LE 1er NOVEMBRE
TOUS LES SAINTS
L’usage de réunir tous les saints dans une commune célébration est attesté dès la fin du IVe siècle, en Orient, le vendredi suivant Pâques. Saint Éphrem et saint Jean Chrysostome évoquent aussi une fête de tous les martyrs, le dimanche après la Pentecôte - date de la Toussaint dans le calendrier grec. Au début du VIIe siècle, l’Église de Rome fit coïncider cette célébration avec la dédicace du Panthéon, édifice païen que le pape Boniface IV dédia, un 13 mai, à la Vierge Marie et aux saints martyrs. Ce temple, dans lequel les Romains avaient convoqué tous leurs dieux, semblait tout désigné pour accueillir le culte des saints. Ce sont les moines anglais qui instituèrent, au siècle suivant, la fête de Tous les Saints du Ier novembre, laquelle passa dans le calendrier romain au IXe siècle. En ce jour, l’Église commémore tous les fidèles qu’une vie parfaitement évangélique a rendus dignes de parvenir à la gloire du ciel, où ils louent le Fils de Dieu en compagnie des anges (introït) et intercèdent pour nous (collecte). La Toussaint lève ainsi le voile qui nous sépare du monde de Dieu; aussi la liturgie déploie-t-elle tout au long de la messe la grande vision des saints qui se réjouissent avec le Christ. Ces derniers, dont l’exemple soutient notre pèlerinage dans la foi (préface), nous invitent à trouver dans les Béatitudes à la fois le portrait du Christ, Saint de Dieu, et la voie royale pour l’imiter. Soutenus par leur intercession, nous demandons au Seigneur de cheminer, à leur suite, « vers la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des myriades d’anges en h et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les en fête et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux » (He 12, 22-23).
LAUDATE
LE 2 NOVEMBRE
COMMEMORATION DE TOUS LES FIDÈLES DÉFUNTS
« En attendant que le Seigneur soit venu dans sa majesté accompagné de tous les anges et que, la mort détruite, tout lui soit soumis, les uns parmi ses disciples continuent sur terre leur pèlerinage ; d’autres, ayant achevé leur vie, se purifient encore ; d’autres enfin sont dans la gloire, contemplant dans la pleine lumière, tel qu’il est, le Dieu un en trois Personnes» (Catéchisme de l’Église catholique, n° 954). Au lendemain de la célébration commune de tous les saints du ciel, l’Église en pèlerinage sur la terre commémore tous ses enfants défunts et intercède pour eux. « En effet, affirme le concile Vatican II, tous ceux qui sont du Christ et possèdent son Esprit, constituer une seule Église et se tiennent mutuellement comme un tout dans le Christ. » C’est en 998 que saint Odilon, abbé de Cluny, instaura la Commémoration des fidèles défunts, le 2 novembre, dans tous les monastères dépendant de son ordre. Celle-ci s’étendit, à partir du XIe siècle, dans le reste de l’Église et s’établit dans la liturgie de Rome au XIVe siècle. Littéralement, les « défunts » sont ceux qui ont accompli leur tâche ici-bas (defuncti). Unis, dans le corps mystique du Christ, aux saints du ciel et aux fidèles encore en chemin sur la terre, les défunts forment avec eux l’unique Église du Christ et communient aux mêmes biens spirituels. L’Église garde ainsi leur mémoire avec piété et offre pour eux ses suffrages ; car, affirme la Bible, «la pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse » (2 M 12, 45). Suivant un usage ancien, rappelé en 1915 par le pape Benoît XV et confirmé par le Missel romain de 2002, « tous les prêtres sont vivement invités à célébrer trois fois la messe le jour de la Commémoration de tous les fidèles défunts » (décret de la Pénitencerie apostolique du 22 octobre 2020).
LAUDATE
Les « miracles eucharistiques » : lÉgendes pieuses ou rÉalitÉ ?
