Écoute, ô mon fils, et incline l'oreille de ton coeur - Règle de Saint Benoît

» Les statuts des oblats

» Rituel de l'oblation

DOCUMENTAIRE
Un chemin de perfection
Diffusé le 08/07/2013 - Durée 52 mn

Ce film documentaire montre la vie de six oblats : veuve isolée en pleine campagne, trader à la défense, divorcée et auxiliaire de vie, vivant en famille nombreuse ou prêtre. Ils s'engagent à suivre les conseils de la Règle de Saint Benoît en les adaptant à leur situation dans le monde et s'unissent à un monastère bénédictin pour être soutenus dans leur conversion quotidienne. Pourquoi ces hommes et ces femmes ont-ils choisi ce chemin de foi ? Quels sont les apports d'un tel engagement ? L'oblature est-elle compatible avec une vie " ordinaire " ? Grand Angle Production et KTO. Un film de Jean-Baptiste Farran. 2013.

 

Les statuts des oblats

Ces statuts ont pour objectif de :

- Définir l’oblat, l’oblature et l’oblation,
- Préciser les liens et obligations réciproques qui unissent l’oblat à son monastère.
- Caractériser la vie en oblature.
- Situer l’oblature dans l’Église.

Il est entendu que ces statuts sont vécus par les oblats selon la tradition propre à chaque monastère.

CHAPITRE 1 - L’oblat, l’oblature, l’oblation

1) L’oblat :

Appelé par Dieu à vivre l’Évangile selon l’esprit de saint Benoît, tel qu’il s’incarne dans sa règle, tout chrétien peut se lier par l’oblature à un monastère bénédictin.

2) Par oblature, on entend :

-D’une façon générale, l’institution des oblats bénédictins,
-D’une façon plus précise, l’oblature de tel monastère,

C’est-à-dire l’ensemble des oblats de ce monastère.

3) L’oblation :

C’est l’acte par lequel un chrétien s’offre à Dieu et devient membre d’une communauté monastique d’une façon réelle, mais pas au même titre que les moines.
Cette offrande n’est pas un voeu, mais signifie la volonté
d’approfondir son sens et son amour de Dieu par une conversion poursuivie la vie durant.

4) Admission à l’oblature :

Tous les monastères de moines et de moniales sont habilités à recevoir des oblats et des oblates laïques ainsi que des prêtres.
Peut devenir oblat d’un monastère tout fidèle dont la maturité spirituelle, au jugement de l’abbé et de son délégué, lui permet de peser la gravité de cette démarche.
On ne peut appartenir simultanément à deux associations de fidèles.

5) Les étapes de l’oblature :

La demande d’un chrétien à devenir oblat suppose des liens spirituels sérieux existants déjà avec le monastère auquel il désire appartenir.
Une période de formation précède l’oblation.
Le début en est marqué par un rite d’admission.
Durant ce temps de formation, le futur oblat doit approfondir sa vie chrétienne. Pour cela il s’imprègne de l’esprit de la Règle de saint Benoît par les moyens jugés les meilleurs par la personne responsable des oblats et lui-même (lecture, étude, parrainage, réunion, etc...).
Ce temps de formation dure en principe une année. Il pourra être abrégé ou prolongé au jugement de l’abbé ou de son délégué, afin que l’oblation s’accomplisse dans les meilleures conditions.

6) Liturgie d’oblation :

La probation achevée, le futur oblat écrira sa charte et fera son oblation selon la formule du rituel du monastère. Elle sera reçue par l’abbé ou son délégué.
Elle s’accomplit normalement en présence de la famille monastique représentée au moins par quelques moines et oblats.
Les chartes d’oblation sont conservées au monastère. Les noms des oblats sont inscrits sur un registre. Un document est remis à chacun témoignant de son engagement.

7) L’oblation fait de l’oblat un membre de la famille monastique :

Les moines deviennent ses frères et lui se considère comme témoin de la vie monastique dans le monde. L’abbé du monastère devient son père et l’oblat a envers lui une confiance filiale.

Ce lien aide l’oblat à prendre davantage conscience de ses responsabilités humaines (familiales, professionnelles, sociales, etc...) et chrétiennes (ecclésiales et paroissiales) et n’entraîne pas de la part de l’abbé une juridiction.

CHAPITRE 1.1

L’oblat et le monastère

8) Liens réciproques :

Le monastère, toujours fidèle à sa vocation propre qui est d’affirmer le primat de Dieu, de manifester le Christ et la puissance de son esprit et de rappeler le caractère eschatologique de la vocation chrétienne, assure à chaque oblat :
- la participation à la vie de prière et d’offrande des moines,
- une formation doctrinale et spirituelle surtout durant le temps de probation,
- une direction spirituelle dans la mesure où il le désire,
- la possibilité de contacts avec le monastère : séjours, retraites et récollections, bulletin ou lettre périodique, etc...

