et les méchants, » (Pr 15, 3) 27 si, du haut du ciel, le Seigneur regarde continuellement les enfants des hommes, pour voir « s’il en est un qui ait l’intelligence et qui cherche Dieu ; » (Ps 13, 2) 28 si, enfin, les anges, commis à notre garde, lui rapportent quotidiennement, jour et nuit, nos actions, concluons, mes frères, qu’à toute heure nous devons être vigilants. 29 Craignons, en effet, que, selon la parole du Psalmiste, Dieu ne nous surprenne à quelque moment « dévoyés dans le péché et devenus mauvais ». (Ps 13, 3) 30 S’il use d’indulgence en ce temps-ci, parce qu’il est bon et attend que nous nous corrigions, redoutons qu’il ne nous dise un jour : « Tu as fait cela et je me suis tu » (Ps 49, 21 ; Si 2, 13).

30 janvier - 31 mai - 30 septembre

31 Voici le deuxième degré d’humilité : ne pas aimer sa volonté propre, ni se complaire dans l’accomplissement de ses désirs, 32 mais bien plutôt imiter dans sa conduite cette parole du Seigneur : « Je ne suis pas venu faire ma volonté mais celle de celui qui m’a envoyé ». (Jn 6, 38) 33 L’Écriture dit encore : « Le plaisir encourt la peine, l’effort procure la couronne » .

31 janvier - 1 juin 1 octobre

34 Tel est le troisième degré d’humilité : se soumettre au supérieur en toute obéissance, pour l’amour de Dieu, à l’imitation du Seigneur, dont l’apôtre dit : « Il s’est fait obéissant jusqu’à la mort » (Phm 2, 8).

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