Image : hostie, Lanciano, Italie. Crédit photo : AFC photo / Wikimedia Commons
Périodiquement, la relation entre science et religion devient un sujet de débat public, comme l'ont montré les diverses réactions au livre à succès récent Dieu, la science, les preuves. Pour certains, croyants ou non, juxtaposer les mots « preuve » et « Dieu » est une contradiction logique. Pour un athée convaincu, l'idée d'une preuve d'un être inexistant serait risible, tandis que certains croyants affirment que la foi et les « preuves de l'existence de Dieu » sont des concepts irréconciliables, dans le sens où le second écraserait le premier. Selon cet argument, un Créateur qui obligerait les gens à croire par des preuves irréfutables de son existence ôterait toute liberté religieuse à ses créatures. Pour d'autres, cependant, une religion qui ne s'appuie sur aucune preuve vérifiable appartient aux « croyances » (comme l'affirmation de l'existence des fées) et bascule dans l'irrationnel pur. Dans ce contexte, la question des « miracles » comme signes de l'action divine est particulièrement épineuse, surtout lorsque la science est appelée à se prononcer sur les faits. C'est précisément ce qui s'est passé récemment au Honduras, où l'Église a demandé à deux laboratoires de tester un « miracle eucharistique » survenu en 2022 dans le petit village d'El Espinal.
Pour l'Église catholique, ces « miracles » (dont plus de 130 ont été officiellement approuvés) confirment que le pain (l'hostie) et le vin consacrés au cours de la messe deviennent réellement le corps et le sang du Christ. Dans certains cas, il s'agit d'hosties consacrées laissées mystérieusement intactes par le feu (comme à Faverney en 1608) ou échappant au processus normal de décomposition (Sienne, 1730). Dans d'autres cas, on découvre du sang humain sur une hostie ou sur du matériel en contact avec elle. Un des plus célèbres événements de ce type a eu lieu à Lanciano, en Italie, au 8e siècle, où un moine sceptique aurait vu le pain et le vin changés en chair et en sang. Ce n'est toutefois qu'à notre époque, grâce aux avancées de la recherche médico-légale, que la science a pu tester la tradition religieuse. À Lanciano, le professeur Linoli d'Arezzo a examiné en 1970-71 un échantillon vénéré comme miraculeux par les franciscains locaux. Au départ, ces derniers craignaient qu'un tel test rigoureux ne déconstruise leur tradition ancestrale, mais l'étude de Linoli confirma que ce qu'on présentait comme la chair du Christ était effectivement du tissu musculaire cardiaque d'un être humain du groupe sanguin AB (un groupe parmi les plus rares). Une conclusion étonnante qui s'est reproduite dans d'autres cas décrits dans un livre récent du cardiologue Francesco Serafini, dont celui de Buenos Aires (1992-1996), testé par le Dr Frederick Zugibe (Columbia University) sans savoir la provenance de l'échantillon concerné.
En juillet 2023, plus de 1200 ans après l'événement à Lanciano, l'évêque hondurien Mgr Walter Guillén Soto a ratifié des faits analogues à El Espinal. Le 9 juillet 2022, José Elmer Benitez, un laïc catholique chargé de distribuer des hosties déjà consacrées pour une communauté sans prêtre, a découvert un linge d'autel taché d'un liquide rouge dans le tabernacle où les hosties étaient conservées. Le linge a été envoyé à l'évêque Soto, qui l'a transféré au centre médical de Santa Rosa de Copan pour évaluer les niveaux d'oxydation et de dilution du « sang ». D'autres tests plus approfondis ont ensuite été effectués au centre de toxicologie de Tegucigalpa. La conclusion a été que les taches étaient bien du sang humain, type AB - le groupe sanguin trouvé non seulement à Lanciano, mais aussi dans tous les cas de miracles eucharistiques approuvés, ainsi que sur le suaire de Turin. L'évêque a déclaré qu'il ne doutait pas de la crédibilité des tests ni des rapports des témoins oculaires, parlant du « signe extraordinaire, tangible, sensible, vérifiable de cette manifestation du sang du Seigneur ».