Le monastère prend conscience de l’élargissement de la famille monastique par l’oblature dont la Communauté tout entière se sent respondable. L’abbé délègue un moine au service des oblats. Informés de la vie de l’oblature, les moines sont ouverts aux valeurs que peuvent apporter les oblats.

9) L’oblat se sent étroitement solidaire de sa famille monastique

Cette solidarité se traduit :

- d’abord par la prière pour les moines et par une attitude d’offrande sans cesse renouvelée de sa vie à Dieu en union avec la consécration des moines ;
- par l’intérêt porté à la vie du monastère,à ses joies et à ses peines, à sa place et à ses travaux dans l’Église d’aujourd’hui. Cet intérêt s’étend à l’Ordre Monastique tout entier ;
- par une aide effective selon les circonstances, les possibilités et les compétences de chacun.

10) Fraternité entre oblats d’un même monastère :

L’ oblature établit entre les oblats des liens de fraternité. Les relations de filiation avec un même monastère font naître entre ses membres des affinités. Celles-ci peuvent s’exprimer dans des réunions communes, où les oblats prient et progressent ensemble dans l’esprit de leur oblature.

11) Fraternité entre oblats de divers monastères :

La répartition géographique des oblats de divers monastères est si variée qu’elle peut donner l’occasion aux oblats d’une même ville ou d’une même région de se connaître et d’avoir des réunions et récollections animées par un père de l’un ou l’autre monastère.

12) Les foyers oblats :

D’un même monastère ou de divers monastères gagneront beaucoup à mettre en commun leur expérience pour faire fructifier en eux, dans l’esprit de leur oblature, la grâce du sacrement de mariage.

13) Les prêtres oblats :

De par leur formation et leur activité sacerdotale, auront peut-être avantage à se retrouver ensemble avec un Père selon leur désir et possibilité.

CHAPITRE 1.1.1

La vie en oblature


14) Comme à tout baptisé :


Membre du peuple de Dieu, s’adresse à l’oblat l’appel universel à la sainteté. C’est en communion avec sa famille monastique et en entrant dans l’esprit de la Règle de saint Benoît qu’il vivra l’unique Évangile et réalisera le dessein de Dieu sur lui.
L’oblat, fils de saint Benoît, a entendu l’appel à la « conversion du coeur ». Toute sa vie doit être une tension vers Dieu, « une recherche de Dieu ». Elle acquiert ainsi un caractère filial, un caractère pascal et elle témoigne de la présence du Royaume dès ici-bas.

15) L’oblat « ne préfère rien à l’amour du Christ » :

A l’imitation du Christ tourné vers le Père, il veut que sa vie entière se déroule en présence de Dieu, créateur qu’il révère, Maître aimé dont il écoute la voix, pour s’imprégner de ses enseignements et lui obéir avec joie, à qui il veut rendre gloire, même dans les affaires les plus matérielles, Père avec qui il veut habiter et sur qui il compte en toutes circonstances. Animé de l’esprit de foi, l’oblat trouve le Christ en tout homme. En ses actes, l’oblat s’efforce de chercher Dieu.

16) Sa vie filiale et fraternelle :

se trouve réalisée à la perfection dans la participation au Mystère eucharistique, vrai centre de toute la vie chrétienne, « source par excellence de la sanctification des hommes dans le Christ et de la glorification de Dieu ».

CARACTÈRE FILIAL : ESPRIT DE PRIÈRE

17) L’oblat désire mettre en pratique :

Autant qu’il lui est possible, le précepte du Seigneur : « Priez sans cesse », cherchant à faire de toute sa vie une prière. Il sait cependant que pour tendre à la prière continuelle, il est indispensable de consacrer des instants privilégiés à la prière : prière personnelle et silencieuse, qui trouve dans la prière liturgique célébrée en union avec son monastère et avec toute l’Église, à la fois l’expression la plus parfaite, le stimulant et l’aliment le plus substantiel.


18) La mesure et la forme :

De cette participation à l’office divin ne sauraient être codifiées uniformément pour tous. Suivant ses conditions de vie et son attrait personnel, chacun pourra choisir avec le conseil de son père spirituel :
- une partie de l’Office, tel qu’il est célébré au monastère,
- une partie de l’Office selon une répartition différente et
- un Office abrégé.
- le psautier utilisé plus librement.
L’oblat sait que sa participation à la liturgie a toujours pour but de promouvoir, d’entretenir et d’approfondir sa prière continuelle.