Les « miracles eucharistiques » devraient-ils être considérés comme des « preuves » de la vérité de la foi chrétienne, et plus spécifiquement de la doctrine catholique concernant l'Eucharistie ? Tout dépend de la définition du mot « preuve ». Si on se limite aux démonstrations mathématiques, aux déductions logiques imparables ou aux phénomènes reproductibles en laboratoire, alors non. En revanche, si par « preuve » on veut dire « indices suffisants pour arriver à des conclusions raisonnables », le mot paraît plus utilisable. Dans des cas comme Lanciano et El Espinal, la science se heurte à ses propres limites face à des questions auxquelles la recherche empirique seule ne saurait répondre. Pourquoi ces phénomènes mystérieux sont-ils presque identiques à travers le temps et l'espace , jusque dans les moindres détails, révélés par la science moderne, dont ceux qui y ont cru dans le passé (dans le cas de Lanciano) ne soupçonnaient même pas l'existence ? Et quand assisterons-nous à un vrai débat ouvert et sans a priori entre croyants et sceptiques à ce sujet ?
Peter Bannister – La Sélection du jour
L’interprÉtation de ce psaume va vous donner des frissons
Le groupe musical géorgien Trio Mandili a publié début novembre une bouleversante vidéo. On y voit trois chanteuses interpréter le psaume 50 avec une étonnante profondeur.
Des voix graves et un recueillement à donner des frissons. Le groupe Trio Mandili a publié début novembre sur Youtube une nouvelle vidéo dans laquelle un trio de chanteuses interprète remarquablement le psaume 50. Né en 2014, le groupe géorgien interprète des chants polyphoniques traditionnels géorgiens. Le nom du groupe, Mandili, est le mot employé pour désigner le foulard que les femmes géorgiennes (et le trio) portent sur la tête.
Les voix des chanteuses, accompagnées par celles d’un chœur masculin en fond, semblent partir des profondeurs de l’âme pour s’élever tout droit vers le ciel. Un timbre de voix qui s’accorde parfaitement avec les paroles du psaume qui implorent la miséricorde du Seigneur.
Publiée début novembre, la vidéo a déjà été visionnée 238.000 fois. Véritables trésors de prières, les psaumes sont au nombre de 150, répartis en cinq livres. Prières de David, mais aussi de Jésus, de Marie, des apôtres et des premiers chrétiens depuis des millénaires, ils sont une source inépuisable de réconfort. Une source à lire et à écouter sans modération pour en savourer toutes les nuances.
Psaume 50
Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.
Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.
Ainsi, tu peux parler et montrer ta justice,
être juge et montrer ta victoire.
Moi, je suis né dans la faute,
j’étais pécheur dès le sein de ma mère.
Mais tu veux au fond de moi la vérité ;
dans le secret, tu m’apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ;
lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.
Fais que j’entende les chants et la fête :
ils danseront, les os que tu broyais.
Détourne ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés.
Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.
Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ;
vers toi, reviendront les égarés.
Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur,
et ma langue acclamera ta justice.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.
Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas,
tu n’acceptes pas d’holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ;
tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé.
Accorde à Sion le bonheur,
relève les murs de Jérusalem.
Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ;
alors on offrira des taureaux sur ton autel.
Aleteia
Le mois des âmes du Purgatoire - Inauguré par la Toussaint, le mois de novembre est placé sous le signe de la communion des saints. « Reconnaissant cette communion qui existe à l’intérieur de tout le corps mystique de Jésus-Christ, l’Église, en ses membres qui cheminent sur terre, a entouré de beaucoup de piété la mémoire des défunts, dès les premiers temps du christianisme, en offrant aussi pour eux ses suffrages; car “ la pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse” (2 M 12, 45). Notre prière pour eux peut non seulement les aider mais aussi rendre efficace leur intercession en notre faveur » (Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 958).