19) Cette vie de prière :

Requiert l’écoute assidue de la Parole de Dieu.
Aussi l’oblat s’applique-t-il à la « Lectio divina »
dont l’importance est soulignée par toute la tradition monastique.
Cette lecture porte sur la Sainte Écriture, inséparable de l’interprétation qu’en a donnée la Tradition : les Pères, les documents pontificaux et conciliaires et les meilleurs auteurs spirituels, anciens et modernes. La Règle de saint Benoît et ses commentaires ont une place privilégiée parmi les lectures de l’oblat.

20) Cette vie de prière :

Est favorisée par un indispensable climat de silence, qui est à la fois communication avec Dieu et avec le prochain et dépend moins des conditions extérieures que d’une aptitude à écouter Dieu.

VIE PASCALE - JOYEUSE PÉNITENCE

21) Toute vie chrétienne est une vie pascale :

Le baptême nous ensevelit dans la mort du Christ pour ressusciter avec Lui et vivre à Dieu (Romains 6,1-11).
C’est en étant par la foi étroitement associé au Christ dans son Mystère pascal, que l’oblat réalise la conversion de son coeur.

22) Cette vie pascale est décrite par la règle :

Comme « une ascèse spirituelle ». Dans la réalisation quotidienne, elle apparaît à l’oblat comme un combat contre les forces du mal agissantes en lui-même et dans le monde. Elle se manifeste dans la recherche constante de la volonté de Dieu en esprit d’obéissance ; elle engendre un véritable esprit de pauvreté qui n’est pas mépris mais liberté spirituelle à l’égard des biens extérieurs et intérieurs.

23) Pour l’oblat :

cette ascèse s’identifie avec l’esprit de pénitence pour la réparation de ses péchés et de ceux du monde entier.
Cette pénitence, dont il ne néglige pas les actes extérieurs, prend toute sa valeur personnelle et ecclésiale dans la participation au sacrement de Pénitence.

24) L’ascèse bénédictine :

se caractérise aussi par la « discrétion » (c’est-à-dire le discernement). Inspirée par l’amour, elle ne vise qu’à l’accroissement de l’amour. Elle s’exerce toujours dans un climat de joie et de paix, « le coeur dilaté » et ne pèse jamais sur l’entourage de l’oblat.

25) Cette ascèse :

Telle que saint Benoît la propose à ses fils, se trouve parfaitement résumée dans les douze degrés d’humilité. Enracinée dans la foi en la transcendance de Dieu Amour, elle entretient le souvenir de sa présence, entraîne une attitude d’obéissance aimante à sa volonté, de patience et de magnanimité dans l’adversité, engendre l’esprit de pauvreté et s’épanouit dans la « charité parfaite ». Par surcroît elle procure l’épanouissement de cette sagesse que saint Benoît associe volontiers à l’humilité. »

PRÉSENCE DU ROYAUME DÈS ICI-BAS

26) C’est dans le monde :

Et par toute activité humaine que l’oblat poursuit sa recherche de Dieu et peut être à la fois signe du Royaume et ferment de vie divine.
À la lumière de l’Évangile et de la Règle, le fils de saint Benoît allie une profonde estime de toutes les valeurs d’ici-bas et le discernement qui lui permet d’ordonner leur usage à l’avènement du Royaume.

27) Si l’oblat :

Se trouve appelé à renoncer à certains biens positifs, à certaines valeurs réelles, en aucun cas il ne saurait y avoir mépris du monde ou attitude purement négative, mais dépassement en vue du Royaume.

28) Selon son état, l’oblat :

considère l’esprit de pauvreté et de charité comme des signes et une anticipation de la vie future.

29) Cette recherche de Dieu :

Dans toute vie se traduit positivement par une vie fraternelle, aux actes et aux attitudes bien définis par la Règle : le respect, l’obéissance mutuelle et surtout le service ; le tout étant soumis à un ordre générateur d’harmonie et de paix. Réaliste, elle s’ouvre à tous les hommes et les porte dans sa prière. Elle est miséricorde pour les faiblesses et soutien dans les difficultés. Conformément à la tradition monastique, l’oblat pratique l’accueil, surtout envers les déshérités, les étrangers, luttant contre tous les préjugés et cloisonnements de race, de classe et d’éducation.