Durant le mois de novembre, l’Église invite ainsi les fidèles à offrir des suffrages, ou intercessions, en faveur des âmes des défunts qui se sont endormis dans le Christ, sans toutefois le posséder encore, afin que Dieu les délivre de l’état de purification où elles se trouvent, ou Purgatoire. Le Catéchisme suggère même que les âmes du Purgatoire intercèdent en faveur de ceux qui les secourent par la prière, leur renvoyant en quelque sorte le bienfait de leur charité. Parvenues à la gloire du ciel, elles les assurent en tout cas d’une intercession reconnaissante.
La célébration de la messe des défunts, en particulier le 2 novembre, est la manière liturgique d’accomplir la septième des « œuvres de miséricorde spirituelle », qui consiste à prier pour les vivants et pour les morts afin que leur âme « acquière la dimension du ciel » (saint Bernard). L’Église accorde aussi l’indulgence plénière, applicable aux âmes du Purgatoire, aux fidèles qui, le 2 novembre, visitent une église et y récitent le Notre Père et le Credo, ainsi qu’à ceux qui, entre le 1er et le 8 novembre, visitent un cimetière et y prient pour les défunts (Manuel des Indulgences, n° 29).
Seigneur, Père saint, Dieu éternel et tout-puissant,
nous te supplions en faveur de l’âme de tes enfants
à qui tu as ordonné de quitter ce monde pour venir à toi :
daigne leur accorder le lieu de repos, de lumière et de paix.
Qu’il leur soit permis de franchir sans entraves les portes de la mort,
de se tenir dans la demeure des saints et dans la sainte lumière
que tu as promise autrefois à Abraham et à sa descendance.
Que leur âme n’endure aucun tourment mais,
lorsque sera venu le grand jour de la résurrection et de la récompense,
daigne, Seigneur, les ressusciter en compagnie des saints et des élus;
remets-leur toutes leurs fautes et leurs péchés
afin qu’ils obtiennent avec toi la vie immortelle et le Royaume éternel.
D’après saint Césaire d’Arles (VIe s.)
LAUDATE
À méditer ...
Comment attirer la miséricorde de Dieu ?
Dieu voyant l’homme déchu, entouré de faiblesses, sujet à la tentation, à la merci de ses inclinations qui changent avec le temps, les saisons, la santé, l’entourage, l’éducation, est touché de cette misère, comme si c’était la sienne propre ; ce mouvement divin qui incline le Seigneur vers notre misère pour la soulager, c’est la miséricorde.
Si profonde est notre misère qu’elle peut être comparée à un abîme, qui appelle l’abîme de la miséricorde divine (cf. Ps 41,8) ; mais elle ne l’appelle qu’autant que cette misère est reconnue, avouée ; et ce cri, c’est l’humilité qui le fait pousser. L’humilité est l’aveu pratique et continuel de notre misère, et cet aveu attire les regards de Dieu. Les haillons et les plaies des pauvres sont leur plaidoyer ; cherchent-ils, en effet, à les cacher ? Bien au contraire ; ils les étalent, afin de toucher les cœurs. De même, nous ne devons pas chercher à éblouir Dieu par notre perfection, mais plutôt à attirer sa miséricorde par l’aveu de notre faiblesse. Chacun de nous a une somme de misères suffisante pour attirer les regards miséricordieux de notre Dieu. Ne sommes-nous pas tous comme ce pauvre voyageur gisant sur la route de Jéricho, dépouillé de ses vêtements, couvert de plaies ? (…)
C’est une excellente prière que de montrer à Notre-Seigneur toutes nos misères, toutes les laideurs qui défigurent encore notre âme. « Oh ! mon Dieu, voilà cette âme que vous avez créée, rachetée ; voyez combien elle a été déformée, combien elle est remplie d’inclinations qui déplaisent à vos regards ; ayez pitié ! » Cette prière-là va droit au cœur du Christ.
Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)
abbé
L’humilité (Le Christ Idéal du Moine, éd. DDB, 1936; p. 286-287)
Je suis pauvre, mendiant, mais Dieu est mon soutien !
« Le pauvre et l’indigent loueront le nom du Seigneur. » (Ps 73,21) De fait, quelle pauvreté ou plus grande ou plus sainte, que celle d’un homme qui se sait dépourvu de tout moyen et sans force aucune, et sollicite de la largesse d’autrui le secours dont il a besoin chaque jour ; qui voit que sa vie et son être ne se soutiennent à tout instant qui passe que par la divine assistance, et se proclame à juste titre le vrai mendiant du Seigneur, en criant vers lui tous les jours d’une voix suppliante : « Pour moi, je suis un pauvre, un mendiant ; mais Dieu est mon soutien » ? Aussi Dieu lui-même l’éclairera-t-il de sa lumière, pour le faire monter à la science multiforme de son Être ; et il se rassasiera de la vue des mystères les plus sublimes et les plus cachés, selon ce que dit le prophète : « Les hérissons trouvent un refuge au creux des rochers. » (Ps 103,18 Vg)
Ce texte convient bien à l’idée que nous exprimons. Quiconque persévère dans l’innocence et la simplicité, ne nuit et n’est à charge à personne. Content de sa simplicité et d’elle seule, il ne désire rien de plus qu’un abri qui le préserve de devenir la proie de ses ennemis. Il est devenu comme un hérisson spirituel, qui trouve asile et protection sous la pierre dont parle l’Évangile ; c’est-à dire que, protégé par le souvenir de la passion du Seigneur et la méditation incessante (…), il échappe à toutes les embûches et à toutes les attaques de l’ennemi. Ce sont ces hérissons spirituels dont il est dit au livre des Proverbes : « Les hérissons espèces faibles, font leur nids dans les rochers. » (Pr 30,26 LXX) Qu’y a-t-il, en effet, de moins fort qu’un chrétien, quoi de plus infirme qu’un moine ?
Saint Jean Cassien (v. 360-435)
fondateur de monastère à Marseille
De la prière, chap. X ; SC 54 (Conférences VIII-XVII; trad. E. Pichery, éd. du Cerf, 1958 ; p. 91 ; rev.)
Prier sans se décourager
Celui qui dit : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas » (Mt 6, 7) dit ailleurs : « Demandez, on vous donnera » (Mt 7, 7). Il a voulu que pour recevoir tu demandes, que pour trouver tu cherches, que pour entrer tu frappes. Mais si notre Père sait ce qu'il nous faut, pourquoi donc demander ? Pourquoi chercher ? Pourquoi frapper ? Pourquoi nous fatiguer à demander, à chercher, à frapper pour instruire celui qui sait ? En un autre passage le Seigneur dit : « Il faut toujours prier sans se décourager. » S'il faut prier toujours, pourquoi dit-il : « Ne rabâchez pas ? » Comment prier sans cesse et finir ma prière promptement ? D'un côté tu m'ordonnes de finir vite, de l'autre, de prier toujours sans jamais me décourager. Que signifie ce mystère ? Pour le comprendre, demande, cherche, frappe. Car s'il est caché, ce n'est point pour te narguer, mais pour te stimuler.
Nous devons donc, frères, nous encourager à la prière, nous comme vous. Car nous n'avons pas d'autre espérance, dans les maux innombrables du temps présent, que de frapper par la prière, de croire et de graver dans nos cœurs la conviction que notre Père ne nous donne pas ce qu'il sait ne pas nous convenir. Ce que tu désires, tu le sais ; mais ce qui t'est profitable, lui le sait.
St Augustin d'Hippone
Saint Augustin († 430) était évêque d'Hippone, en Afrique du Nord. / Sermon 80, 2, trad. M. Steffann, Prier en Afrique chrétienne, Paris, Migne/Cerf, 2016, Les Pères dans la foi 104, p. 101-102.
LA RÈGLE DE SAINT-BENOÎT