30) « Nous espérons n’avoir rien établi de pénible ni d’accablant :

Mais si quelque chose te paraît un peu sévère, garde-toi bien de fuir. Dans la mesure où l’on progresse dans la vertu et dans la foi, le coeur se dilate et, avec une inexprimable douceur d’amour, on se met à courir dans la voie des volontés divines...Ainsi participant à la Croix du Christ, on a part à la gloire de son Royaume ». (Prologue de la Règle)

Fort de cette confiance en la grâce du Christ Ressuscité, l’oblat prolonge dans le monde la vie de son monastère, glorifie Dieu avec toute l’Église. Il devient pour son prochain, par son optimisme fort, porteur de la joie et de la paix du Christ.

31) Avec son charisme particulier :

L’oblature se propose de rendre ses membres « parfaits dans le Christ » (Colossiens 1,28).
Elle se situe au coeur même de la vie de l’Église et participe à sa contemplation et à sa mission. Elle rappelle la primauté des valeurs chrétiennes dont les monastères portent le témoignage spécial dans l’Église.


Chaque oblat est particulièrement réceptif aux appels de l’Esprit, aux orientaions et consignes données par la hiérarchie, et, disponible pour toutes les tâches qui s’offrent au chrétien « à la mesure du don du Christ » (Ephésiens 4,7) dans le monde d’aujourd’hui.

Même dans la vie la plus silencieuse et la plus obscure, comme celle de sa famille monastique, il peut coopérer pleinement à la mission salutaire de l’Église comme témoin et instrument vivant.

[Haut]

Rituel de l'oblation
Le verset 116 du psaume 118 est utilisé pour s'offrir au Seigneur

Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai.

Que je ne sois pas confondu dans mon attente.

Reçois-moi, Seigneur, tel que je suis,

Tel que tu m'as voulu dans tes desseins éternels, avant que je sois formé dans le sein de ma mère. Si tu ne me reçois pas comme je suis, impossible pour moi d'aller jusqu'à toi. Tu parais loin, Seigneur. Me recevoir veut dire "Viens à moi, car je ne puis aller à toi de mes propres forces". Oui, montre-toi de plus en plus proche. Reçois-moi parce que je frappe à la porte. Entends ma voix. Ouvre-moi ta porte pour que j'entre chez toi. Prends ton repas avec moi et moi avec toi.

Reçois-moi avec mes faiblesses, mon passé.

Reçois-moi aujourd'hui avec le don que je fais de moi-même. Reçois-moi demain et après demain; reçois-moi quand je t'oublierai, car toi tu ne m'oublies pas. Reçois-moi au moment de quitter ce monde; reçois-moi aux noces de l'Agneau avec Abraham et tous les saints pour partager la coupe du vin nouveau.

Reçois-moi selon ta parole.

Tu me reçois parce que tu t'es lié à moi, selon ta Parole, ton Verbe qui a pris une nature humaine semblable à la mienne. Tu me reçois pour me conformer à ce Verbe. Plus je dévore ta Parole plus elle fait ma joie et les délices de mon coeur. Parole transformante, exigeante, en laquelle je trouve mon plaisir. N'ôte pas de ma bouche ta parole de vérité. Rappelle-toi ta Parole en me recevant dans tes demeures éternelles où ton Verbe dialogue avec toi dans l'amour de l'Esprit.

Si tu me reçois, je vivrai.

Tu me reçois pour que je vive non pas hors de toi mais de toi et en toi. Car à quoi me servirait d'être reçu pour être déçu? Reçois-moi pour que je vive en ta présence, pour que je m'efface devant tes grandeurs et pour mieux les contempler. tu me reçois dès ici-bas pour que je vive de la table de ta Parole et de ton Corps. Enivre-moi de ton Sang, pour que ton Esprit m'inspire comment mieux vivre.

Ne me confonds pas dans mon tente.

Aurai-je encore des attentes après que tu m'auras reçu? Même si tu me reçois, même si tu me caches dans le creux de ta main, purifie mes attentes. Car je puis me tromper: attendre ce que tu donnes, et non qui tu es. Dans cette attente, que je reste vigilant comme un serviteur qui guette le retour de son maître. Car ils sont aussi tes serviteurs ceux qui restent vigilants pour t'attendre. Si je m'endors, au moment où j'entendrai le cri: "Voici l'époux" que ma lampe reste allumée, car ta Parole est une lampe, sur mes pas. Service attentif, paisible, joyeux, patient. Attente qui attend, mais attente qui enfin reçoit. Je t'attends pour te recevoir; je te reçois pour être capable de continuer à t'attendre.

Reçois-moi dans mon attente.

Attends-moi pour que je ne sois pas confondu.

Amen

[Haut]